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Emplois verts - Valérie Létard : "600.000 emplois sont en jeu d'ici à 2020"

Le plan de mobilisation pour les métiers de la croissance verte actuellement préparé par la secrétaire d'Etat aux Technologies vertes va nécessiter un changement de braquet en termes de formation. Le contenu du plan sera dévoilé fin janvier mais une chose est sûre : maisons de l'emploi et régions seront en première ligne pour déterminer les besoins dans toutes les filières.

Localtis : Pourquoi avoir lancé un plan de mobilisation en faveur des métiers de la croissance verte ?

Valérie Létard : Nous sommes face à trois défis immenses : respecter les engagements internationaux de la France sur l'environnement, être au rendez-vous de la croissance verte, améliorer la situation de l'emploi dans notre pays.
Le Grenelle de l'environnement, en générant 450 milliards d'euros d'investissements, offre un cadre de réponse à ces trois défis, à condition d'en saisir les opportunités et d'être au rendez-vous du développement durable dans les secteurs concernés comme l'efficacité énergétique, les énergies renouvelables… Pour cela, les entreprises doivent posséder les ressources techniques et humaines adaptées aux marchés. En quelques mois, il faut faire évoluer des formations initiales, organiser des transitions professionnelles, faire émerger des activités nouvelles, etc. 600.000 emplois sont en jeu d'ici à 2020. Chacun possède une pièce du puzzle : les régions sont pilotes pour la formation professionnelle, l'Etat pour la formation initiale, les partenaires sociaux sont aussi partie prenantes, les entreprises connaissent les marchés. Ensemble, nous pouvons contribuer à une sortie de crise par un modèle de croissance valorisant davantage les richesses du capital humain et des territoires. 
Pour réussir, il faut rassembler les énergies, identifier les points de passages obligés, comme la création de parcours de formations dans certaines spécialités. Jean-Louis Borloo et le président de la République m'ont demandé d'organiser cette mobilisation.
 

Quelle méthode et quel calendrier avez-vous retenus pour ce plan de mobilisation ? Quels résultats concrets la France s'est-elle fixée ?

La méthode, c'est celle du Grenelle de l'environnement : mettre autour de la table tous les acteurs qui peuvent agir en s'appuyant sur des experts reconnus et aborder tous les aspects du sujet sans tabou. J'ai installé le 13 octobre un comité de pilotage national qui doit faire des propositions d'actions pour le 12 janvier, sur la base des travaux de dix comités de filières, présidés par des personnalités éminentes de chaque secteur (automobile, transports, agriculture, tourisme, métiers de la mer, énergies renouvelables, réseaux électriques, carburants et chimie verte, bâtiment, eau assainissement et déchets). Le plan de mobilisation sera détaillé lors de la conférence nationale des métiers verts du 28 janvier, au Cnit. 


Pour définir les besoins des métiers verts du futur, le gouvernement compte s'appuyer sur les régions. Concrètement, comment les collectivités locales peuvent-elles s'impliquer dans cette mobilisation ? Quelles sont les expérimentations en cours ou prévues ?

Des expérimentations territoriales sont déjà en cours : sur 23 bassins d'emplois, les maisons de l'emploi ont identifié des secteurs d'activités qui seront des gisements d'emplois et vont organiser les parcours de formation nécessaires ou contribuer au développement de l'activité. Un premier test de cette méthode sur trois maisons de l'emploi en 2008 et 2009 a conclu à un potentiel d'augmentation de 50% des emplois d'ici à 2012. 
Tous les acteurs locaux, et particulièrement les régions compte tenu de leur rôle central dans les dispositifs de formations peuvent s'engager dans des expérimentations sur une ou plusieurs des filières identifiées dans le plan de mobilisation. Ainsi, je signerai très prochainement un protocole d'accord avec la région Alsace pour des expérimentations, notamment sur la filière du bâtiment.
 

A l'échelon européen, sommes-nous précurseurs ? D'autres pays ont-ils mis en place des initiatives similaires ?

L'originalité de notre démarche est de partir de l'ensemble des filières métiers pour identifier très précisément les besoins en emplois, en formations, et les reconversions qui devront être opérées du fait du développement de la croissance verte.
D'autres initiatives antérieures, comme en Allemagne, ont permis, avec succès de développer des secteurs spécifiques, Ainsi, en Allemagne, les emplois dans le secteur des énergies renouvelables sont passés de 160.500 en 2004 à 249.300 en 2007.
Dans le prolongement du Grenelle de l'environnement, le plan de mobilisation ne vise pas un développement sectoriel, mais traite des effets de la croissance verte sur l'ensemble des filières métiers.
 

Selon vous, le développement des métiers de la croissance verte peut-il devenir une priorité des fonds européens en France ? Pourrait-on envisager un accès prioritaire aux subventions FSE et Feder pour les collectivités qui s'engageront dans cette dynamique ?

Au cours de l'année 2009, des ajustements dans la gestion du FSE et du Feder ont été décidés pour renforcer son efficacité et sa réactivité dans un contexte de crise. Ainsi, les dispositions du Feder ont été modifiées de manière à soutenir l'énergie durable dans le secteur du logement et relancer ainsi l'investissement dans ce secteur, les actions de formations sur les priorités de moyen terme comme les emplois verts ont été développées.
Le développement durable est une des priorités transversales des fonds européens, notamment pour l'axe d'intervention "adapter les travailleurs et les entreprises aux mutations économiques". Le développement durable représente désormais 9% des projets financés par le FSE et le Feder, soit 2.840 projets soutenus pour un montant global de plus d'1,5 milliard d'euros.

 

Propos recueillis par Welcomeurope