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Europe - Union pour la Méditerranée : les collectivités arriveront-elles à se faire entendre ?

Après les entreprises réunies à Marseille début juin lors du congrès annuel de la CGPME, c'est au tour des collectivités d'occuper le terrain sur le projet d'Union pour la Méditerranée (UMP). A quelques semaines de son lancement officiel, les collectivités méditerranéennes et européennes se réunissent les 22 et 23 juin 2008 à Marseille pour le Forum des autorités locales et régionales de la Méditerranée. Cette grande rencontre initiée par la commission Méditerranée de l'organisation mondiale Cités et Gouvernements locaux unis (CGLU), la ville de Marseille et le conseil régional Provence-Alpes-Côtes d'Azur, doit déboucher sur une stratégie commune, comme le prévoit l'Appel de Rome lancé par la France, l'Espagne et l'Italie, en décembre dernier. "Lors de ces deux jours, les élus vont se prononcer sur le rôle qu'ils peuvent tenir dans la gouvernance de l'UPM et sur les contributions que les collectivités peuvent y apporter", explique ainsi Laurence Griette, chargée de mission à la CGLU. Les élus vont notamment se pencher sur le processus de Barcelone instauré en 1995 mais qui n'a su prendre son envol. "S'ils ont un avis partagé, les élus considèrent en majorité que le processus n'a pas atteint ses objectifs, souligne Laurence Griette. Ils attendent beaucoup de ce renouvellement du processus." L'idée du forum est de mettre en avant les besoins des territoires, alors que l'UPM censée donner un second souffle au processus de Barcelone se fonde sur des "projets de territoires" : dépollution de la Méditerranée, autoroutes de la mer, énergie solaire, etc. Pour ce faire, à partir des ateliers organisés le 23 juin, les élus vont élaborer un plan d'actions et une déclaration comportant leurs engagements. Une déclaration finale qu'ils feront parvenir aux chefs d'Etat et de gouvernement en vue du sommet organisé à Paris les 13 et 14 juillet, qui doit officiellement créer l'UPM.

 

Cacophonie

Au menu de ces ateliers : le mode de dialogue qui pourrait être instauré entre les collectivités méditerranéennes et européennes et les instances de l'UPM. "Tout est à inventer dans ce domaine, constate Laurence Griette, mais déjà, c'est une première que les élus des rives sud, nord et est se réunissent, avec des représentants libyens, syriens, ou encore libanais." Il est vrai que le projet d'UPM a du mal à prendre et les discussions, entre Paris et Bruxelles, mais aussi avec les pays arabes vont bon train. Le projet présenté par la Commission européenne le 20 mai n'a plus grand-chose à voir avec les ambitions françaises, puisqu'il intègre finalement l'ensemble des pays européens et ne se limite pas aux pays riverains de la Méditerranée et qu'il est destiné à redynamiser le processus de Barcelone, et non à le revoir en profondeur, comme le souhaitait Paris. A cela viennent se greffer des désaccords géopolitiques profonds : la Syrie refuse qu'Israël puisse prétendre un jour à la coprésidence et envisage de ne pas participer au sommet de juillet si Israël est présente. L'élargissement de l'UPM aux autres pays européens a ouvert la boîte de Pandore. Les Britanniques restent difficiles à convaincre et redoutent de devoir financer excessivement ce processus de Barcelone revisité. Certains pays de l'Est, la Pologne notamment, s'inquiètent de voir l'Union européenne délaisser sa politique de voisinage pour se concentrer sur la Méditerranée. Reste enfin la question du siège de cette UPM. Marseille, qui héberge le forum des collectivités, est officieusement candidate, tout comme Nice et Tunis. Mais la Commission européenne plaide quant à elle pour Bruxelles. Les points de désaccord sont donc encore nombreux. Reste à savoir si dans cette cacophonie, les collectivités sauront montrer l'exemple.

 

Emilie Zapalski