Coopération - L'Union pour la Méditerranée, une "union de projets régionaux"
"Union pour la Méditerranée" (UPM). Le projet cher à Nicolas Sarkozy, lancé au soir de son élection, a désormais un nom officiel. A la veille du conseil européen qui doit se tenir à Bruxelles les 13 et 14 mars, l'Elysée a transmis aux Vingt-sept une copie du compromis trouvé entre Berlin et Paris à Hanovre, le 3 mars dernier. Exit donc le projet d'"Union méditerranéenne" qui aurait eu le tort de diviser l'Europe. Interpellé par Francis Saint-Léger, député de la Lozère, sur les priorités que la France souhaite donner à sa présidence de l'UE, à compter du 1er juillet, le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, a d'ailleurs confirmé, le 11 mars, qu'"un dialogue spécifique sera noué avec nos partenaires, avec les pays méditerranéens, autour du projet d'une union pour la Méditerranée". Ce sera le premier grand rendez-vous de la présidence française, le 13 juillet à Paris.
Le changement de vocable n'est pas anodin. Si tous les pays de l'UE peuvent désormais y participer, on est assez loin des ambitions initiales qui étaient d'unir l'Europe et l'Afrique et, surtout, de réduire les écarts de développement entre les deux rives de la Méditerranée. L'objectif de départ était de trouver une porte de sortie au partenariat euroméditerranéen entamé à Barcelone en 1995. Car malgré une tentative de relance en 2005, celui-ci piétine après avoir pâti de l'élargissement à l'Est. Retour donc au Processus de Barcelone, à une "union de projets". Dans leur texte transmis aux Vingt-sept, Paris et Berlin assurent en effet que "l'UPM a pour vocation de promouvoir la coopération de dimension régionale" et de "donner un nouvel élan" au Processus de Barcelone. Si le document n'entre pas dans les détails, la dépollution de la Méditerranée à horizon 2020 ou des projets liés à l'eau (nappes phréatiques, systèmes d'irrigation) ont d'ores et déjà été évoqués. Il serait également question de pôles d'excellence agricoles.
Une plateforme des collectivités euroméditerranéennes
Malgré le compromis de Hanovre, le projet suscite encore de nombreuses réticences en Europe. Le secrétaire d'Etat slovène aux Affaires étrangères, Janez Lenarcic, dont le pays préside l'UE jusqu'au 1er juillet, ne cache pas son scepticisme : "Nous n'avons pas besoin de faire double emploi, ou d'institutions qui fassent concurrence à celles de l'Union européenne", a-t-il récemment déclaré. Mais la France devrait recevoir le soutien de l'Espagne et de l'Italie, cosignataires avec elle de l'Appel de Rome de décembre 2007. Un texte qui souhaite donner une place centrale aux collectivités dans la réalisation de ces projets.
Paris devrait aussi recevoir l'aval des instances de Bruxelles. Lors de ses voeux à la presse en février dernier, le commissaire chargé des Transports, Jacques Barrot, avait manifesté son intérêt pour "une politique de voisinage ambitieuse et généreuse".
Plus récemment, c'est le Comité des régions qui s'en est félicité. L'institution a d'ailleurs proposé de créer "une plateforme euroméditerranéenne". Il s'agirait d'un "nouvel instrument susceptible de donner aux autorités locales et régionales plus de poids dans le partenariat euroméditerranéen". Son nouveau président, le Belge Luc Van de Brande, devrait en faire la demande officielle aux dirigeants européens lors du forum sur les autorités locales et régionales, les 22 et 23 juin prochains, à Marseille. Reste maintenant à trouver les moyens de faire fonctionner cette union à trente-neuf.
Michel Tendil