Comité interministériel du tourisme - Une structure de coordination "sécurité tourisme" créée dans chaque département
Le comité interministériel du Tourisme, réuni lundi 7 novembre, a pris de nouveaux engagements, en faveur de ce secteur d'activité fragilisé depuis les attentats de janvier 2015.
Afin de "garantir la sécurité des touristes sur tout le territoire français", le gouvernement a notamment décidé de créer une "structure de coordination sécurité tourisme" dans chaque département. Sous l'autorité des préfets de département, cette structure associera le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) et le commandant de groupement de gendarmerie départementale et déterminera, avec les organisations professionnelles du tourisme, les exploitants publics et privés de sites touristiques et les transporteurs, les mesures de sécurisation à mettre en œuvre.
2.000 patrouilles mixtes en Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Paca
Un "préfet coordonnateur", nommé par le ministre de l'Intérieur, aura la mission de décliner les axes d'action du volet sécurité décidés par le CIT.
Le premier axe porte sur le renforcement de l'offre de sécurisation dans les zones touristiques. Il s'agit d'une part de renforcer les patrouilles embarquées dans les trains transfrontaliers et de déployer des patrouilles mixtes garde nationale/opérateurs dans les gares et lignes portant des flux touristiques majeurs. Il est ainsi prévu la présence de près de 2.000 patrouilles mixtes annuelles dans les régions Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur. Il est d'autre part prévu de renforcer les brigades européennes et des commissariats européens : 32 sites ont été identifiés comme "nécessitant le détachement de policiers étrangers en période de pic de fréquentation touristique".
Le second axe est celui qui mobilisera le plus d'investissements. Le gouvernement a décidé d'abonder le Fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) à hauteur de 10 millions d'euros dont la moitié pour le déploiement de caméras "de dernière technologie" dans les principaux sites et aires touristiques non équipés à Paris et en Ile-de-France (*) et l'autre moitié pour la sécurisation des établissements publics du ministère de la Culture les plus fréquentés par les touristes.
4 millions de plus pour le fonds d'urgence pour le spectacle vivant
Le troisième axe prévoit l'abondement du fonds d'urgence pour le spectacle vivant à hauteur de 4 millions d'euros, mais attention : "sous réserve d'une contribution des partenaires historiques du fonds" (voir notre article du 20 juin 2016).
Le volet sécurité prévoit également un axe visant l'amélioration de la prise en charge. Pour faciliter la prise de plainte par des commissariats et brigades mobiles, trente fourgons-postes mobiles seront acquis (le montant n'est pas mentionné). Leur mission sera d'aller au-devant des touristes dans les sites "particulièrement fréquentés et où des actes de délinquance à leur encontre sont recensés". "Cette mesure répond aux besoins des touristes en circuit organisé qui ne peuvent pas passer plusieurs heures dans un commissariat et qui ont cependant besoin d'obtenir un certificat pour se faire indemniser par leur compagnie d'assurance". Par ailleurs, il est prévu de généraliser et d'uniformiser l'application d'aide à la prise de plaintes, qui est développée en 30 langues, à toutes les forces de sécurité intérieure et de l'intégrer aux tablettes de la police et gendarmerie nationales.
Création du label "sécurité site touristique"
Le préfet coordonnateur sera également chargé d'arrêter la doctrine d'un nouveau label : le label "sécurité site touristique" qui sera attribué par les préfets de département en début d'année civile. "Ce label entérinera le travail commun entre l'opérateur et les forces de sécurité intérieure et constituera un vecteur visible et exportable de l'action volontariste d'œuvre pour la sécurisation des sites touristiques", explique le gouvernement.
Le préfet coordinateur devra également réaliser "des brochures prodiguant conseils et bonnes pratiques aux touristes en plusieurs langues" et apporter le concours des différents services du ministère de l'Intérieur à la réalisation d'un film destiné aux professionnels du tourisme, attirant leur attention sur leur rôle d' "acteurs de la prévention des agressions et vols" envers les touristes.
10 millions d'euros pour la promotion internationale
Le second volet du CIT entend "renforcer l'image de la France auprès des touristes français et des clientèles internationales". 10 millions d'euros seront à ce titre dédiés à la promotion internationale menée par Atout France (qui vient s'ajouter aux 1,5 million d'euros déjà mobilisés). Le montant dégagé au dispositif de communication à destination des Français n'est pas indiqué. On sait en revanche qu'il est financé par le Service d'information du gouvernement (SIG) et qu'il vise à "donner envie aux Français de voyager en France et d'en faire une destination privilégiée plutôt que l'étranger". "Il conviendra donc de renouveler les raisons de croire dans les avantages de passer des vacances en France", souligne le CIT. Le dispositif de communication sera "digital", reposera sur les réseaux sociaux, et "sera complémentaire des actions de communication réalisées par les régions".
11 millions d'euros de soutien à la filière
Le troisième volet vise à "soutenir les professionnels et les salariés du secteur". Le premier axe concerne le Fonds de modernisation de la restauration (FMR) et le Prêt rénovation hôtelière (PPRH) distribué par BPI France. Une bonification de ces prêts sera accordée aux acteurs des filières hôtellerie café restaurant pour financer l'accès gratuit à internet des clients dans les restaurants (bonification de 500 euros par établissement) et la mise en place d'un système d'information, de réservation en ligne et de service de conciergerie dans les hôtels (bonification de 2.000 euros par établissement). Pour cela, le CIT a décidé d'apporter un complément de financement de 1,75 million d'euros.
Il est également prévu de "permettre l'accès à l'activité partielle chaque fois que de besoin", les demandes de recours à l'activité partielle ayant "fortement augmenté dans la filière depuis le début de l'année (18,5 millions autorisés contre 12 millions d'euros en 2015)", indique le gouvernement. Il a été décidé que les services déconcentrés de l'Etat renforceront encore la promotion de ce dispositif notamment à l'attention des plus petites entreprises. Et "une attention forte sera portée sur la formation des salariés pendant les heures chômées", a-t-il assuré. "L'Etat conclura des conventions régionales avec les secteurs professionnels qui le souhaitent sur le modèle des expérimentations déjà menées qui ont permis l'accès à la formation pour plus de 1.200 salariés en activité partielle en Ile-de-France".
Dans le cadre du plan "500.000 formations supplémentaires"
Le CIT veut aussi "renforcer l'accès à la qualification pour les demandeurs d'emploi exerçant des métiers du tourisme", dans le cadre du plan "500.000 formations supplémentaires pour les demandeurs d'emploi" (voir notre article du 30 juin 2016). Dans le cadre de ce plan également, le dispositif de validation des acquis de l'expérience (VAE) sera mobilisé dans au moins neuf régions (Occitanie, Grand-Est, Auvergne-Rhône-Alpes, Ile-de-France, Paca, Centre-Val de Loire, Hauts-de-France, Normandie, Bretagne), qui ont identifié cette voie d'accès aux titres professionnels des métiers du tourisme parmi leurs priorités.
Afin d' "accélérer le développement de l'emploi et des compétences", la possibilité de mobilité professionnelle des salariés entre différentes activités et entre différents métiers au sein de la filière tourisme sera "encouragée", a décidé le CIT. "La contribution de l'Etat pourra s'élever à 750.000 euros au niveau national et s'articulera avec les actions régionales conduites par les DIRECCTE (plus de 2,5 millions d'euros d'engagements pluriannuels en régions sur 2016 et 2017)", indique-t-il.
Enfin, signalons que le plafond de paiement en espèce par les touristes étrangers sera maintenu à 15.000 euros "dès lors qu'ils effectueront des paiements pour les achats d'articles de luxe". Le ministère de l'Economie a par ailleurs lancé une étude sur les conditions de faisabilité d'un assouplissement des règles de détaxe pour les touristes internationaux.
Une conférence nationale du tourisme le 17 novembre
Il ne faudra pas oublier le quartième volet du CIT, visant cette fois à "poursuivre les efforts en faveur du départ en vacances pour tous". En l'occurence, le CIT a décidé d'appuyer, à hauteur de 5,7 millions d'euros, le programme de l'ANCV (Association nationale des chèques-vacances) en faveur de l'aide au départ de retraités modestes (non imposables) pour permettre à 100.000 d'entre eux de partir en vacances en 2017 (contre 70.000 en 2016). Il a aussi été décidé de développer l'utilisation des chèques-vacances.
De nouvelles mesures seront annoncées le 17 novembre prochain, lors de la seconde conférence nationale du tourisme organisée par le ministère des Affaires étrangères. Et un mois plus tard, le 16 décembre, se tiendra la première édition des Rencontres du tourisme culturel, au Centre Pompidou à Paris. Un colloque organisé par le ministère de la Culture afin de "renforcer la coopération entre les professionnels du tourisme, ceux du monde de la culture, les collectivités territoriales et les élus, en leur offrant un cadre d'échange privilégié".
Valérie Liquet
(*) Paris (7 zones touristiques parisiennes), autoroute A1, tunnel du Landy, abords du Stade de France, sécurisation des hôtels des portes de Paris accueillant des touristes internationaux.