Tourisme/Exposition - Dix millions d'euros suffiront-ils à sauver le tourisme ?
Jean-Marc Ayrault a réuni, le 13 septembre, le comité d'urgence économique pour le tourisme. C'est la deuxième fois que le ministre des Affaires étrangères - en charge du tourisme - réunit cette instance regroupant une cinquantaine d'acteurs du secteur. Il est vrai que les chiffres sur la situation de l'activité sont sans ambiguïté sur l'importance de la crise (voir nos articles ci-contre) : malgré une saison d'été jugée "plutôt bonne" par le cabinet spécialisé MKG grâce aux nuitées des touristes français - sauf à Paris et à Nice -, les arrivées de touristes internationaux en France affichent une baisse de 8% depuis le début de l'année et le recul est encore plus marqué à Paris et en région Paca, deux destinations phares pour l'activité touristique.
"Utiliser tous les leviers"
Face à cette situation, le comité a été l'occasion "d'analyser la capacité de résilience de ces deux destinations et d'évoquer les moyens à mobiliser pour leur permettre de retrouver une dynamique positive". La réunion a aussi donné lieu à des échanges avec les professionnels et les élus, également représentés au sein du comité d'urgence.
Au final, les participants "sont convenus de l'importance d'utiliser tous les leviers pour permettre un retour de la croissance de l'activité touristique à Paris et sur la Côte d'Azur". Message reçu par le gouvernement, puisque Jean-Marc Ayrault a annoncé que l'enveloppe débloquée en urgence au début de 2016 pour renforcer la promotion de la destination France sera portée à 10 millions d'euros. Son montant avait été fixé à un million d'euros en janvier dernier, avant une rallonge de 500.000 euros au mois d'août. Pour Jean-Marc Ayrault, "il n'y a pas de résignation. Même si nous avons identifié des problèmes, l'envie est d'avoir un message positif pour promouvoir la destination touristique France". Cette campagne de promotion, menée avec Atout France, se déclinera dans toutes les régions de France.
Des réactions partagées
Le ministre des Affaires étrangères a également rappelé que le Premier ministre doit réunir un comité interministériel sur le tourisme à la mi-octobre. Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères présidera, le 17 novembre prochain, la seconde conférence annuelle du tourisme, organisée au Quai d'Orsay.
Si l'effort budgétaire est indéniable, il n'est pas sûr qu'il suffise pour relever le défi posé par la situation actuelle. D'autant plus que la persistance des menaces et la multiplication des projets attentats déjoués à la dernière minute n'est pas de nature à rassurer les touristes étrangers, qui se reportent sur d'autres destinations européennes comme Londres.
La réaction des professionnels semble donc partagée entre la satisfaction de voir le gouvernement s'engager dans la relance du secteur et un certain scepticisme sur les moyens envisagés. Hervé Becam, vice-président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih), dit ainsi "prendre acte" de cette annonce, en se disant satisfait qu'il y ait "une conscience de la réalité du secteur". Mais il reste "vigilant à ce que des réunions de travail soient organisées rapidement, pour veiller à la bonne utilisation de ce fond pour sauver la fin d'année et le début 2017".
