Une stratégie pour faire de Gourbeyre un territoire de demain (971)

Comme bon nombre de collectivités de Basse-Terre, au sud de la Guadeloupe, la commune de Gourbeyre est confrontée à l’exode de ses actifs vers des lieux de travail éloignés. Elle est aussi marquée par un fort taux de chômage parmi les jeunes. Un phénomène qui s’accompagne d’effets collatéraux : étalement de l’habitat, atteinte aux zones agricoles, démultiplication des déplacements motorisés…

Une feuille de route

Pour inverser la tendance, Gourbeyre a amorcé dès 2014 une stratégie de développement durable. Son objectif : stimuler l’activité économique en combinant l’apprentissage tout au long de la vie, l’innovation et l’utilisation créative des technologies de l’information. Baptisée Gourbeyre territoire de demain (et labellisée en 2015 par la fondation Territoires de demain), cette démarche a permis d’engager une dynamique associant la société civile et les acteurs économiques locaux. En 2017, la ville a également reçu le label  Territoire à énergie positive pour la croissance verte .

En 2019, elle a obtenu la reconnaissance de ses bonnes pratiques en matière de préservation et de valorisation de son environnement à travers le dispositif Territoire Engagé pour la Nature (TEN). En 2020, la commune est lauréate de l’appel à projets continuités cyclables ; puis en 2021, de l’appel à projets de l’Office Français de la Biodiversité Atlas de la biodiversité communale en partenariat avec le Parc National de la Guadeloupe.

Reprise par la nouvelle équipe municipale, en 2020, cette démarche s’est peu à peu structurée. Cela s’est d’abord traduit par un projet de territoire articulé autour de quatre axes de transition : écologique et énergétique (mobilités inclusives et durables, énergies propres et gestion des déchets), alimentaire et agricole (via l’adhésion au Projet Alimentaire Intercommunal de la CAGSC et la Définition de sa Stratégie alimentaire de proximité fondée sur la relocalisation de la production tout en développant la synergie interacteurs, interproductions dans une logique de circuits courts), numérique (déploiement de la Wifi4, soutien aux porteurs de projets numériques), et économique (en valorisant l’économie « verte » et « bleue » notamment via l’opération Odyssea Blue Routes).

Des projets emblématiques

« La priorité, c’est l’activité économique, souligne le maire, Claude Edmond. C’est la transition économique qui diffuse vers toutes les autres transitions. Elle oblige tous les autres secteurs à bouger. » En témoigne, la réhabilitation de l’Habitation des Jésuites à Bisdary. Lancée par la ville, elle vise à restaurer le patrimoine mais aussi à créer une maison de la mémoire et de la biodiversité. « Au-delà de l’aspect patrimonial et culturel, il s’agit de préserver les atouts naturels du territoire », ajoute l’élu. Autre projet emblématique : Le Tiers Lieu numérique inauguré en 2019. C’est une structure communale dédiée au désenclavement numérique. Elle met à la disposition des opérateurs économiques des outils informatiques dont un Fab Lab, des espaces de coworking et des bureaux privatifs qu’ils peuvent louer suivant leurs besoins. Parallèlement, elle offre au grand public les moyens de lutter contre l’illectronisme, aux usagers des services publics, les outils pour accomplir leurs formalités dématérialisées.

Une équipe dédiée

Pour porter ces projets, la collectivité s’est dotée d’une Mission innovation territoriale (MIT). Sous forme de direction territoriale à part entière, cette équipe (une directrice, une cheffe des projets innovants, une chargée de mission « attractivité du territoire », une chargée de mission « biodiversité » et deux gardes du littoral) fonctionne en mode projet. Elle répond aux appels à projets, monte les dossiers de financement, développe des actions auprès du grand public et des scolaires « pour insuffler à la population une véritable culture de l'environnement », explique l’équipe, avant d’évoquer son rôle d’interface « avec l'ensemble des acteurs qui interviennent dans le domaine de l'environnement, de l'amélioration des connaissances naturalistes, de la préservation et de la valorisation des espaces naturels avec lesquels la ville construit des politiques contractuelles et partenariales : Parc National de la Guadeloupe, Conservatoire du Littoral, Office National des Forêts, DEAL, l'Agence des 50 pas géométriques de Guadeloupe, les associations de protection de l'environnement… »

S’il reste encore difficile de mesurer l’impact de cette stratégie de transition, le maire voit d’ores et déjà émerger un élan nouveau : « Il y a les initiatives de la commune, mais nous recevons aussi beaucoup de demandes de porteurs de projets allant en ce sens »