Le Pays diois développe l’économie de proximité (26)

Développer son économie de proximité en privilégiant les ressources locales, voilà le défi que s’est lancé la Communauté des communes du Diois (CCD) en 2014. En portant le programme LEADER 2014-2022, la collectivité a saisi le dispositif européen comme un « véritable levier de sa politique économique, indique Estelle Jabrin, responsable du pôle Développement et Social de la communauté de communes et coordinatrice LEADER. D’autant que le groupe d’action locale, chargé du pilotage, était organisé à l’échelle intercommunale, soit 50 communes réparties sur 1 200 kilomètres carrés. »

Après avoir porté trois fois ce programme, depuis 1994, la collectivité avait de l’expérience. Pour cette nouvelle édition, elle a réalisé des études sur les flux financiers entrants et sortants du territoire. « Nous avons constaté que nous avions à la fois un handicap et du potentiel, explique Estelle Jabrin. Notre économie est surtout basée sur le tourisme et le résidentiel. Nous avons peu d’activités de production sauf dans l’agriculture et la production de Clairette. »

Un nouvel écosystème

Impossible de réindustrialiser le territoire d’un seul coup. Le groupe d’action locale (GAL) du Pays diois a donc agi pour instaurer un écosystème favorable à l’accueil de nouvelles activités et/ou de nouveaux actifs. Cela s’est traduit par la création de trois espaces de coworking (portés par des acteurs privés et pluri-thématiques) et de locaux professionnels (hébergement, restaurants, boutiques, etc.) dans différentes communes. De quoi favoriser les deux autres axes de la feuille de route fixée par le GAL : le développement du tourisme hors saisons et l’essor d’une économie circulaire.

« Le programme LEADER nous a permis de faire émerger des projets économiques qui ne sont pas uniquement touristiques et pas uniquement concentrés dans la ville centre », se félicite Isabelle Bizouard, maire de Die et vice-présidente de la communauté de communes, avant de saluer l’implication des acteurs privés dans le GAL : « Ils ont été très présents au comité de pilotage et dans les comités techniques. Ils ont élaboré des critères très pertinents pour sélectionner les projets. »

Plusieurs projets se sont ainsi révélés structurants, tels que l’Espace de coworking Barral implanté sur le site d’une ancienne usine, la Matériauthèque qui donne une seconde vie aux matériaux de construction usagés à Die ou encore le Bistrot Badin, une initiative impulsée par la commune de Saint-Julien-en-Quint (157 habitants). Au total, le GAL du Pays diois a traité environ 90 dossiers, portés par des collectivités aussi bien que par des acteurs privés, en mobilisant parfois des cofinancements (département, région, commune).

Bilan positif

Si, au départ, le GAL du Pays diois a rencontré des difficultés (en raison d’un dysfonctionnement de l’outil de gestion du FEADER), il a su rebondir. « Pour éviter que les porteurs de projets n’abandonnent, faute de financement, nous avons mis en place une avance remboursable, détaille Estelle Jabrin. Malgré ces débuts poussifs, le LEADER a eu un énorme effet levier. Pour ce qui concerne l’emploi, le bilan reste limité. Mais il faut surtout apprécier les résultats au regard des flux financiers qui reviennent sur le territoire. » Selon l’étude publiée par le GAL du Pays diois en octobre 2022, sur 4,6 millions d’euros dépensés tout au long du programme, 12 % provenait du public (communes, communauté de communes, Région et Département), 19 % du LEADER et 69 % du privé. Isabelle Bizouard observe d’autres effets positifs : « des rencontres entre élus issus de différentes communes dans un cadre différent de d’habitude et autour de projets concrets. Ce qui va induire de nouvelles coopérations entre collectivités ».

La CCD prépare une nouvelle candidature au programme LEADER pour 2023. Mais cette fois, sur demande de la Région, ce sera à une échelle supérieure, en l’occurrence sur un territoire qui couvre la quasi-totalité de l’Isère (hors Grenoble). « Ça ne fonctionnera pas comme avant, estime Isabelle Bizouard. Je m’interroge sur la capacité des acteurs privés à s’investir si les réunions se font à plus de deux heures de route. » Pour autant, l’élue reste convaincue de l’intérêt de s’investir, en tant que collectivité, dans un tel programme. « Les territoires ruraux, et notamment les plus petits bourgs, en bénéficient, ajoute-t-elle. On a pu relancer des épiceries, impulser l’écomobilité grâce à des associations locales et, par ricochet, favoriser le développement de manifestations sportives et culturelles. »