À Barcelonnette, le tourisme scientifique se tourne vers les étoiles (04)
La commune de Barcelonnette développe un tourisme alternatif, autour des sciences de la Terre. Des séjours organisés où des chercheurs, mais aussi le grand public, observent les roches, les insectes, la flore et les étoiles, guidés par d’éminents scientifiques…
Séolane est le nom d’un massif rocheux emblématique de la vallée de l’Ubaye, remarquable pour sa structure géologique. C’est aussi le nom d’une association, créée en 2011 par la commune de Barcelonnette pour développer une autre forme de tourisme, axé sur l’observation scientifique de la nature. Séolane est ainsi l’acronyme de Site d’Étude, d’Observation, de Logement autour de la Nature et de l’Environnement. L’association met à la disposition de la communauté scientifique un terrain d’observation et d’expérimentation des composantes du milieu naturel montagnard (risques naturels, géologie, géophysique, paléo-écologie, biodiversité, astronomie, etc.), tout en proposant un carrefour d’information et d’enseignement pour les écoles primaires, secondaires et les universités. Tout au long de l’année, elle assure le logement des chercheurs, des enseignants et étudiants qui y mènent des travaux suivis sur le long terme. Des séminaires, des conférences, des cours, des écoles thématiques favorisent les échanges de connaissances et le partage de moments riches et intenses.
Reconvertir le patrimoine militaire désaffecté
« C’est la municipalité précédente qui a lancé ce projet, explique le premier adjoint au maire de Barcelonnette, Yvan Bouguyon, également président de l’association. Quand l’armée a quitté l’Ubaye en 2007, la commune s’est retrouvée avec des bâtiments assez gigantesques sur les bras : le quartier général Craplet, qui a abrité le Centre d’instruction et d’entraînement au combat en montagne (CIECM), successeur du 11e Bataillon de Chasseurs Alpins (BCA). Il a donc fallu reconvertir ce patrimoine militaire. L’idée a alors germé d’utiliser ce terrain affecté par les risques naturels, pour en faire un centre d’études sur les risques sismiques, d’inondation, les glissements de terrains, les vagues torrentielles… »
En 2011, afin de pouvoir accueillir des groupes, la commune réhabilite les lieux. Dans les trois bâtiments mitoyens qui abritaient auparavant l’infirmerie et les logements des familles de militaires, sont créés des salles de recherches et de conférences, des hébergements et un équipement pour la restauration. Et la municipalité confie à Séolane la mission de faire émerger une offre de tourisme scientifique. Des soutiens publics permettent d’amorcer le projet et de lancer les premières actions : en 2016, une subvention de 17 055 euros est délivrée par le Fonds national d’aménagement et de développement du territoire (FNADT), au titre de la Convention Interrégionale du Massif des Alpes ; une autre, du même montant, est délivrée par la région Paca. Une participation Leader renforce le projet, en finançant à 90 %, pour 18 mois, un poste de chargée de mission consacré à l’étude d’opportunité de développement du tourisme astronomique.
Autosuffisance financière
D’un point de vue financier, l’association génère désormais suffisamment de recettes pour être autosuffisante : elle fonctionne avec 3 permanents (le directeur, une chargée de projets scientifiques et un cuisinier), auxquels s’ajoutent des saisonniers, et des bénévoles. De son côté, la commune loue les locaux à l’association pour un prix modique, après les lui avoir prêtés, le temps qu’elle prenne ses marques.
Le poste de chargée de mission projets scientifiques est occupé par Lorène Lombard, qui mobilise des intervenants scientifiques, valorise leurs recherches auprès du grand public, et essaie de faire connaître Séolane aux associations de randonneurs, de protection de la nature et de naturalistes. « Pour l’instant, nous sommes encore sur un public restreint, mais nous travaillons à attirer un public plus large, ce qui n’est pas simple… témoigne-t-elle. Nous recherchons actuellement des financements pour développer des actions pour un public touristique autour du changement climatique, comme des randonnées estivales ou hivernales autour des espèces menacées, l’évolution de la végétation, ou la découverte des nombreuses instrumentations scientifiques en place dans la vallée. »
Soirées débats et animations scientifiques
Les habitants, les acteurs institutionnels locaux et les vacanciers de la vallée de l’Ubaye ne sont pas en reste. Échanges et rencontres entre grand public et scientifiques, conférences et soirées débats, animations ouvertes à tous, auxquels s’ajoutent l’organisation de la Fête de la Science et des Journées ClimalpSUD tous les 2 ans, afin de faire le point sur l’évolution du climat dans les Alpes du Sud.
« La prochaine étape pour la commune, c’est le développement du tourisme astronomique, poursuit l’élu. Nous avons financé, pour une autre association, une coupole d’observation il y a quelques années. Et nous voudrions passer au stade supérieur, avec un observatoire plus ambitieux, avec l’aide de l’État et du parc National du Mercantour, qui est partenaire de la Réserve internationale de ciel étoilé. Car, dans ce territoire de l’Ubaye, nombre de villages sont labellisés Ville et village étoilé. En attendant de financer l’observatoire, nous avons adapté l’éclairage lumineux de la commune pour préserver la pureté des ciels nocturnes… »
Plan de financement du projet de tourisme scientifique de Séolane
80 % de subventions publiques :
- 17 055 euros versés par l’État FNADT
- 17 055 versés par le Conseil régional Paca
20 % d’autofinancement : 8 531
Données extraites du rapport d’exécution financier 2017 : « Développement d’une niche touristique en Ubaye : le tourisme scientifique »
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