À Génissac, la production agricole durable se joue en espace-test (33)
À Génissac, un espace test agricole installé sur des terres communales permet à des néoagriculteurs de tester leur projet d’exploitation dans un cadre sécurisé. Et de promouvoir une agriculture durable et locale.
Dispositifs multipartenariaux visant à favoriser l’installation agricole, les espaces tests agricoles essaiment pas à pas dans l’Hexagone. Ils sont désormais une soixantaine, portés par collectivités territoriales, coopératives, associations ou chambres d’agriculture, et regroupés au sein du Réseau national des espaces-tests agricoles (Renata). Génissac, petite commune du Libournais, s’est emparée du concept, désireuse de redynamiser la production agricole biologique de proximité, sur un territoire essentiellement viticole.
« L’histoire a débuté en 2015, lorsque la mairie a racheté à la Safer quelque six hectares de terres autrefois dédiées à la vigne, avec, déjà, l’envie d’y développer du maraîchage bio pour les Génissacais », explique Émeline Brisseau, maire de Génissac depuis quelques mois tout juste.
Le projet mûrit… et un peu plus de deux ans plus tard, « la commune signe une convention avec l’association locale Écosystème une terre pour tous, pour aménager, gérer et animer ces six hectares, très vite divisés en cinq parcelles mixant jardins partagés, jardin pédagogique pour les écoliers, zones de maraîchage… et espace test agricole donc », poursuit Isabelle Bouchon-Peaucelle, adjointe au maire.
En avril 2020, un maraîcher et une floricultrice s’installent sur l’espace test. Fruit d’une collaboration tripartite entre la mairie, Écosystème une terre pour tous, et la coopérative d’entrepreneurs solidaires Co-actions, l’espace test « permet à ces néoagriculteurs de bénéficier d’un terrain, d’eau et d’électricité mis à disposition par la mairie. Ils sont épaulés, avec un accompagnement technique, assuré par Écosystème. Enfin, un contrat d’appui au projet d’entreprise (Cape) leur offre la possibilité de continuer à bénéficier d’aides, comme le Revenu de Solidarité Active. Coactions met, qui plus est, son numéro de Siret à disposition des couvés, et leur offre un accompagnement administratif et juridique si besoin », explique Florence Ardouin, coordinatrice de projets chez Écosystème. En contrepartie, les couvés, accompagnés pour trois ans au maximum, s’engagent à prendre soin de la terre et à cultiver en bio.
Un dispositif léger et adaptable
« La particularité de l’espace test de Génissac est qu’il est sur un terrain où cohabitent différentes activités, permettant la mutualisation du petit matériel… et enrichissement de concert, toujours dans une optique de promotion de l’agriculture durable », souligne Florence Ardouin.
« Cela rend aussi le dispositif particulièrement adaptable si besoin », commente Virginie Robin, chargée de développement rural et territorial à la communauté d’agglomération du Libournais (Cali). La collectivité en effet soutient le projet, via la participation à son comité de pilotage et grâce à des subventions à Écosystème : une dotation annuelle de fonctionnement de 1 100 euros et une autre, variable, selon le nombre de couvés accompagnés - jusqu’à 7 300 euros pour trois couvés.
La superficie est aussi relativement modeste – la floricultrice est installée sur 3 500 m2, le maraîcher sur 5 000 m2. « Mais c’est, justement, aussi une de ses forces : être adapté, aussi, aux moyens financiers d’une petite commune. Démontrer qu’un projet de ce type est possible sans avoir besoin d’investir des mille et des cents une fois le terrain acquis », ajoutent-elles toutes deux.
Dynamique intercommunale
Émeline Brisseau opine, soulignant combien « l’aspect multipartenarial du projet est essentiel pour une commune de petite taille comme Génissac ». D’autant qu’il faut songer à l’après…
À l’issue de plus de deux ans de test de son activité, la floricultrice va sous peu s’installer en banlieue de Bordeaux, le maraîcher envisage quant à lui de rester sur la commune. « Pour les collectivités investies dans ce type de projet, que les couvés restent, si ce n’est sur leur territoire du moins non loin, c’est important. Mais si tout le monde s’installait sur les espaces où ils testent leur activité… il n’y aurait plus d’espace test. Et s’installer à proximité suppose qu’il y ait du foncier disponible », commente Virginie Robin.
« L’investissement de la Cali dans le projet est à ce titre essentiel », souligne Florence Ardouin. Elle porte d’ailleurs un projet de deux autres espaces tests, éphémères, sur son territoire, sur des terrains communaux ou privés, avec accompagnement le temps du test et promesse de bail pour une installation. Et elle vient aussi, ajoute Virginie Robin, « de missionner un bureau d’études spécialisé pour une expertise de la qualité du foncier de cinq terrains sur cinq communes de la communauté d’agglomération. »
L’investissement financier de la commune
Le coût global de l'investissement pour la zone de 6 hectares de jardins – dont l’espace-test - est de 124 000 euros, la zone ayant été traitée dans sa globalité.
Principaux postes de dépense :
- Achat des terrains : environ 45 000 €
- Forages : environ 20 000 €
- Serres de maraîchage : environ 20 000 €
- Clôtures et haies : environ 11 000 €
- Alimentation électrique des terrains : environ 6 000 €
- Bornage des terrains : environ 4 000 €
- Conseil et maîtrise d’œuvre : environ 4 000 €
- Préparation du sol : environ 3 000 €
Commune de Génissac
Nombre d'habitants :
Emeline Brisseau
Isabelle Bouchon-Peaucelle
Communauté d’agglomération du Libournais
Nombre d'habitants :
Nombre de communes :
Jean-Luc Lamaison
Association Ecosystème une terre pour tous
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