Une option santé au lycée de la communauté de communes de Cauvaldor (46)

Faire découvrir les métiers de la santé aux futurs bacheliers, pour leur donner envie de continuer leurs études dans ce domaine, et in fine revenir exercer sur le territoire… Une idée originale imaginée, proposée et mise en place dans un lycée du Lot, à l'initiative des élus. Avec des premiers résultats plutôt encourageants.

Depuis la rentrée de septembre 2022, 31 élèves de Première et de Terminale suivent une formation aux métiers de la santé, au lycée d'enseignement général de Saint-Céré (3 427 hab.). Ils étaient 13 à essuyer les plâtres de la première « promotion » en septembre 2021. Tous l'ont poursuivie pour leur Terminale cette année. 18 nouveaux élèves se sont inscrits à la rentrée 2022, pour démarrer cette option en première. Cet engouement a de quoi conforter Raphaël Daubet, maire de Martel et président de la communauté de communes à l'origine de cette « option santé ». Le but est « de permettre à ces élèves de se sentir un peu plus à l'aise avec le milieu médical, de nourrir leur détermination pour qu'ensuite ils se donnent les moyens d'y arriver. En milieu rural, on n'est pas obligé de renoncer à l'excellence pour nos enfants ! » lance l'élu.

Les élèves qui suivent l'option santé ne sont pas regroupés dans une « classe d'élite ». Ils se retrouvent en revanche les vendredis après-midi pour trois heures de plus au lycée, dédiées à cette « option santé ». Ils suivent des cours à la fois d'approfondissement en physique chimie, sciences de la vie et de la terre (car l'option est plutôt réservée aux jeunes qui suivent des filières scientifiques), des cours également pratiques de méthodologie (prise de notes, etc.). Ils effectuent aussi des visites de terrain pour toucher du doigt les différents métiers et les « mettre dans le bain du monde de la médecine ». Les jeunes se sont ainsi déplacés à l'hôpital de proximité, aux urgences, dans des cabinets de médecins libéraux.

Partenariat avec l'Éducation nationale

Le proviseur « a tout de suite aimé l'idée que nous lui avons soumise », apprécie le président. Cela a ouvert les portes du rectorat, qui a lui aussi apporté sa patte pour la concrétisation du projet. Au sein de l'équipe enseignante du lycée, une équipe pédagogique s'est investie. « Ils ont senti aussi qu'il y avait un enjeu de revalorisation pour le lycée, c'est un challenge à la fois personnel et collectif », remarque l'élu. Les élus sont aussi allés frapper à la porte de l'agence régionale de santé, à Cahors, et à celle des professionnels de santé du territoire. En six mois, le projet a été bouclé. Ce qui a permis de lancer l'option à la rentrée 2021-2022.

Une attractivité en plus pour le lycée rural

Les élus ont mené quelques recherches en amont, pour vérifier la pertinence de ce projet. Ils ont également questionné des jeunes gens. « Certains nous ont expliqué qu'ils auraient pu poursuivre de telles études, mais que cela leur paraissait trop loin, trop cher » résume Raphaël Daubet. Les facultés de médecine se situent à Toulouse ou Bordeaux, à deux heures de là. Le lycée de Saint-Céré (3 500 hab.) est un « petit lycée » qui accueille 300 élèves. C'est le lycée d'enseignement général des 77 communes de l'intercommunalité rurale de Cauvaldor. Cette option lui donne le « truc en plus » qu'il n'avait pas. D'autres pistes avaient été envisagées, comme de créer un BTS. « Mais avec l'idée d'une option santé, nous avions la conviction que nous pouvions attirer des jeunes du département du Lot pour entreprendre des études de santé en leur donnant une formation particulière à la fois pour les encourager et les aider à se donner les moyens d'entreprendre des études de santé ». La trentaine de jeunes qui ont choisi de suivre cette option vient autant de la communauté de communes de Cauvaldor que de territoires un peu plus éloignés, voire de la Corrèze voisine. Le lycée a l'avantage d'offrir un internat tout neuf.

Cette expérience a et aura des effets en cascade. Le président de la communauté de communes en est convaincu. Elle a déjà entraîné la création d'une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) entre les professionnels de santé. Certains médecins sont devenus maîtres de stage. La communauté de communes vient de signer un contrat local de santé. L'option santé du lycée s'est logiquement inscrite comme l'une de ses premières actions.

Un coup de pouce pour l'après

Pour aller jusqu'au bout de la démarche, la collectivité a également mis sur pied un accompagnement financier des étudiants en médecine. En commençant par une aide forfaitaire de 800 euros pour ceux qui démarrent leur première année de médecine. Sans contrepartie. « Cela permet aux parents de payer la caution d'un logement, les allers-retours en train, bref de lever des freins financiers », justifie l'élu. Pour les années suivantes, de la 2e à la 6e année, Cauvaldor accorde des bourses de 200 à 300 euros par mois, pour aider au logement, aux transports. Cette fois, la collectivité exige des contreparties. En l'occurrence, l'obligation d'effectuer un stage d'externat auprès d'un médecin du territoire. Pour les dernières années (7e à 9e), la collectivité prévoit une bourse d'engagement à l'installation, de près de 5 000 euros par an. Moyennant l'engagement cette fois d'effectuer des remplacements sur le territoire pendant les études ou de s'y installer pour six années. « Ce n'est pas très contraignant » assure l'élu, qui n'a reçu aucune objection de l'ordre départemental des médecins. Ce dispositif a été mis en place depuis la rentrée 2022. La collectivité a signé 20 contrats avec des jeunes. La logique reste la même que pour l'option santé : « c'est en créant un lien avec les médecins du territoire que l'on pourra plus facilement les faire revenir ». Car ici comme ailleurs, le but est d'attirer des médecins… Dans ce territoire pourtant très touristique de la vallée de la Dordogne, le non-remplacement des médecins généralistes partant en retraite inquiète. « Si on ne fait rien, le risque de désertification dans une dizaine d'années sera réel » soupèse l'élu. Alors, « si sur vingt jeunes aidés, cinq ou six décident de revenir s'installer ici dans trois ou quatre ans, notre pari sera gagné ».

Un coût partagé entre Éducation nationale et collectivité

L'Éducation nationale a pris en charge les trois heures de cours supplémentaires dispensées par les enseignants. La collectivité a, elle, donné des moyens supplémentaires nécessaires pour la communication, les intervenants extérieurs et les déplacements.

La communauté de communes prend en charge le financement des prestataires externes : 8 000 euros pour 2022-2023 (11 000 en 2021-2022 car il y a eu de l’ingénierie pour le lancement). S'ajoute la communication (flyer etc.) à hauteur de 500 euros par an. Plus l'achat de sweats « option santé » made in France promo 2022-2023 (1 500 euros).

La commune de Saint-Céré finance les déplacements en bus. Le projet a bénéficié également d'une aide de 2 000 euros pour son lancement de la part de la Société des membres de la Légion d'honneur du Lot.

Communauté de communes Causses et Vallée de la Dordogne

Nombre d'habitants :

47337

Nombre de communes :

77
Bramefond
46 200 Souillac

Raphaël Daubet

Président

Découvrez nos newsletters

  • Localtis :
    Propose un décryptage des actualités des collectivités territoriales selon deux formules : édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques.

  • Territoires Conseils :
    Recevez tous les quinze jours la liste de nos dernières publications et l'agenda de nos prochains rendez-vous.

S'abonner aux newsletters