Biodiversité - Une étude pour aider les élus à réduire les impacts de l'éclairage nocturne
"Eclairage et sur-éclairage nocturnes des milieux concourent à la combinaison de pressions sur la biodiversité. Mais cette pollution spécifique, ainsi que la fragmentation des milieux naturels qu'elle entraîne sont encore très peu prises en compte" : c'est pour la faire connaître et trouver des solutions concrètes que la mission Economie de la biodiversité (groupe Caisse des Dépôts) et l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes (ANPCEN) ont allié leurs efforts, et publié le 8 juillet une étude qui intéressera à plus d'un titre les élus et acteurs locaux. Entre autres pour la pertinence des connaissances fournies, le point sur les normes, la réglementation et ce que le vaste chantier de la rénovation du parc représente. Mais également parce que l'étude montre que réduire les impacts de cette pollution aux seuls insectes piégés par les lampadaires est insuffisant : la façon dont la pollution lumineuse perturbe les poissons, mais aussi la reproduction des amphibiens, la migration des oiseaux désorientés par les halos lumineux ou la chasse des chiroptères (chauves-souris) est ici parfaitement bien expliqué.
Conjuguer deux objectifs environnementaux
L'étude délivre des préconisations utiles pour "réduire la pollution et les nuisances lumineuses, en plus d'effectuer des économies d'énergie". Alors que onze millions de points lumineux sont recensés aujourd'hui en France, l'éclairage artificiel, qui constitue le deuxième poste d'investissement des communes en métropole et le premier dans les DOM, ne cesse d'augmenter, générant une intrusion croissante de la pollution lumineuse au sein des habitats d'espèces. Les mesures figurant dans l'étude sont souvent "de bon sens" et tendent donc vers la nécessité de faire preuve d'une double sobriété, à la fois énergétique et lumineuse.
Il peut ainsi s'agir de réduire la durée d'éclairement, voire de "supprimer des points lumineux facultatifs et les éclairages d'ambiance non indispensables aux activités humaines, par exemple à proximité des cours d'eau (berges et ponts) ou encore aux mises en lumière sous les arches des ponts, ou toute autre plage lumineuse venant interférer avec les zones d'activités, nidifications et de déplacements d'espèces sensibles". Ou également de "prêter attention aux déperditions lumineuses latérales en orientant de la manière la plus efficiente possible les lampes, afin que seul l'espace nécessitant d'être éclairé le soit". Pour optimiser le temps d'éclairage, l'étude conseille le recours aux horloges astronomiques et variateurs d'intensité. En raison du changement brutal d'intensité auquel il conduit, l'éclairage à la demande n'est en revanche pas recommandé. D'un point de vue technique, il faut bannir les lampes aux iodures métalliques et les LEDs blanches. Et, du point de vue de la planification, faire une place aux trames nocturnes au sein des schémas régionaux de cohérence écologique (SRCE) et trames vertes et bleues (TVB). L'enjeu mériterait aussi de figurer, par cohérence des choix, dans le contenu des contrats à visée énergétique de type contrat de performance énergétique (CPE).
Comment agir sur les contrats ?
Enfin, dans une dernière partie de l'étude consacrée aux aides et dispositifs publics, et aux mécanismes contractuels pour la rénovation de l'éclairage extérieur, il ressort un certain potentiel des marchés globaux de performance et contrats de partenariat offrant aux élus l'opportunité de "fixer des objectifs précis et mesurables" et de mieux cadrer ces externalités propres à l'éclairage. L'insertion d'objectifs de performances clairs quant à la préservation de la biodiversité et la limitation ou suppression des nuisances lumineuses dans les cahiers des charges de ces marchés ou contrats est en ce sens vivement encouragée.