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Environnement - Extinction des façades la nuit : ville par ville, des progrès et des gains

Après un premier bilan mitigé de la situation début 2014, les contrastes sont à nouveau au rendez-vous du second bilan de l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturne (Anpcen) publié le 30 octobre. Ce bilan d'étape traite d'une vingtaine de villes dont Lyon, Lille, Paris, Grenoble, Strasbourg et Nantes et relève des inégalités entre villes pour ce qui est de l'obligation pour les collectivités de ne plus éclairer les façades la nuit.

L’arrêté d’extinction en milieu de nuit des façades, vitrines et bureaux non occupés est-il bien appliqué par les collectivités ? Sont-elles exemplaires dans le domaine ? Pas vraiment... mais les choses avancent et de "vrais progrès dans la maîtrise des mises en lumière", sont relevés selon  les observations effectuées sur le terrain par les adhérents et correspondants de l'Anpcen, une association qui mise sur l'implication citoyenne et alimente ainsi une carte interactive et un observatoire visibles sur son site. Elle a déjà recensé 6.000 communes et estime que 4.000 autres pratiquent des extinctions totales ou partielles, en milieu de nuit. Les gains attendus sur le budget éclairage public sont au rendez-vous : pour des communes de 15.000 à 40.000 habitants, on note en moyenne de 20.000 à 45.000 euros d'économies par an ; pour de plus petites communes entre 5.000 et 20.000 euros d'économies par an. A noter que ce bilan ne couvre pas les usages des enseignes et publicités lumineuses, dont l’extinction fait l'objet d'un autre décret de 2012.

Application variable, poches de résistance

Premier constat : cette mise en œuvre depuis juillet 2013 de l'obligation pour les collectivités (qui s’applique aussi aux entreprises) de ne plus éclairer les façades la nuit reste très variable d'une ville à l'autre. Et les contrôles et amendes quasi-inexistants. Facile à constater (à l’œil nu) sur le terrain, ce manque de suivi d'une réglementation "visant à éviter les gaspillages énergétiques et à prévenir les nuisances lumineuses" est constaté dans des villes de toutes tailles.
Bonne élève, Strasbourg éteint la nuit, à partir de 1 heure du matin, tous ses bâtiments publics, avec seuls quelques magasins demeurant éclairés en centre-ville. A Angers seuls font exception les cathédrales, abbayes et locaux très sensibles (Banque de France). Perdurent aussi souvent les éclairages d’ambiance d’espaces publics, par exemple sur les parvis de musée. L'Anpcen estime que les stations de lavage de voiture de la ville, restant allumées toute la nuit "alors qu’on n’y voit personne à 1h du matin", devraient s'équiper de détecteurs de présence ou de minuteries réglées sur la durée du lavage.
En zone industrielle, "les entreprises de transports éclairent très violemment, toute la nuit, leurs espaces de stationnements de poids lourds", relève l'association qui affirme par ailleurs que les zones d'activités constituent une importante poche de résistance. Les vitrines de luxe et banques aussi, dans des villes commerçantes comme Biarritz ou Bayonne. Casinos, offices du tourisme et conseil général y font aussi de la résistance.
Si à Chambéry (Savoie), ce sont plutôt les équipements culturels qui ne suivent pas (musée, médiathèque), Lyon laisse son musée des Beaux-Arts, opéra et hôtel de ville éclairés toute la nuit, selon l'association. 
Les agences immobilières sont aussi souvent pointées du doigt, comme à Limoges par exemple.  Des efforts ont néanmoins été faits sur les mises en lumière des ponts.
Enfin, à Nantes et Paris, le non éclairage est globalement bien respecté.