Environnement - Extinction nocturne des vitrines, façades et bureaux : un premier bilan en demi-teinte
Sept mois après l'entrée en vigueur de l'arrêté rendant obligatoire l'extinction nocturne des vitrines, façades et bureaux, l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement (ANPCEN) a publié le 13 février un premier bilan de son application dans les territoires et par grands types d'acteurs. Après un état des lieux réalisé par quelque 70 correspondants dans plusieurs villes françaises entre l'automne 2013 et février 2014, l'association, qui sera reçue prochainement au ministère de l'Ecologie, constate "de vrais progrès", avec des bâtiments désormais éteints la nuit, mais aussi "de réelles inerties, ni contrôlées, ni sanctionnées". Parmi les bonnes élèves figurent Angers avec la quasi-totalité des vitrines éteintes avant 23h00 et des monuments et bâtiments communaux ou publics éteints vers 1h15 au plus tard. Saumur, Strasbourg, Haguenau (67) et Blois sont aussi citées en exemple. Par contre, Bourges a des progrès à faire puisque de nombreux bâtiments publics (archives départementales, cathédrale, gare, conseil général, office de tourisme) restent illuminés au coeur de la nuit.
Eclairage ou pas, les habitants ne voient pas de changement
L'ANPCEN a complété son étude de terrain par un sondage réalisé avec TNS Sofres* pour savoir si les habitants avaient remarqué, depuis juillet 2013, une extinction de l'éclairage extérieur nocturne des bâtiments publics et privés, près de chez eux et sur leurs trajets. Les résultats montrent qu'il reste encore beaucoup à faire puisque 65% des personnes interrogées n'ont pas vu de changement et 28% ont noté une évolution positive. C'est en milieu rural sous influence urbaine que les changements paraissent les mieux perçus (38% des personnes interrogées). Le Sud-Ouest semble le plus en retard sur l'application de l'arrêté (75% des personnes interrogées déclarent n'avoir vu aucun changement contre 58% dans l'Ouest et le Nord-Est). D'une manière générale, l'extinction des bureaux et vitrines apparaît moins perçue (40% de non) que celle des monuments ou façades (63% de oui). Pour l'ANPCEN, ces résultats montrent "à nouveau la nécessité de nouvelles solidarités entre les communes. En effet, d'une part, la lumière produite se perçoit de très loin et ses impacts ont lieu aussi à distance des sources : aussi les éclairages violents de quelques-unes contredisent les efforts d'autres. D'autre part, les inerties des unes empêchent la perception par les Français des progrès effectués par les autres, ce qui est dommage".
Anne Lenormand
*Sondage réalisé par téléphone entre le 7 et le 9 janvier 2014 auprès d'un échantillon national représentatif de la population âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession) avec stratification par région et catégorie d'agglomération
Les nouvelles règles issues de l'arrêté de janvier 2013
Depuis le 1er juillet 2013, l'éclairage des façades des bâtiments non résidentiels, comme les monuments, mairies, écoles, gares, entreprises ou encore entrepôts, doit être coupé au plus tard à 01H00 du matin. Idem pour les vitrines de magasins entre 01H00 et 07H00 du matin, ou une heure après la fermeture lorsque l'activité se poursuit après 01H00. Des dérogations sont possibles pour certaines zones touristiques et au moment des fêtes. Cette obligation se veut d'abord pédagogique, pour redonner toute sa place à la nuit pour des raisons notamment de biodiversité voire de santé, mais aussi alléger un peu la facture d'électricité. Néanmoins, les contrevenants risquent théoriquement jusqu'à 750 euros d'amende, les contrôles revenant aux maires et aux préfets.