Habitat - Une enveloppe supplémentaire de 350 millions d'euros pour la rénovation urbaine
A l'occasion d'un déplacement à Orléans, le 15 décembre, François Fillon - accompagné de Patrick Devedjian, Christine Boutin et Fadela Amara - est longuement revenu sur le dossier du logement. Il a notamment dénoncé les "situations absurdes", qui voient des projets de construction ou de rénovation bloqués "pour des raisons financières parce que le coût réel des travaux est sensiblement supérieur aux prévisions initiales, et que les plans de financement ne peuvent pas être bouclés". Selon l'Insee, l'indice du coût de la construction a en effet connu un glissement annuel de 8,85% au deuxième trimestre 2008, après 8,09% au premier trimestre. Dans son intervention, le Premier ministre ne s'est pas contenté de rappeler les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy dans son discours du 4 décembre à Douai sur le plan de relance de l'économie française. Parmi celles-ci figurait notamment une enveloppe de 200 millions d'euros pour l'Agence nationale de la rénovation urbaine (Anru). François Fillon a "décidé d'aller plus loin en ouvrant à l'Anru une dotation nouvelle de 350 millions d'euros de capacité d'engagement en 2009, afin d'abonder les subventions accordées à de tels projets". Pour être éligibles, les opérations présentées devront "être exemplaires en termes de qualité urbaine et environnementale". Elles devront également faciliter la mixité sociale, "à la fois d'un point de vue géographique et au sein même des immeubles reconstruits". Enfin - dans l'esprit du plan de relance de l'économie -, le complément de subvention de l'Anru ne sera accordé que si les travaux peuvent être lancés dès 2009. Pour aller plus vite, le Premier ministre a d'ailleurs demandé au président de l'Anru de réunir "immédiatement" un conseil d'administration exceptionnel, afin de débloquer les opérations concernées. D'après les chiffres avancés par François Fillon, cette enveloppe supplémentaire de 350 millions d'euros doit permettre de débloquer environ 2 milliards d'euros de travaux, dont la moitié pourrait être réalisée dès 2009. Ces 2 milliards de travaux supplémentaires s'ajouteront ainsi aux 3 milliards de travaux prévus en 2009 et aux 600 millions d'euros de travaux supplémentaires qui pourraient débuter sous le seul effet de l'accélération des programmes.
Pour couper court à toute nouvelle polémique en matière de financement du logement, le Premier ministre a pris bien soin de préciser que cette enveloppe supplémentaire de 350 millions d'euros "n'est pas une 'substitution' qui viendrait compenser un quelconque 'désengagement de l'Etat'. C'est un engagement supplémentaire, qui s'ajoute aux 12 milliards d'euros prévus pour l'Anru, qui sont financés par l'Etat et par le 1% logement". Cette affirmation contredit les propos tenus, il y a un mois, par Christine Boutin, qui assurait alors que l'Etat n'irait pas plus loin que l'enveloppe de 12 milliards d'euros (voir notre article ci-contre). La rallonge budgétaire annoncée à Orléans intéresse très directement les collectivités territoriales. Le complément de subvention qu'elle autorise devra en effet être "réparti de manière égale entre l'Anru et les autres cofinanceurs locaux que sont le maître d'ouvrage lui-même et les collectivités territoriales, en particulier les régions et les départements".
Jean-Noël Escudié / PCA