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Une activité plus soutenue que prévue, la bonne surprise du bâtiment

Ce que l'on retiendra de la conférence de rentrée de la Fédération française du bâtiment : l'activité du secteur est nettement meilleure que prévue, sauf sur la rénovation. La FFB estime désormais que l'année devrait se conclure sur environ 400.000 logements mis en chantier, soit une production quasi stable (+0,2%) alors qu'était envisagée une baisse de 4,5%).

Au moment où les discours pessimistes – et quelque peu exagérés au regard des chiffres – se multipliaient sur le ralentissement de la construction de logements, la surprise est venue de la traditionnelle conférence de rentrée de la Fédération française du bâtiment, le 10 septembre. Alors que la FFB est rarement la dernière à tirer la sonnette d'alarme sur la situation du secteur, son président, Jacques Chanut, a reconnu, dans son discours de présentation, que "malgré les turbulences du commerce mondial et la marche hésitante vers le Brexit, malgré le sévère rabotage des dispositifs en faveur du logement depuis 2018 et la crise des gilets jaunes, force est de constater que le secteur connait un été indien".

"La bonne surprise est venue des établissements de crédit"

Pour le président de la FFB, "en 2019, la bonne surprise est venue des établissements de crédit. Que ce soit pour le logement des ménages ou l'investissement en non résidentiel des entreprises, l'amélioration sensible des paramètres du crédit a permis de soutenir les marchés du bâtiment, bien au-delà de ce qui était prévu". En pratique, cette bonne tenue du secteur s'explique par la baisse des taux d'intérêt et, plus encore, par celle des taux d'apports personnels, résultant du retour des ménages modestes sur le marché.

Conséquence, selon Jacques Chanut : "Les carnets de commande sont à un niveau élevé. Ils représentent 6,5 mois d'activité." Dans l'individuel diffus, les ventes sont à nouveau en croissance, avec +4,7% en glissement annuel sur sept mois à fin juillet 2019. Même les permis de construire bénéficient de l'embellie, avec une petite hausse de 1,3% sur mai-juillet 2019 par rapport à la même période de 2018. Alors que les constructeurs de maisons individuelles s'inquiétaient d'un possible effondrement du marché, la FFB constate que "le marché à rebondi cet été". Autre indice qui corrobore la bonne santé du secteur : la profession devrait finalement créer 25.000 emplois en 2019 (y compris les emplois d'intérim en ETP), alors qu'elle ne prévoyait jusqu'alors que 5.000 créations.

Au final, l'activité du bâtiment ne devrait pas reculer de 0,5% en 2019 – comme la FFB l'envisageait encore en décembre dernier –, mais progresser au contraire de 1,3%. De leur côté, les mises en chantier ne devraient pas repasser sous la barre des 400.000, comme redouté, mais se situer autour de ce niveau, contre 430.000 en 2018.

Un optimisme retrouvé... mais des sujets d'inquiétude

Le seul bémol à ce – relatif – optimisme retrouvé réside dans l'amélioration-entretien, qui devrait se contenter en 2019 d'une petite hausse de 0,3% en volume, contre +0,5% initialement prévu. Même si la réforme du CITE (crédit d'impôt pour la transition énergétique) devrait doper le marché à la fin de cette année (les ménages les plus aisés perdant le bénéfice du CITE en 2020), le début d'année médiocre (-2,3% sur le premier trimestre) a pesé sur l'activité d'ensemble.

Une conférence de presse de la FFB ne serait toutefois pas complète sans l'expression d'un certain nombre d'inquiétudes pour l'avenir. Celle du 10 septembre ne fait pas exception et a ainsi permis à la fédération de pointer un certain nombre de menaces. La principale est... la perspective de Bâle IV, sur les règles prudentielles des banques. Pour Jacques Chanut, Bâle IV "obligerait les banques à immobiliser beaucoup plus de fonds propres pour leurs activités de prêts immobiliers". Le ratio pourrait être de 4,5 euros de fonds propres pour 10 euros prêtés, au lieu de 2 euros actuellement.

Autre sujet d'inquiétude : la perspective d'une suppression du PTZ (prêt à taux zéro) dans le neuf à compter du 1er janvier 2020 en zones B2 et C, "soit sur les seuls territoires où la primo-accession des ménages modestes s'avère possible". S'y ajoutent aussi la suppression de l'accès au gazole non routier (GNR) et le rabotage de la déduction forfaitaire spécifique (DFS) sur les charges sociales. Sans oublier le très probable durcissement des règles sur le dépôt en décharge - et la hausse des coûts correspondants -, après le tragique décès du maire de Signes.

 

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