Economie sociale - Un référentiel pour l'accompagnement des associations employeurs
Une "nébuleuse". Voilà à quoi s'apparentent parfois les acteurs de l'accompagnement pour les associations employeurs. Si celles-ci songent à une première embauche, elles peuvent par exemple aller consulter leur maison des associations, ou encore leur point d'appui à la vie associative. Lorsqu'elles ont déjà des salariés, elles peuvent recourir aux dispositifs locaux d'accompagnement (DLA). "L'ensemble de l'offre est hétérogène", résume Florent Duclos, chargé de mission à l'Avise, qui anime le dispositif des DLA. "En outre, il demeure une zone grise dans l'accompagnement : il manque des intervenants entre l'idée initiale et le stade du développement." Ce qui a incité l'Avise et cinq autres acteurs de l'économie sociale (1), en 2008, à vouloir améliorer cet accompagnement des petites et moyennes associations (PMA) employeurs. Elles ont rapidement constaté "une réelle diversité des pratiques de soutien" et ont alors tenté de forger une vision et des outils, communs. Deux années de concertation avec des acteurs de terrain ont abouti à un consistant "référentiel de pratiques", qui vient d'être publié.
Projet collectif
En près de cent pages, le document rapporte déjà des réalités : ainsi, sur les quelque 1.100.000 associations françaises, 182.860 sont aujourd'hui employeurs. Le livret rappelle aussi plusieurs fondamentaux du secteur à but non-lucratif - dont le fait qu'"une association se définit avant tout par un projet collectif" et que, dès lors, "sa fonction économique est subordonnée à ses fonctions civiques et sociales"... Surtout, le référentiel propose cinq principes majeurs de l'accompagnement. Ainsi, l'emploi doit être conçu comme un simple moyen de réaliser le projet associatif - au même titre que le bénévolat ou encore les ressources financières. Autre exemple, si "l'emploi associatif relève du droit commun", il n'en est pas moins marqué par de fortes spécificités, telles que la coexistence avec le bénévolat. Enfin, très concrètement, le référentiel propose en guise de repères méthodologiques "six étapes pour agir", depuis le projet initial jusqu'aux conflits du travail éventuels. Embaucher nécessite notamment de réfléchir au préalable à la place des bénévoles, à la gouvernance, à la stratégie… Le document livre enfin plusieurs outils de travail, un lexique, et des ressources documentaires.
Une même table
De quoi, sans doute, intéresser les collectivités territoriales. "Elles sont un interlocuteur majeur des associations et de ceux qui les accompagnent, rappelle Henri Busnel, le délégué national du Réseau national des maisons des associations, à l'initiative du projet. Or les élus et les fonctionnaires territoriaux peuvent se retrouver en position de réagir à certaines de leurs difficultés." Et pas toujours à bon escient, malgré toutes leur bonne volonté... De fait, "aider les associations à s'appuyer sur des fondamentaux sains, pour mieux mener leurs projets à terme, n'est pas le métier des collectivités territoriales", souligne Florent Duclos. Les élus peuvent donc avoir intérêt à orienter les associations vers ces acteurs de l'accompagnement, qu'ils peuvent d'ailleurs eux-mêmes financer, voire gérer directement – à l'exemple de nombreuses maisons des associations.
Toutefois, selon Florent Duclos, les collectivités pourraient avantageusement se concerter durablement avec ces acteurs, ainsi qu'avec les services déconcentrés de l'Etat et les administrations : "Travailler autour d'une même table permet de construire une stratégie commune pour le territoire. Les différents dispositifs existants peuvent alors être mieux articulés dans une même direction." Les six organisations à l'initiative de ce référentiel n'ont d'ailleurs pas achevé leur travail commun. "Nous voulons cette année montrer aux élus en quoi nos différentes structures d'accompagnement sont bel et bien en complémentarité." Une information sans doute précieuse pour les financeurs...
Olivier Bonnin
(1) Chorum, CPCA, Crédit coopératif, RNMA et USGERES.