Habitat - Un Français sur vingt a déjà été privé de logement personnel
L'absence de logement est souvent perçue comme concernant des personnes en situation d'exclusion ou de grande détresse sociale. Or une étude de l'Insee montre que le phénomène est en réalité beaucoup plus fréquent. Elle fait en effet apparaître qu'environ une personne sur vingt s'est déjà trouvée sans logement personnel au cours de sa vie. Cette proportion de 5% représente un total de 2,5 millions de personnes. Sur cet effectif, 1,9 million de personnes ont trouvé refuge auprès d'un proche, tandis que 543.000 se sont effectivement retrouvés dépourvues de tout domicile et ont séjourné dans un service d'hébergement et/ou dans un lieu non prévu pour l'habitation : rue, parc, voiture... Les périodes sans logement personnel sont d'une durée très variable : 24% des personnes concernées ont connu une telle situation durant moins de trois mois, tandis que 18% ont vécu ainsi durant trois ans et au-delà. L'étude de l'Insee montre aussi l'existence de forts déterminants sociaux parmi les personnes touchées par l'absence de logement. Les ouvriers et les employés sont ainsi surreprésentés (65% des personnes concernées, contre 55% parmi les personnes n'ayant pas connu de telles situations). Les autres catégories surreprésentées sont les hommes (52% contre 47%), les personnes d'âge moyen entre 30 et 49 ans (49% contre 35%) et celles de nationalité étrangère (11% contre 5%).
Un autre enseignement important de l'étude réside dans le parcours ultérieur des personnes ayant été confrontées à une absence de logement personnel. Les résultats montrent en effet une nette tendance à la persistance des difficultés liées au logement. Les anciens sans-domicile sont ainsi deux fois plus souvent locataires que les personnes ayant toujours eu un logement personnel. Ils habitent également davantage dans les zones urbaines sensibles, dans des immeubles collectifs et dans des quartiers à taux de chômage élevé. De même, ils logent plus fréquemment dans des hôtels, des garnis, des meublés ou des sous-locations. Même si leur logement dispose des éléments basiques de confort (97% ont à la fois des W-C et une baignoire ou une douche, contre 99% dans la population générale), il n'en reste pas moins plus précaire. Ainsi, 32% des anciens sans-domicile disent avoir souffert du froid l'hiver précédent, contre 14% des personnes ayant toujours eu un logement personnel. Plus du tiers (35%) déclarent également avoir eu des difficultés à payer leur loyer ou les charges au cours des deux dernières années. Cette persistance des difficultés liées au logement s'explique essentiellement par le statut des personnes concernées au regard de l'emploi. Les anciens sans-domicile sont ainsi plus souvent au chômage que les personnes ayant toujours eu un logement personnel et, lorsqu'ils travaillent, ils bénéficient plus rarement d'un contrat à durée indéterminée (CDI) et exercent plus souvent un métier d'ouvrier ou d'employé.
Jean-Noël Escudié / PCA