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Lutte contre la pauvreté - Un "fonds d'expérimentations" pour les jeunes, un groupe de vigilance européen, de nouveaux indicateurs...

Les jeunes démunis ont été au coeur de la Journée du refus de la misère ce vendredi 17 octobre en France, le gouvernement annonçant par la voix de Martin Hirsch qu'il allait "mettre de l'argent" dans un "fonds d'expérimentations" qui leur sera destiné. "C'est une catégorie particulièrement touchée, une catégorie un peu coincée parce qu'ils sont trop vieux pour les allocations familiales et un peu trop jeunes pour d'autres mesures", a souligné le haut commissaire aux Solidarités actives sur France Info. Il s'agit "d'avoir pour eux la même démarche que celle que l'on a eu pour les adultes avec le revenu de solidarité active, donc commencer à pouvoir faire des programmes expérimentaux qui soient de véritables réponses à leurs besoins de revenus, d'emploi et de formation", a-t-il ajouté. Martin Hirsch devait officialiser le nouveau dispositif vendredi en fin de journée devant 600 jeunes réunis pour les deuxièmes Assises de la jeunesse organisées par le Conseil économique et social (CES). On en saura alors sans doute un peu plus, l'annonce restant pour l'heure imprécise.
Les jeunes réunis au CES ont pour leur part fait plusieurs propositions au gouvernement, comme la création d'un "chèque-formation", d'une "couverture universelle" pour la jeunesse, et la "mise en place d'une politique volontariste pour les 150.000 jeunes qui sortent chaque année du système scolaire sans qualification". Côté logement, certains ont réclamé une "incitation fiscale pour les propriétaires pour louer aux jeunes", d'autres la création "d'agences de colocation".

 

"Inclusion active"

La veille, jeudi 16 octobre, le haut commissaire participait à Marseille à une réunion informelle des ministres européens en charge de la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Il a indiqué à cette occasion qu'un groupe de vigilance sera établi avec ceux des 27 Etats membres de l'UE qui le souhaitent pour "vérifier que les conséquences de la crise financière ne soient pas une remontée de la pauvreté". Il s'agira d'échanger des informations et de "travailler avec la Commission européenne pour qu'il y ait des remontées d'indicateurs plus rapides (..) et ne pas se retrouver avec des phénomènes qu'on n'aurait pu juguler parce qu'on ne les aurait pas mesurés", a expliqué Martin Hisrch, citant l'affluence dans les centres d'hébergement ou l'exclusion bancaire.
Les ministres ont également convenu que des expérimentations pourraient être menées. Un réseau européen de mutualisation des bonnes pratiques sera étudié, notamment aux premières Rencontres de l'expérimentation sociale en Europe à Grenoble les 21 et 22 novembre, avec l'appui de la Commission, en mobilisant le Fonds social européen et le programme Progress.
Les ministres, qui doivent se retrouver en conseil Epssco (Emploi, politique sociale, santé, consommateurs) les 15 et 16 décembre, ont estimé que "les principes de l'inclusion active" - revenu minimum, retour à l'emploi, accès aux services sociaux - qui figurent dans la recommandation de la Commission du 3 octobre "sont de bons principes".

 

Avoir "des objectifs quantifiés" et les mesurer

Ils ont par ailleurs discuté de l'élaboration d'objectifs nationaux chiffrés, à l'instar de la France. "La plupart des Etats membres ont considéré qu'il était important d'avoir des objectifs quantifiés de réduction de la pauvreté", a assuré le haut commissaire français.
Celui-ci avait précisément rendues publiques mercredi 15 octobre les premières données du "tableau de bord de suivi de la pauvreté", outil composé de 11 objectifs, 18 indicateurs principaux et 21 indicateurs complémentaires. Il s'agit de "suivre au cours des cinq prochaines années l'évolution de la pauvreté" afin de concrétiser l'objectif de baisse d'un tiers du nombre de pauvres d'ici 2012 annoncé par le chef de l'Etat.
"Chaque indicateur du tableau de bord donne un éclairage complémentaire au taux de pauvreté ancré dans le temps", retenu comme indicateur central, expliquent les services de Martin Hirsch. Ce taux de pauvreté ancré dans le temps a été fixé à 60% du revenu médian (soit pour 2006, la dernière année connue, 880 euros) et sera ensuite réévalué en fonction de l'inflation. Les indicateurs complémentaires sont quant à eux en partie thématiques (emploi, logement, santé, éducation/formation), d'autres devant permettre de mesurer le cumul des difficultés, l'intensité de la pauvreté, les inégalité, le "reste à vivre", etc.
Alors que l'association ATD-Quart Monde a contesté la pertinence des indicateurs retenus, Martin Hirsch a souligné que les cibles avaient été "discutées avec les partenaires sociaux et les associations". Il a par ailleurs déclaré à l'AFP qu'il avait appelé les associations d'aide aux démunis à "une réunion de travail" fin octobre, sur les effets éventuels de la crise sur les personnes en situation précaire.

 

C.M., avec AFP