Environnement - Transition énergétique, déchets, mobilités : l'Ademe sur tous les fronts en Ile-de-France
Structurée par pôles et forte d'une petite quarantaine d'experts, animateurs de réseau, chargés de mission et surtout d'ingénieurs, l'Ademe Ile-de-France travaille dans une forte logique partenariale avec d'autres acteurs publics et privés, se positionne au plus près des élus et acteurs locaux, et accompagne des réalisations exemplaires et des innovations technologiques. Son budget : 47,8 millions d'euros. Les trois quarts sont dévolus aux appels à projets lancés. Chaleur renouvelable, économie circulaire, bâtiments économes en énergie, ces financements ont bénéficié l'an dernier à une soixantaine de projets lauréats. Mais c'est bien plus de projets - en moyenne 250 projets par an - que l'agence accompagne pour qu'ils deviennent opérationnels.
"Nous accompagnons, fournissons un appui méthodologique et financier. Motivons les élus et acteurs locaux à se saisir des opportunités, à s'approprier les enjeux. Nous allons par exemple lancer dans les prochaines semaines un appel à projets pour aider les transporteurs à se convertir au gaz naturel comme carburant (GNV). C'est un travail avec les fédérations de professionnels, avec la région, GRDF mais qui intègre aussi un effort de sensibilisation des élus. Ils sont propriétaires du foncier sur lequel il faut implanter des stations. Et les risques liés à ces installations parfois les inquiètent, charge à nous de les rassurer", explique Joëlle Colosio, directrice régionale de l'Ademe. Sur l'urbanisme durable, l'agence va jusqu'à proposer aux élus et techniciens des formations gratuites. Et elle s'apprête en outre à mettre en ligne un portail conçu avec ses partenaires dont l'association Ekopolis. Ce portail aménagement durable Ile-de-France (Padif) va réunir des informations sur l'aménagement durable (formations, financements, appels à projets)…
Financeuse et tête chercheuse
L'Ademe échange aussi avec les collectivités sur un tout autre enjeu, la rénovation énergétique et l'information des habitants. Les points rénovation info service (PRIS) qu'elles cofinancent affichent un bon bilan. Mais l'ensemble est à consolider, en dialogue avec la région et les établissements publics territoriaux (EPT) de la métropole. L'agence conserve aussi son rôle de tête chercheuse, notamment pour développer les énergies renouvelables. "Sachant que la plus importante d'entre elles est la géothermie profonde. Ces dernières années l'accent a été mis sur sa relance. C'est une opportunité que les collectivités ont su saisir, les entreprises aussi, mais il fallait l'appui de l'Etat", ajoute Joëlle Colosio. La géothermie chauffera ainsi Grigny, Viry-Châtillon, Rosny-sous-Bois, Montreuil... La marge de développement des réseaux de chaleur reste forte. "Les élus prennent parfois le temps de la réflexion. L'étape indispensable durant laquelle nous les accompagnons est la réalisation du schéma directeur des réseaux de chaleur", poursuit-elle.
Autre priorité de l'année : avec la région et la Société du Grand Paris (SGP), maître d'ouvrage du gigantesque chantier du métro du Grand Paris Express, dont le premier tronçon doit faire l'objet d'une notification de marché d'ici à fin avril, l'Ademe Ile-de-France participe à un groupe de travail sur la gestion des déchets issus des tunneliers et démolitions. Traçabilité sur les tonnages qui sortent des chantiers, qualité (ou leur caractère pollué), itinéraire qu'ils empruntent... Avec une spécificité géologique de taille dans le bassin parisien, puisqu'en présence de gypse, le déblai n'est pas considéré comme inerte. Favoriser la réutilisation de certains matériaux est une voie possible. Un texte réglementaire est d'ailleurs en cours de révision. L'Ademe Ile-de-France se dit attentive à l'exemplarité des solutions qui seront retenues. "Notre rôle est d'orienter, de tirer vers l'avant, de débloquer les verrous. Pour implanter une plateforme de valorisation de ces déchets de chantier du Grand Paris, le principal verrou reste le foncier. Nous orientons vers une solution en dehors de l'Ile-de-France, à l'échelle de la Vallée de la Seine."
Côté déchets, c'est par le biais de la prévention et de la réduction des gaspillages que l'agence développe aussi un dispositif complet d'accompagnement des collectivités, incluant des formations, de l'animation de réseau, de la capitalisation de retours d'expériences. "Via les programmes locaux de prévention que nous soutenons, une soixantaine de collectivités, des intercommunalités surtout, ont bénéficié de notre appui avec de réelles avancées, mesurables, très visibles par exemple dans la communauté d'agglomération Est Ensemble", motive Jean-Marie Chaumel, directeur régional adjoint de l'Ademe. Dans la région, cinq territoires sont engagés dans la dynamique zéro déchet liée à l'appel à projets ministériel. "On dépasse avec elle le cadre de la prévention. Plus globale, elle comprend des actions de valorisation. Et donne lieu à des candidatures groupées, par exemple entre le syndicat intercommunal de traitement et deux communautés d'agglomération, ou un département et une CCI, etc.", conclut-il.