Transition écologique : de la nécessité d’adapter les formations

De nouvelles formations seront nécessaires pour mener à bien la transition écologique. Tout l’enjeu consiste à affiner les besoins en compétences au sein des territoires.

Un million d’emplois net créés d’ici à 2030. Tel pourrait être le résultat de la mise en œuvre du Pacte vert (lire notre article) annoncé par la Commission européenne. A l’occasion d’une conférence en ligne organisée jeudi 30 juin par la plateforme Epale*, Tim Van Rie, gestionnaire des politiques compétences numériques et vertes à la Direction générale emploi, a rappelé à quel point ce chiffre était "modeste" à l’échelle des 190 millions de travailleurs européens.

Le passage à une économie bas carbone aura surtout "des effets majeurs sur les métiers existants", a-t-il souligné. Cela exigera l’acquisition de compétences spécifiques (à l’image du garagiste qui devra réparer des véhicules électriques), mais également transversales, visant à la "prise de conscience écologique" (par exemple apprendre à acheter durable). D’où l’importance d’adapter la formation tout au long de la vie à ces enjeux. A cet égard, il souligne l’intérêt des micro-certifications, que la Commission européenne veut favoriser, afin de concourir à cet objectif (lire notre article).

Liste de métiers nationale ou territoriale ?

D’autant que des opportunités existent : en France, 71% des métiers verts (domaines de l’eau, de l’énergie et de la protection de la nature) et verdissants (bâtiment, industrie, transports, agriculture, tourisme…) "connaissent des difficultés de recrutement", a souligné Sophie Margontier, chargée de mission à l’Observatoire national des emplois et des métiers de l’économie verte. Si les origines de ces difficultés sont connues (rotation de la main d’œuvre, mauvaises conditions de travail…), l’experte souligne qu’il existe un "enjeu sur la mise en place de formations adaptées aux besoins du territoire" pour remédier aux inadéquations territoriales entre offre et besoins de compétences. 

Un sujet sur lequel travaille justement le Réseau des Carif-Oref. L’association réunissant les observatoires régionaux de l’emploi et de la formation expérimente depuis un an, à la demande du ministère du Travail, une évaluation des besoins en compétences relatives à la transition écologique sur trois territoires : Pays de la Loire, Centre-Val de Loire et Normandie. Tous les maçons maîtrisent-ils l’isolation avec des briques de chanvre ? Quid de la formation des transporteurs de marchandises en éco-conduite ? Le résultat de l’enquête pourrait donner des résultats divergents, selon les spécialisations des territoires. "L’idée, c’est de savoir si la transition peut être suivie de manière nationale, ou s’il faut avoir un cadre territorialisé", explique Ludovic Bertrand, directeur du réseau. De quoi potentiellement affiner les achats publics de formations qui, parfois, ne couvrent pas tous les besoins, selon l’expert.

L’économie sociale et solidaire, porteuse de projets

Une autre piste consiste à favoriser les projets d’activités écologiques qui travaillent à l’inclusion des publics éloignés de l’emploi, nombreux dans l’économie sociale et solidaire. C’est l’objet du projet "Fermes d’avenir" lancé par le groupe SOS qui vise à "former la prochaine génération de cultivateurs aux méthodes d’agriculture durable". Leur programme de compagnonnage est soutenu par Erasmus + afin d’échanger les expériences avec trois autres partenaires européens. Le groupe SOS organise ainsi des immersions dans ces fermes afin d’apprendre le métier de maraîcher agro-écologique. En plein développement, le réseau des Écoles ETRE (Ecoles de la transition économique) propose aux jeunes des formations gratuites dans divers métiers en recourant aux financements publics. Grâce à la mise en place en Occitanie du revenu de transition écologique, les jeunes stagiaires des cinq écoles actives dans la région (sur 10 dans toute la France) voient leur rémunération au titre de la formation professionnelle majorée à 1.000 euros.   

Le rôle des collectivités est majeur dans l’émergence de projets, puis de nouveaux métiers. A l’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), l’association Halage, qui gère un atelier et chantier d’insertion, s’est vu confier une friche industrielle de 3,6 hectares qui a été reconvertie autour de trois activités : un parc, une ferme florale ainsi que la collecte et le compostage de déchets organiques afin d’enrichir, entre autres, les terres polluées du site. "Derrière, ce sont de nouveaux métiers urbains (…)", explique Stéphane Berdoulet, co-directeur de l’association, citant les postes de collecteur-composteur ou horticulteur en milieu urbain.

* European platform for Adult Learning : plateforme électronique pour l’éducation et la formation des adultes en Europe, abritée par l’agence Erasmus+ France