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Prestations - Tous les départements ne sont pas égaux devant les aides sociales

L'Insee et la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques des ministères sociaux (Drees) publient les résultats d'une étude intitulée "Aides sociales à l'insertion et aux personnes âgées : les situations contrastées des départements". Ces deux domaines représentent, à eux seuls, 2,7 millions de bénéficiaires des aides sociales départementales, sur un total de 3,3 millions. Mais le principal intérêt de l'étude réside surtout dans l'analyse des écarts géographiques dans la répartition des aides sociales.

RSA : des écarts liés à la situation économique

Comme on pouvait s'y attendre, la répartition spatiale du revenu de solidarité active (RSA) est étroitement liée aux écarts de pauvreté entre départements, eux-mêmes corrélés au taux de chômage. La surprise vient plutôt de l'ampleur de ces écarts. Pour le RSA, le ratio est en effet de un à quatre entre le département où le taux de bénéficiaires est le plus faible et celui où il est le plus élevé. En termes géographiques, les taux les plus importants (plus de 1,5 fois la moyenne nationale) s'observent dans des départements plutôt à dominante urbaine : ceux situés sur le pourtour méditerranéen (Var et Alpes-Maritimes exceptés), dans le Nord-Pas-de-Calais, ainsi que les Ardennes et la Seine-Saint-Denis. A l'inverse, ceux présentant les taux de RSA les plus faibles sont soit des départements à dominante rurale (Aveyron, Corrèze, Haute-Loire, Lozère, Mayenne), soit des départements riches et/ou dynamiques sur le plan économique (Ain, Haute-Savoie, Savoie, Vendée, Yvelines). Bien que le RSA proprement dit ne soit pas accessible avant 25 ans, l'étude montre également une forte corrélation entre cette prestation et la proportion de jeunes en situation de pauvreté.

Personnes âgées : une dominante rurale

En matière de personnes âgées, l'étude prend en compte à la fois l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) et les aides sociales pour l'accueil en établissement. Elle fait apparaître une répartition spatiale différente, dans laquelle les départements ruraux - à la fois pauvres et avec un fort taux de personnes âgées - sont surreprésentés. Pour un taux national de 9,3% de personnes de plus de 65 ans bénéficiaires d'au moins une aide sociale servie par les conseils généraux, trois départements - le Gers, la Corse-du-Sud et la Haute-Corse - présentent ainsi un pourcentage plus de 1,5 fois supérieur à cette moyenne. Une vingtaine de départements affichent un taux compris entre 1,15 et 1,5 fois la moyenne nationale. Ils sont, pour l'essentiel, situés à proximité de la Manche (de la Mayenne au Pas-de-Calais), dans le grand Massif Central et en Midi-Pyrénées. Il s'agit très majoritairement de territoires à dominante rurale, même si l'on y trouve quelques grands départements urbains (la Seine-Maritime ou l'Hérault). A l'inverse, six des huit départements d'Ile-de-France, ainsi que le Rhône et plusieurs départements du grand Bassin Parisien (Eure, Eure-et-Loir, Marne, Oise) présentent des taux compris entre 0,55 et 0,85 fois la moyenne nationale. La plupart de ces départements se caractérisent à la fois par un faible taux de pauvreté (Marne exceptée) et par une plus faible proportion de personnes âgées dans la population.
Enfin, Paris constitue un cas particulier, avec un profil très atypique. Le niveau de vie médian y est en effet très supérieur à la moyenne nationale, mais la capitale présente pourtant des taux de personnes âgées bénéficiaires de prestations et d'allocataires du RSA proches des moyennes nationales, contrairement à d'autres départements disposant également d'un niveau de vie élevé (comme les Hauts-de-Seine ou les Yvelines). Selon l'Insee, "ce résultat est probablement à relier aux inégalités de niveau de vie bien plus marquées que dans les autres départements".