PLF 2010 - Tourisme : Atout France, de grandes ambitions, mais de faibles moyens
Dans le cadre de l'examen par l'Assemblée nationale du projet de loi de finances (PLF) pour 2010, le rapporteur spécial des crédits du tourisme - Jean-Louis Dumont, député (PS) de la Meuse - s'est plus particulièrement penché sur les actions de promotion de l'offre touristique française. Il est vrai que l'enjeu économique est important : même si elle doit être bientôt dépassée par la Chine, la France demeure la première destination touristique mondiale et les pouvoirs publics se sont fixés un objectif ambitieux - et désormais assez peu réaliste avec la crise économique - de 100 millions de visiteurs étrangers à l'horizon 2015.
Atout France - principal instrument de promotion internationale de l'offre touristique française et désormais opérateur unique de l'Etat dans le secteur - a été officiellement lancé en mai dernier, par fusion entre Odit France et la Maison de la France (voir notre article ci-contre du 20 mai 2009). Organisé sous la forme d'un groupement d'intérêt économique (GIE) associant public et privé, Atout France doit disposer en 2010 d'une enveloppe budgétaire de 34,7 millions d'euros. Ainsi que le relève le rapporteur spécial, cette somme est inférieure au total alloué en 2009 à Odit France et à la Maison de la France. Cette diminution pourrait se justifier par des économies consécutives à la fusion, mais tel n'est pas le cas, puisque Atout France a, au contraire, reçu des missions supplémentaires après la fusion (tenue du registre des opérateurs de voyage, interventions dans le domaine du classement des hébergements touristiques...). Pour être complet, il faut ajouter à ces 34,7 millions d'euros, 7,74 millions de dépenses d'intervention directe de l'Etat, ce qui porte à 42,48 millions d'euros le total des autorisations d'engagement et des crédits de paiement consacrée à l'action "Promotion de l'image touristique de la France et de ses savoir-faire", soit une légère progression de 4% par rapport à 2009.
Même ainsi augmentée, l'enveloppe budgétaire demeure modeste, comme le montre la comparaison effectuée par le rapporteur avec la situation de l'Espagne, le principal rival européen de la France en matière touristique. Turespaña - l'équivalent ibérique d'Atout France - dispose ainsi en 2009 d'une enveloppe de 224,7 millions d'euros, dont 83,4 millions consacrés directement à des actions de promotion et de communication, c'est-à-dire deux fois le budget global d'Atout France (qui couvre également bien d'autres dépenses que la promotion). Pour faire face à la crise, qui touche durement le tourisme espagnol, l'Etat a en outre alloué une enveloppe supplémentaire de 42,5 millions d'euros, destinée à renforcer les actions de communication à l'international. Malgré ces écarts, la France est tout de même parvenue à conserver, en 2008, son rang de première destination touristique mondiale, avec 79,3 millions d'arrivées de touristes non-résidents (-3 % par rapport à 2007). Mais elle reste aussi toujours au troisième rang, derrière les Etats-Unis et l'Espagne, en termes de recettes du tourisme international.
Jean-Noël Escudié / PCA
Référence : projet de loi de finances pour 2010 (examiné à l'Assemblée nationale du 20 octobre au 17 novembre 2009).