Thibaut Guilluy passe son grand oral devant les sénateurs
Candidat au poste de directeur général de Pôle emploi, Thibaut Guilluy, préfigurateur de la réforme France Travail, a été auditionné mercredi 6 décembre par la commission des affaires sociales du Sénat. L’occasion pour lui de préciser sa feuille de route sous le regard attentif et exigeant de sénateurs qui ont fait part de leurs interrogations sur le fond de la réforme qui entre en vigueur au 1er janvier 2024.
Sur proposition du président de la République, Thibaut Guilluy pourrait succéder en début d’année à Jean Bassères, qui occupait le poste depuis 2011, à la direction générale de l’opérateur Pôle emploi. Auditionné mercredi 6 décembre devant la commission des affaires sociales du Sénat, le candidat Guilluy a déroulé sa feuille de route, faisant quelques mises au point nécessaires sur les éléments clés du projet France Travail adopté à l’automne dernier et dont il aura été la cheville ouvrière.
Devenir directeur général de Pôle emploi serait "une chance unique de poursuivre mon engagement personnel" a-t-il rappelé d’emblée, revenant sur un parcours "de 20 ans dans l’entrepreneuriat social" ayant forgé une croyance fondamentale dans "l’émancipation par le travail". Rappelant ses récents états de services, il a notamment souligné son action auprès de Murielle Pénicaud pour la mise en place du CDD tremplin ou encore le dispositif 1 jeune / 1 solution avec Elisabeth Borne. Sans oublier évidemment son mandat de préfigurateur de France Travail, confié par le ministre Olivier Dussopt, et dont l’objectif est bien d’atteindre "le plein emploi en 2027".
"Une logique de personnalisation des parcours"
Devant les sénateurs, Thibaut Guilluy a donc vanté "la méthode France travail", un édifice tout en co-construction destiné "à remettre l’usager au centre" à travers deux priorités : "construire un accompagnement vers l’emploi adapté à chacun et répondre plus efficacement aux besoins des entreprises". Désormais, le préfigurateur de France travail se dit prêt à engager la transformation de l’opérateur Pôle emploi.
Et les chantiers sont nombreux, depuis la mise en œuvre des nouvelles orientations jusqu’à la gouvernance du réseau avec les comités locaux qui devront venir "renforcer la culture du pilotage au résultat !", annonce le candidat. L’intensification de l’accompagnement est annoncée comme la clé de voûte de l’ensemble, "dans une logique de personnalisation des parcours" que Thibaut Guilluy résume d’une formule : "l’aller-vers, qui est la philosophie des 15h d’activités..." Une démarche qui doit être associée à une prospection plus fine des entreprises pour lesquelles Pôle emploi doit jouer son rôle de "conseiller RH". "Nous devrons également travailler aux cotés des régions et des branches professionnelles" pour, par exemple, rendre plus efficaces des dispositifs tels que "la préparation opérationnelle à l’emploi individuelle" (POEI), suggère Thibaut Guilluy.
Accroître la coopération entre Pôle emploi et les acteurs économiques
Interrogé par Philippe Mouiller, le président de la commission des affaires sociales, l’ancien préfigurateur de France Travail a confirmé la trajectoire financière annoncée par le ministre du Travail "aux côtés des régions pour la formation des demandeurs d’emploi" : soit 300 millions d'euros en 2024, 500 millions en 2025, 750 millions en 2026 et potentiellement 1 milliard d'euros en 2027. S’agissant des départements, les 18 territoires s’étant engagés dans l’expérimentation de France Travail ont pu bénéficier en 2023 de 20 millions d'euros, rappelle Thibaut Guilluy. Un montant qui sera porté à 170 millions dès 2024.
Son autre cheval de bataille, c’est "l’organisation de la coopération avec les acteurs économiques (réseau consulaire, branches professionnelles...) pour faire équipe et s’assurer que l’on prospecte plus d’entreprises" et notamment des TPE "qui sont trop nombreuses à ne pas bénéficier des services de Pôle emploi". Enfin, s’agissant du rapprochement avec Cap emploi, il prévoit de "jouer de la complémentarité" entre les deux organismes plutôt que de parler de fusion : "90% des conseillers de Pôle emploi disent avoir amélioré leurs compétences à ces partages de connaissance", avance-t-il à l’appui de sa démonstration. "Mais il faut que l’on aille plus loin afin de tester notre capacité à orienter les personnes quelle que soit leur situation".
Thibaud Guilluy entend bien s’appuyer sur le réseau des missions locales
En réponse aux interrogations des membres de la commission des affaires sociales, Thibaut Guilluy s’est exprimé sur le rôle des missions locales au sein de France Travail, rappelant que "la co-construction s’est faite avec l’Union nationale des missions locales". Prenant l’exemple des élèves de lycées professionnels qui sont accompagnés par Pôle emploi dans les six mois précédant leur sortie, il propose d’étendre le dispositif au réseau des missions locales "pour sortir de cette exclusivité de Pôle emploi". Un travail identique est d’ailleurs mené avec les présidents d’universités afin de proposer des parcours d’orientation et de réorientation en lien avec France Travail et les missions locales. Quant à l’animation du réseau France Travail, Thibaut Guilluy, compte bien s’appuyer sur les quelque 7.000 implantations des missions locales pour tenir la promesse de proximité de France Travail.
Enfin, face aux doutes exprimés sur la gouvernance de France Travail, Thibaut Guilluy concède volontiers qu’il les partage et plaide d’une manière générale pour davantage de collégialité entre les élus et les services de l’Etat "pour mieux identifier les personnes qui ont besoin d’un accompagnement".