Archives

Environnement - Territoires à énergie positive : les subventions arrivent chez les préfets

"De la vitesse et de la réactivité" : le président François Hollande a garanti, le 20 avril, que les 212 projets arrivés à maturité et distingués début février par le ministère de l'Ecologie dans le cadre de l'appel à projets national "Territoires à énergie positive pour la croissance verte", disposeront bien dès la semaine prochaine, via les préfets, d'une subvention de 500.000 euros par territoire.

Le 20 avril, lors d'une réunion à l'Elysée des lauréats des territoires à énergie positive, François Hollande est intervenu pour saluer leur engagement : "528 candidatures déposées par des collectivités de tous rangs dans le cadre de cet appel à projets, ce n'est pas rien !" Les 212 territoires couronnés à son issue attendent chacun 500.000 euros. Et de rappeler que "c'est là un premier pas, sachant que l'aide pourra être à terme portée jusqu'à deux millions d'euros, en fonction de la qualité des projets". Ce sont les préfets qui toucheront ce chèque loin d'être anodin en ces temps de disette et de baisse des dotations. "Nous veillons à ce que les collectivités puissent rapidement toucher l'argent pour lancer au plus vite les projets actés. Notamment ceux, nombreux, qui amélioreront la performance énergétique des bâtiments, tout en générant dans cette filière des emplois rapidement", assure la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal.

Diversité de projets

Ce qui frappe, c'est l'extrême diversité des profils de projets récompensés. "Il y en a même dans le milieu rural ! Et des projets d'ailleurs clairement tournés vers les agriculteurs, qui sont à associer à cet effort de valorisation des potentiels d'économie d'énergie et de production d'énergies renouvelables", s'enthousiasme le député du Gers Philippe Martin. L'ancien ministre de l'Ecologie précise que, dans ce département, ces 500.000 euros financeront un programme d'action sur six ans. Son but : réduire les consommations, et donc les charges eau et énergie des agriculteurs. Il faut pour cela les mobiliser, aussi les aider à s'équiper. Côté champs, la technique de semis direct sous couvert préserve le sol de toute intervention mécanique et réduit la facture énergétique. "Mais elle nécessite des outils adéquats. Pour aider des agriculteurs à s'outiller, il nous faut s'impliquer dans la filière de machinisme agricole", ajoute-t-il.

D'où vient l'argent ?

L'enveloppe de 1,5 milliard d'euros sur trois ans allouée à cette première vague d'appel à projets - baptisée fonds de transition énergétique - est un outil dont la ministre et le président s'entendent pour souligner l'originalité. Bâti à partir de dividendes provenant des grands énergéticiens, de fonds propres de la Caisse des Dépôts, de ressources issues du programme d'investissements d'avenir et des recettes issues des certificats d'économies d'énergie (CEE), il permet d'enclencher une relance des efforts dans une dizaine de collectivités par région. "Le mouvement est en marche. Et nous n'oublions pas les 316 autres derrière, également accompagnés, pour lesquels les contrats locaux de transition énergétique sont en préparation", rassure la ministre de l'Ecologie. Leur sort reste néanmoins beaucoup plus dans le flou.

Des élus (forcément) satisfaits

Comment les élus locaux voient-ils les choses ? "Nous n'avons pas attendu cet appel à projets pour agir. Mais il nous aide à nous relancer, à s'investir et innover", motive Joaquim Pueyo, maire et président de la communauté urbaine d'Alençon. Couronnée dans le cadre de l'appel à projets zéro déchet, sa collectivité ne s'efforce pas que de réduire ses déchets ménagers, elle agit sur tous les fronts : "Les enjeux ne peuvent qu'être abordés dans leur globalité", dit-il, tant sur le développement de circuits courts et la mobilité que, côté réduction du gaspillage donc, sur la vente en vrac, qu'elle va aider à développer dans un commerce d'épicerie. "Ce chèque, c'est du concret", appuie Laurent Tonnerre, de Lorient agglomération, qui explique qu'il va aider à déployer dès juillet 10.000 compteurs intelligents Linky dans la ville, ainsi qu'à terme une "boucle locale énergétique". Plus au centre (Loir-et-Cher), dans la communauté du Pays de Vendôme et la ville du même nom, on rappelle que l'électromobilité en zone semi-rurale, mal perçue il y a cinq ans, intéresse aujourd'hui du monde. "Grâce à ces 500.000 euros, nous allons notamment investir en interne dans des utilitaires électriques et aider la base de loisirs d'un plan d'eau voisin, labellisé Pavillon bleu, à convertir sa flotte aux véhicules propres", témoigne Isabelle Maincion, maire de La Ville-aux-Clercs, une bourgade du même département. Dans le Rhône, la communauté de communes de l'Ouest Rhodanien utilisera ce chèque pour mettre en place un fonds local de la rénovation énergétique, lancer une étude de faisabilité en vue de valoriser le potentiel de méthanisation territoriale et lancer cet été une plateforme de la rénovation énergétique pour conseiller, accompagner les habitants dans tous leurs projets de rénovation.

Y a-t-il des contreparties ?

500.000 euros pour d'heureux élus, mais en échange de quoi ? Une chose est sûre : les lauréats devront jouer le jeu d'une dynamique nationale que le ministère entend bien valoriser, a fortiori à l'approche de la COP21, la grande conférence des Nations unies sur le climat qui se tiendra à Paris en fin d'année. Il leur faudra donc alimenter les outils lancés en parallèle de l'aide apportée : "Un compteur des engagements pris par les territoires, qui va être créé par l'Ademe, recensera les actions et affichera les résultats lors de la conférence climat", prévient ainsi Ségolène Royal. Les territoires devront donc remplir dans les prochains jours une "fiche action". Enfin, tout en soulignant que le nombre de missions de service civique serait particulièrement développé cette année (70.000), dans l'objectif d'atteindre la barre des 150.000 en 2017, François Hollande a demandé à ces territoires à énergie positive de faire "preuve de volonté pour (les) accueillir".