Tensions entre Juliette Méadel et les bailleurs sociaux : l’USH dénonce des attaques injustes

Réuni ce mercredi 19 mars, le comité exécutif de l’Union sociale pour l’habitat a fait part de son indignation quant aux critiques émises récemment par la ministre de la Ville, Juliette Méadel, sur l’entretien de certaines résidences. L’organisation redoute notamment que la suppression de l’abattement de la taxe foncière sur les propriétés bâties n’aggrave davantage la situation dans les quartiers prioritaires.

Chez les bailleurs sociaux, les récents propos de Juliette Meadel, ministre de la Ville, au sujet de l’entretien des parties communes des immeubles situés en politique de la ville n’ont pas fini de faire réagir. Mi-février, constatant que cette obligation n’était pas respectée dans un département sur deux de même que certains services liés à la propreté et à la gestion des déchets, la ministre avait demandé aux préfets de réaliser un état des lieux précis des actions des bailleurs sociaux, et brandi la menace d’une remise en cause de l’abattement de 30% des la taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB) dont bénéficient les organismes en cas de manquements (lire notre article).

Mercredi 19 mars, à l’issue de son comité exécutif, l’Union sociale pour l’habitat a regretté que Juliette Meadel mette en cause leurs interventions en occultant la complexité des réalités vécues dans les QPV où se cumulent précarité sociale, enclavement économique et insécurité. "Les bailleurs sociaux, qui œuvrent quotidiennement pour offrir des logements décents et abordables, se sentent injustement attaqués", déplore l’USH dans un communiqué en insistant sur le fait que les quartiers en politique de la ville "sont le fruit de politiques nationales et locales d’aménagement du territoire qui, depuis des décennies, n’affrontent pas la question de la mixité et des égoïsmes territoriaux au bon niveau." Les propos de la ministre créeraient de fait un "climat de tensions locales" et accentueraient un "sentiment de découragement parmi des équipes courageuses et dévouées qui se sentent dévalorisées et incomprises."

Une mesure qui aggraverait la situation dans les QPV

La possible suppression de l’abattement de la TFPB évoquée par Juliette Méadel suscite également l’inquiétude : cet allègement fiscal, financé en majorité par les collectivités locales, représente 315 millions d’euros annuels réinvestis pour renforcer le lien social, assurer la tranquillité résidentielle et améliorer l’entretien du patrimoine dans les QPV. L’USH souligne aussi que les coûts de gestion et d’entretien courant dans ces quartiers s’élèvent à 2,5 milliards d’euros par an pour les bailleurs sociaux, des dépenses couvertes principalement par les loyers des habitants dont l’évolution est strictement encadrée par la loi. Selon l’USH, supprimer cet abattement risquerait de fait d’aggraver la situation en obligeant les bailleurs à réduire leurs actions en faveur des habitants.

Face à ces tensions, l’organisation appelle la ministre à prendre conscience des enjeux et à soutenir les bailleurs sociaux plutôt qu’à les "menacer". Elle insiste sur la nécessité de rassembler les acteurs du logement social autour d’une statégie commune pour répondre aux défis des quartiers prioritaires. "Pour faire vivre l’égalité républicaine, nous avons besoin de réunir plutôt que de fracturer celles et ceux qui sont engagés sur le terrain", conclut l'USH. Un message clair envoyé au gouvernement, alors que la question du financement du logement social et de la politique de la ville demeure un enjeu critique - les élus locaux l'ont encore redit le 13 mars avec leur "appel d'Épinay-sous-Sénart" - et qu'un comité interministériel des villes (CIV) est en préparation.

 

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