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Environnement - Suspension de l'extraction de sable dans la baie de Lannion et lancement d'une inspection

Objet d'une vive opposition locale, l'extraction de sable coquillier dans la baie de Lannion par la Compagnie armoricaine de navigation (CAN) vient d'être suspendue, deux jours après une manifestation qui a réuni entre 3.800 et 5.000 personnes dans la ville des Côtes-d'Armor. "La CAN, dans un souci d'apaisement, décide de suspendre ses prélèvements jusqu'au prochain comité de suivi début novembre", a indiqué la compagnie, filiale du groupe Roullier, dans un communiqué le 13 septembre.
La veille, Ségolène Royal a reçu les élus de la baie et le président de l'association du Peuple des Dunes, hostiles au projet. La ministre de l'Environnement a alors annoncé le lancement d'une inspection sur les conditions de réalisation de ce chantier. Cette inspection du Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) doit examiner dans les prochains jours les conditions de réalisation des deux premières campagnes d'extraction réalisées par l'entreprise. Celle-ci a commencé le chantier la semaine dernière au lendemain même d'une décision de justice rejetant un recours engagé par des opposants au projet. "Le navire Côtes de Bretagne est intervenu sur le site conformément aux autorisations qui lui ont été délivrées en 2015", assure dans son communiqué la CAN, qui ajoute que "l'extraction s'est faite au petit matin pour des raisons industrielles, sécuritaires et opérationnelles".
L'extraction avait été autorisée en avril 2015 par le ministre de l'Economie de l'époque, Emmanuel Macron. Mais, en fonction des conclusions de l'inspection, le ministère de l'Environnement aurait, de par son mandat, le pouvoir d'intervenir auprès du préfet sur l'opportunité de poursuivre le chantier. "S'il s'avère que les conditions qui constituaient soit un préalable, soit une condition de l'extraction, n'ont pas été remplies, l'arrêté autorisant l'extraction sera suspendu", affirme le ministère de l'Environnement.
Le CGEDD devra notamment vérifier que les prescriptions de méthode définies en 2015 pour le chantier, ont été respectées, explique-t-on. L'Ifremer apportera un appui technique aux inspecteurs. Cet organisme sera en outre chargé d'examiner "l'état de référence des milieux" naturels fourni par l'exploitant avant le début des travaux. Enfin, les raisons pour lesquelles l'extraction a eu lieu la nuit "devront être éclaircies".
La zone concernée, une dune sous-marine, représente une superficie de 4 km2 environ. La concession, accordée pour une durée de 15 ans, porte sur un volume d'extraction limité à 250.000 m3 par an. Ce sable calcaire est destiné à diminuer l'acidité des terres agricoles mais les professionnels de la pêche jugent la dune sous-marine indispensable pour leurs activités. La dune est de surcroît située entre deux sites protégés (Natura 2000), et "susceptible de les affecter de manière significative", estime le ministère de l'Environnement. Selon lui, "cette extraction est également susceptible de porter atteinte au lançon, poisson qui a fait de cette zone un lieu de reproduction et qui entre dans la chaîne alimentaire de nombreuses espèces. Enfin des pêcheurs ont observé que des fosses avaient été constituées au cours des extractions, ce qui est strictement interdit".