Surtourisme : comment le définir et mieux l'éviter ?

Le cabinet Roland Berger a créé un index permettant de mesurer le surtourisme selon différents risques d'exposition. Il propose aussi des solutions concrètes pour  y remédier.

Mesurer le surtourisme pour mieux l'éviter, c'est le but d'un travail récemment réalisé par le cabinet Roland Berger pour le compte de la société Evaneos, une plateforme en ligne regroupant des agences de voyages spécialisées dans le tourisme sur-mesure. Le cabinet de conseil a ainsi créé un index permettant d'objectiver le surtourisme, tout en proposant des solutions pour le prévenir.

Cet index s'appuie sur quatre critères : le nombre de touristes par habitant, le nombre de touristes au kilomètre carré sur le territoire touristique, la répartition des touristes sur chaque trimestre de l'année et la maturité de la destination en matière de développement durable. Ici, seuls les touristes internationaux sont pris en compte. En effet, l'étude a analysé soixante-dix destinations parmi les cent pays ayant enregistré en 2019 le plus d'arrivées de touristes internationaux.

Les données recueillies et leur analyse ont conduit à identifier cinq grandes catégories. La première est celle du surtourisme balnéaire, pour lequel on constate un volume important de touristes sur de très petits territoires (1.600 en moyenne au km2), pouvant atteindre près de dix touristes pour un habitant. La fréquentation y est plus forte au troisième trimestre (34% des touristes). Dans ces destinations, les efforts sur le tourisme durable sont jugés "limités, voire très limités". Parmi les pays concernés : Chypre, la Grèce ou encore la Croatie.

En France, une surfréquentation estivale

La France est plus particulièrement concernée par la deuxième catégorie – "surfréquentation estivale des grandes destinations européennes" – où elle côtoie l'Espagne, l'Italie et le Portugal. Ici, le volume de touristes est très élevé dans des territoires de taille moyenne : 200 en moyenne au km2 (145 en France) et un taux de 1,6 touriste par habitant (1,2 en France). Le gros point rouge est la saisonnalité : 43% des touristes sont concentrés sur le troisième trimestre. Côté positif : on y relève "des efforts significatifs sur le tourisme durable".

La surconcentration urbaine forme la troisième catégorie, pour laquelle la France n'est pas concernée, malgré la forte attractivité de Paris. Ses caractéristiques rejoignent celles de la précédente : 192 touristes en moyenne au km2 et un taux de 1,4 touriste par habitant. La différence tient dans ce que cette concentration a lieu sur de plus petits territoires ou des points d'intérêt spécifiques. Là encore, les mois d'été sont privilégiés par les visiteurs et des efforts significatifs sont faits sur le tourisme durable. Si les villes ne sont pas nommées, on déduit des pays cités qu'il s'agit de capitales au fort pouvoir d'attractivité : Amsterdam, Dublin, Copenhague ou Séoul.

Les deux dernières catégories de l'index sont moins exposées au surtourisme. Il s'agit d'abord des destinations "à surveiller", où malgré une densité "globalement acceptable", plusieurs points d'intérêt sont exposés et où l'on recense "encore peu d'efforts sur le tourisme durable". On y retrouve l'Islande, le Maroc, le Viêt-Nam, le Costa-Rica et la Jordanie. Enfin, les destinations "préservées" cumulent une densité limitée grâce à de vastes territoires, des points d'intérêt divers, des arrivées bien réparties sur l'année et une maturité, certes divergente d'un pays à l'autre, en matière de tourisme durable. Le Canada, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, la Tanzanie et l'Inde y figurent.

Plafonner les visites

Globalement, l'étude observe encore que plus les destinations sont sujettes au surtourisme, plus l'activité touristique pèse dans le produit intérieur brut (PIB) de leur État. Ce qui rend les mesures de lutte contre ce phénomène d'autant plus délicates à mettre en place pour des raisons économiques.

Toutefois, l'un des intérêts du travail du cabinet Roland Berger est de mettre en avant des solutions adaptées à chaque catégorie de surtourisme. Ainsi, pour la France – et pour les pays victimes de surfréquentation estivale en général –, il est suggéré de promouvoir les saisons intermédiaires (printemps et automne) mais aussi de nouveaux points d'intérêt situés dans des destinations moins visitées, comme la Dordogne, le Finistère et la Charente pour notre pays. Ou encore de mettre en place des plafonds de visites journalières dans des sites particulièrement sensibles, comme c'est déjà le cas, toujours en France, des calanques de Cassis, dans les Bouches-du-Rhône.

Même si elles ne sont pas directement visées par la surconcentration urbaine, les villes françaises les plus touristiques pourront s'inspirer des solutions préconisées pour enrayer le surtourisme dans ce contexte : favoriser des séjours plus longs en dehors des centres d'intérêt très fréquentés plutôt que des séjours en ville, donner la priorité à la réduction des émissions de carbone par des propositions d'activités appropriées (randonnée, vélo, etc.) et, là encore, plafonner le nombre de visites journalières.

 

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