Un plan pour lutter contre le "surtourisme"
Le gouvernement vient d'annoncer un plan pour lutter contre la surfréquentation touristique et ses effets négatifs sur les sites et les populations locales notamment. Le partage des ressources via une plateforme numérique et la création d'un observatoire national font partie des mesures.
Menace pour la préservation des sites, menace pour la qualité de vie des résidents, à travers par exemple la hausse du prix de l'immobilier, menace pour l'expérience des visiteurs eux-mêmes : tels sont les effets négatifs les plus marquants de ce qu'il convient désormais d'appeler le "surtourisme", un phénomène qui touche particulièrement la France, première destination mondiale, où 80% de l'activité touristique se concentre sur 20% du territoire.
Pour lutter contre cette surfréquentation, Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l'artisanat et du tourisme, a annoncé le 19 juin lors d'un déplacement à Saint-Malo une série de mesures "pour trouver un juste équilibre entre attractivité locale et protection des lieux ainsi que de leur biodiversité", selon le dossier de presse communiqué par son ministère.
Renforcer l'acceptabilité des habitants
Alors que "les conséquences peuvent conduire à des phénomènes de rejet du tourisme par les populations locales ou d'opposition à des projets d'infrastructures touristiques", pour la ministre, l'ambition est très claire : "Nous voulons renforcer l'acceptabilité des flux touristiques pour les habitants locaux et permettre à ceux qui découvrent les richesses de notre pays de bénéficier d'une meilleure expérience de visite."
Le plan annoncé par Olivia Grégoire, réalisé en partenariat avec les acteurs du tourisme et le réseau des Grands Sites de France, s'articule autour de quatre axes. Il y est tour à tour question d'analyse et de mesures d'impact, de sensibilisation des acteurs et usagers, et d'accompagnement des territoires dans leur gestion des flux touristiques.
Diffuser une compréhension commune
Pour mieux comprendre le phénomène de surtourisme, il s'agira d'abord de "diffuser une compréhension commune de la gestion des flux touristiques" grâce à une plateforme numérique de partage des ressources destinée aux collectivités territoriales et gestionnaires de sites disponible au premier semestre 2024. De plus, un guide pratique relatif à la gestion des flux sera publié au dernier trimestre 2023 et un réseau des ambassadeurs sera mis en place pour assurer "un relais stratégique au niveau local".
Afin de mesurer les flux touristiques et leurs impacts, le plan consistera ensuite à créer un observatoire national des sites touristiques majeurs dès le premier trimestre 2024. Il sera aussi question d'aider les territoires à se doter d'outils de mesure, en orientant les collectivités locales et les gestionnaires de sites vers des dispositifs d'accompagnement financier pour les soutenir dans l'observation des fréquentations touristiques. Ce soutien pourra être réalisé par la Banque des Territoires via le cofinancement d'outils de gestion des flux s'intégrant dans le cadre de programmes nationaux (Action cœur de ville, Petites Villes de demain, Avenir montagnes). Le déploiement de ces soutiens s'effectuera à partir du premier semestre 2024. Sur ce chapitre, on note également le lancement d'une réflexion pour un meilleur traitement des données sur la gestion des flux ainsi que sur l'acceptabilité des flux touristiques auprès des populations locales. Ici, les "territoires en tension" seront particulièrement visés.
Moyens financiers
En matière de sensibilisation des acteurs et usagers, une campagne de communication nationale à destination des clientèles touristiques sera lancée début 2024. Elle s'accompagnera d'un travail avec des influenceurs spécialisés dans la promotion de destinations touristiques, d'un appui à l'attractivité des métiers touristiques liés à la gestion des flux touristiques et d'une meilleure intégration des attentes des populations locales dans les politiques touristiques. Un groupe de travail, en lien avec ADN Tourisme et les offices de tourisme, sera lancé à cet effet fin 2023. Enfin, un kit de communication sur la gestion des flux comprenant notamment une "charte du voyageur" sera élaborée.
Dernier axe du plan : l'accompagnement en ingénierie des territoires et la formation des acteurs du tourisme. Le dossier de presse précise que "des moyens financiers seront débloqués pour aider les espaces qui ne les possèdent pas à se doter de moyens techniques et humains qui permettront de mieux gérer ces pics de fréquentation et aussi de se former afin de monter en compétence sur cette problématique". Dans le détail, 1,5 million d'euros sera dédié par Atout France à l'accompagnement de quinze à trente territoires pilotes et 600.000 euros sur trois ans permettront à l'Ademe d'accompagner annuellement deux collectivités touristiques. Enfin, les collectivités pourront être accompagnées via le dispositif "volontariat territorial en administration (VTA)" porté par l'ANCT (Agence nationale de la cohésion des territoires).