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Sports - Sur le Tour de Picardie, la roue tourne grâce au conseil régional

Le Tour de Picardie, épreuve de cyclisme professionnelle réunissant notamment les meilleures équipes françaises, s'est achevé dimanche 17 mai, après trois jours de course. Mais cette 69e édition aurait pu ne jamais avoir lieu. L'organisateur Amaury Sport Organisation (ASO, propriétaire du Tour de France) a en effet jeté l'éponge en 2014 pour se concentrer sur des épreuves plus prestigieuses et plus lucratives. Pour sauver une compétition à peine équilibrée sur le plan financier, le conseil régional de Picardie a dû mettre les mains dans le cambouis… et au portefeuille.
"On s'est dit qu'on était capable de relever le défi et d'organiser à la place d'ASO", confie Olivier Chapuis-Roux, vice-président du conseil régional chargé des sports. Une fois devenue propriétaire de la marque Tour de Picardie, cédée par ASO, la région l'a rétrocédée au Vélo Club Côte Picarde, déjà organisateur d'une course de niveau international chez les espoirs (moins de 23 ans) et chargé de la mise en œuvre opérationnelle de l'épreuve.
Restait à boucler un budget conséquent, s'élevant à quelque 500.000 euros. La région a décidé de doubler sa participation financière, passée de 150.000 à 300.000 euros. Les trois départements de la région (Oise, Somme et Aisne) sont de leur côté restés partenaires à des hauteurs correspondant à leur ancienne participation : 36.000 euros chacun. Quant aux communes, elles ont acquitté un droit d'entrée de 3.000 à 6.000 euros pour devenir ville-étape. "Ce n'est pas énorme quand on regarde ce que l'on amène comme prestations", estime Olivier Chapuis-Roux.

Les collectivités au cœur de la course

Au total, la participation des collectivités territoriales s'est élevée à environ 420.000 euros, soit plus de 80% du budget total. Un chiffre qui ne choque pas Olivier Chapuis-Roux. "Les clubs sportifs subventionnés à plus de 80% par les collectivités, j'en connais des milliers, dans tous les sports sauf le football", pointe-t-il. Surtout, l'élu met en avant une nouvelle organisation qui a permis aux collectivités de trouver leur place dans l'épreuve et de bénéficier de retombées en tout genre.
Il y a d'abord eu l'animation du territoire au sens large. "On offre un spectacle gratuit, le jeu en vaut la chandelle. Il y a bien des spectacles culturels qui coûtent relativement cher pour un public bien moins important que celui du Tour de Picardie", avance Olivier Chapuis-Roux. Il y a encore eu l'animation sportive du territoire stricto sensu. Pour la première fois, le comité régional de cyclisme, les trois comités départementaux et les clubs locaux ont pu s'approprier la course en étant associés à toutes les démarches, du choix du parcours à la participation des enfants des clubs aux départs des étapes.
De leur côté, les départements, qui avaient jusqu'à présent du mal à s'identifier à la course, ont été mis à l'honneur. Les trois étapes se sont déroulées chacune dans un département distinct : l'Aisne pour la première étape, l'Oise pour la deuxième et la Somme pour la troisième. De plus, les directions des routes des départements ont aussi été mises à contribution pour la première fois, sur le modèle de ce que fait l'ADF sur le Tour de France (lire ci-contre notre article du 11 juillet 2011).

Retombées économiques directes

Quant au conseil régional, il justifie son large engagement dans cette aventure par les retombées économiques directes. "La plus grande part du budget va dans le logement et la nourriture des équipes. Ce sont 350 nuitées d'hôtel chaque soir pendant trois jours qui retournent dans l'économie locale. Ce n'est pas une petite somme, justifie Olivier Chapuis-Roux. De plus, dans toutes les communes de départ ou d'arrivée, il y a un moment convivial pour 100 à 200 personnes, avec des traiteurs locaux. C'est de l'argent de la région qui retombe quasiment directement dans la poche du commerce local."
Et la participation du secteur privé dans tout ça ? Outre l'aide logistique et humaine apportée par ASO - qui a détaché l'ex-directeur de course du Tour de France, Jean-François Pescheux -, le Tour de Picardie négociait toujours, à 48 heures du départ une augmentation de la participation des partenaires privés. Des fonds essentiellement destinés à payer les primes de courses aux équipes. Et Olivier Chapuis-Roux de préciser : "Le but est d'aller vers une deuxième édition où la participation du privé serait plus conséquente."
En attendant que ce vœu se réalise, la région Picardie a réussi son pari en sauvant son tour cycliste, une chance que n'ont pas eue de nombreuses épreuves ces dernières années, comme le Grand Prix du Midi-Libre, la Classique des Alpes ou le Circuit de Lorraine, tous passés par pertes et profits. Reste à savoir si cette solution sera pérenne au-delà de 2016. La fusion des régions Nord-Pas-de-Calais et Picardie promet en effet la cohabitation avec une autre épreuve française du calendrier professionnel : les Quatre Jours de Dunkerque, actuellement financés à hauteur de 130.000 euros par la région Nord-Pas-de-Calais. "Il y a la place pour les deux épreuves dans ce que j'appelle la 'Picardie du Nord'. La preuve c'est qu'on retrouve sur le Tour de Picardie des gens qui ont fait les Quatre Jours de Dunkerque. On n'est pas concurrentiels mais complémentaires", conclut Olivier Chapuis-Roux avec optimisme.