Stations thermales, cafés, restaurants : les conditions de la réouverture se précisent
Les représentants du secteur des cafés, hôtels, restaurants ont pu s'entretenir avec plusieurs membres du gouvernement, obtenant à cette occasion des précisions quant aux conditions de réouverture de ces ERP le 19 mai puis le 30 juin. Mais aussi sur l'accompagnement économique prévu pour cette période de reprise. Les acteurs des stations thermales se sont pour leur part vu confirmer l'autorisation de rouvrir le 19 mai, avec une jauge de 50%.
Après les annonces de Jean Castex, puis d'Emmanuel Macron, sur le calendrier du retour – très progressif – à la normale (voir nos articles des 28 et 29 avril 2021), les précisions commencent à se faire jour sur les modalités pratiques de ce déconfinement qui ne dit pas son nom. Deux secteurs importants viennent ainsi d'obtenir des précisions sur ce point, même si toutes les questions n'ont pas encore reçu de réponse. Il s'agit en l'occurrence du secteur des CHR (cafés, hôtels, restaurants) et des stations thermales.
CHR : un soulagement et quelques inquiétudes
Dans la foulée des annonces du chef de l'État, les quatre grandes organisations du secteur des CHR – l'Umih (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie), le GNI (Groupement national des indépendants), le GNC (Groupement national des chaînes hôtelières) et le SNRTC (Syndicat national de la restauration thématique et commerciale) – ont été reçues, dès le 30 avril, par Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères, en charge du Tourisme, dans le cadre du comité de filière tourisme. D'après le compte-rendu qu'en donne Didier Chenet, le président du GNI, il est confirmé que les terrasses pourront rouvrir le 19 mai prochain, "sans restriction supplémentaire autre que le respect du protocole sanitaire". Pour leur part, les restaurants d'hôtel pourront, à partir du 19 mai, accueillir leurs seuls clients dans leurs salles de restaurants (petit-déjeuner, déjeuner ou dîner). Pour mémoire, les hôtels n'ont jamais été fermés, pour leur partie hébergement, durant toute la crise sanitaire, mais un grand nombre d'entre eux ont néanmoins cessé leur activité faute de clients. Les hôtels pourront également organiser des séminaires en respectant une jauge de 35% de la capacité ERP (établissements recevant du public) des lieux, ainsi qu'un plafond – rarement atteint dans les faits – de 800 participants. La restauration devra être assise avec des tables de 6 personnes maximum.
De façon logique, les traiteurs et organisateurs de réceptions pourront également, à partir du 19 mai, organiser des mariages ou des réceptions, sous réserve d'une restauration assise avec tables de six. Enfin, et comme annoncé, les cafés et des restaurants ouvriront le 9 juin, ils devront cependant respecter, en intérieur, une jauge de 50%, qui devrait disparaître le 30 juin.
Les organisations se disent conscientes que "la réouverture risque d'être compliquée et il est désormais indispensable de s'y préparer". Elles craignent cependant que le gouvernement veuille "ajouter de nouvelles restrictions sanitaires qui ruineraient les conditions de redémarrage de bon nombre des entreprises". Elles souhaitent donc que les conditions sanitaires de la réouverture se fassent sur la base du protocole élaboré par le secteur CHR et demandent "une vaccination prioritaire des acteurs du secteur", ainsi que la mise en œuvre éventuelle d'un QR code.
Tous les dispositifs de soutien maintenus après le 19 mai
Nouvelle réunion de travail des quatre organisations, le 3 mai, cette fois-ci avec Bruno Le Maire, Élisabeth Borne et Alain Griset, le ministre délégué chargé des petites et moyennes entreprises. À la différence de celle du 30 avril, tournée vers la dimension sanitaire de la reprise, cette réunion était consacrée à "la définition du meilleur accompagnement économique possible dès la première phase de réouverture des terrasses des restaurants le 19 mai".
Dans le communiqué commun publié à l'issue de cette réunion, les quatre organisations indiquent que tous les dispositifs mis en place durant les périodes de fermeture es établissements – fonds de solidarité, exonération des cotisations patronales, crédit de cotisation salariales et activité partielle – "seront maintenus après la réouverture du 19 mai, les organisations professionnelles et le gouvernement travaillant ensemble à la meilleure articulation possible entre dégressivité calendaire et dégressivité en raison de la perte du chiffre d'affaires, afin de pas compromettre la survie des entreprises à l'occasion d'une reprise d'activité qui sera disparate selon les établissements et les destinations".
D'autres réunions sont déjà prévues dans les prochains jours, "avant une communication officielle du gouvernement sur les dispositifs de soutien pour le secteur CHR" et il a été convenu d'une clause de revoyure, qui devrait prendre place à la fin du mois d'août.
Jauge à 50% pour le thermalisme
Dans le contexte général des difficultés du secteur du tourisme, le thermalisme – à mi-chemin entre santé et tourisme – présente un certain nombre de spécificités au regard des perspectives de réouverture des établissements : milieu humide pouvant faciliter la circulation du virus, difficulté à appliquer les gestes barrières sur certains soins (massages), curistes plutôt âgés et présentant souvent des pathologies chroniques... Le secteur s'inquiétait donc des modalités de reprise de l'activité décidées par le gouvernement et, tout particulièrement, de la jauge qui serait autorisée.
Dans un bref communiqué du 3 mai, le CNETh (Conseil national des établissements thermaux) se montre donc plutôt rassuré. Il explique en effet qu'"à la suite d'un arbitrage du Premier ministre et du président de la République ce jour, le ministère de l'Économie et des Finances nous informe que les 113 établissements thermaux, fermés depuis le 25 octobre dernier, sont autorisés à rouvrir à compter du mercredi 19 mai avec une jauge de 50% de curistes".
La nouvelle est d'autant plus bienvenue pour le secteur – et pour autres activités des stations thermales comme l'hôtellerie-restauration – que, dans un communiqué du 20 février, le CNETh décrivait un "thermalisme français à l'agonie", avec 113 établissements thermaux fermés, 90 stations thermales à l'arrêt, une chute de la fréquentation de 67% en 2020 (200.000 "curistes médicalisés" en 2020 contre 580.000 en 2019) et un chiffre d'affaires divisé par plus de trois (110 millions d'euros contre 380 en 2019).
Interrogé sur RTL le 3 mai, Bruno Le Maire a dressé un panorama plus large des modalités de la reprise de l'activité pour les secteurs aujourd'hui fermés de droit ou de fait. Il a ainsi indiqué qu'"à partir de début juin pour les hôteliers, pour les cafés, pour les restaurants, pour le monde de la culture et des spectacles, pour l'événementiel, vous aurez accès au fonds de solidarité quelle que soit votre perte de chiffre d'affaires". Cet accès au fonds de solidarité vaudra même si les pertes de chiffre d'affaires sont inférieures à 50%. Le ministre de l'Économie et des Finances a affirmé que "nous garderons l'intégralité du fonds de solidarité pour le mois de mai", et cela "même s'il y a des réouvertures partielles à partir du 19 mai". Après le secteur des CHR, reçu le jour même (voir plus haut), Bruno Le Maire a reçu également les représentants de l'événementiel le 4 mai. |