Sommet de l'IA : la France affirme son leadership

Le sommet mondial pour l'action sur l'IA s'est achevé à Paris le 11 février 2025. Si le volet engagements pour une IA éthique et verte s'est révélé décevant avec la défection des États-Unis, il a surtout été marqué par l'annonce d’investissements massifs dans les infrastructures. Des investissements portés pour l'essentiel par le secteur privé et qui ciblent plutôt des territoires déjà bien dotés.

Voici un récapitulatif des annonces et initiatives susceptibles d'intéresser les collectivités dévoilées à l'occasion ou en marge du sommet de l'IA qui s'est tenu à Paris les 10 et 11 février 2025. 

Engagement de 61 pays pour une IA ouverte, éthique et responsable

La déclaration finale du sommet a été signée par 61 pays, dont la Chine, la France et l'Inde, mais sans inclure le Royaume-Uni et les États-Unis. Ces derniers ont dénoncé une "régulation excessive" freinant l'innovation. Les signataires se sont engagés à promouvoir une IA "ouverte" et "accessible", tout en évitant une concentration excessive du marché pour garantir un accès équitable à cette technologie. La déclaration souligne l'importance d'une IA respectueuse de l'environnement. Elle prévoit la création d'un observatoire sur l'impact énergétique de l'IA, sous la houlette de l'Agence internationale de l'énergie, ainsi qu'une coalition pour une IA durable réunissant des entreprises du secteur. Ces engagements sont cependant non contraignants et, contrairement aux sommets précédents, la déclaration ne mentionne pas les risques liés à l'IA.

Investissements massifs dans les infrastructures

"On doit être dans la course... Sinon, on va dépendre des autres", a affirmé le président de la République Emmanuel Macron en annonçant 109 milliards d'euros d'investissements privés pour l'IA. Un montant à comparer aux 200 milliards annoncés par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et aux 500 milliards de dollars du projet Stargate américain. Un succès que le président impute aux atouts français : excellence de l'ingénierie, énergie décarbonée et données de qualité. Parmi les contributeurs, les Émirats arabes unis qui annoncent investir entre 30 et 50 milliards d'euros dans un campus IA. On citera aussi le fonds canadien Brookfield qui met sur la table 20 milliards d'euros, dont un méga projet de datacenter à Cambrai et le britannique Fluidstack pour un supercalculateur à 10 milliards d'euros. De son côté, Mistral va investir "plusieurs milliards d'euros" dans un datacenter sur le plateau de Saclay. EDF a enfin déclaré vouloir accueillir 4 centres de données sur ses propres sites industriels, deux sites supplémentaires devant être identifiés d'ici 2026. Ces 6 sites font partie des 35 identifiés par l'État pour accueillir des centres de données.

Une fondation pour financer les projets d'intérêt général

La fondation "Current AI", montée avec 400 millions d'aides de l'État français, a été officialisée à l'occasion du sommet. Basée en France, elle entend prendre le leadership sur l'IA au service de l'intérêt général. Elle réunit des organisations philanthropiques, des États (huit pays) et des acteurs majeurs comme Mistral AI et Google pour promouvoir une IA éthique et open source. Elle souhaite lever auprès de partenaires publics et privés 2,5 milliards de dollars sur cinq ans pour financer des projets dans des domaines tels que la santé, l'éducation, la culture et la lutte contre le changement climatique. Dans la lignée de Current AI, on citera le projet Roost (Robust Open Online Safety Tools) soutenu par divers acteurs de la Tech. Il vise à fournir des outils de sécurité en IA accessibles à tous, notamment aux startups, gouvernements et petites organisations. Roost se concentre sur des défis techniques tels que l'élimination des contenus illégaux ou dangereux des modèles d'IA.  

En marge du sommet

  •  IA et RGPD. La Cnil a précisé ses recommandations pour permettre aux grands modèles de langage de respecter le RGPD. On notera le souhait d'adapter les grands principes du RGPD (finalité, consentement, minimisation, droits de rectification…) aux spécificités des IA génératives pour les rendre plus opérationnelles.
  • IA et cybersécurité. L'Anssi a également publié des recommandations pour une meilleure prise en compte de la cybersécurité dans le développement et l'intégration des systèmes d'intelligence artificielle.
  • Hackathon sur l'IA d'intérêt général . Parmi les lauréats du hackathon de la Dinum organisé les 5 et 6 février, on signalera le projet Sonic (Smart open navigable intelligent consultant), un outil d'aide à la compréhension du règlement européen sur l'IA, et L'IANE, un agent conversationnel associé à la plateforme "démarches simplifiées" pour favoriser l'accessibilité des formulaires.
  • Dialogue social sur l'IA. Les partenaires sociaux ont révélé le projet DIAL-IA (Dialoguer sur l'IA) pour nourrir les discussions au sein des administrations et des entreprises sur l'implémentation de l'IA. Coconstruit avec des représentants des syndicats, il a débouché sur un site proposant un manifeste sur les principes d'acceptabilité de l'IA  au travail et un webdoc, destiné à acculturer les salariés à l'IA.