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Energie - Solaire : des élus en quête d'exemplarité... et de toits à équiper

En prélude à la deuxième édition des Journées européennes du solaire (1), une conférence des maires et des élus pour le solaire s'est tenue le 14 mai à Paris.  Les délégués généraux d'Energie-Cités, une association de villes européennes, et d'Enerplan, l'association de professionnels de l'énergie solaire, y ont successivement mis en avant le devoir d'exemplarité des collectivités en la matière. Celui-ci peut se concrétiser dans la mise en oeuvre d'un Agenda 21 solaire, réalisable sur un à deux mandats et qui permet d'encadrer l'implication et l'avancement d'une collectivité dans ce domaine. Chemin jalonné d'embûches, l'objectif de couvrir de panneaux photovoltaïques (PV) les toits de bâtiments municipaux nécessite, s'ils sont classés, une bonne entente avec les architectes des bâtiments de France (ABF). Souvent critiqué pour son conservatisme, ce "partenaire" a été jugé "positif " par les élus intervenant à cette conférence. Ainsi, à Bordeaux, on constate de moins en moins de refus d'installation, et ce même si le classement d'une partie de la ville au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco ne facilite pas la donne. En projet, un éventuel assouplissement de la procédure d'avis émis par les ABF a été évoqué.
Avant de recenser et de cibler des toits pouvant être équipés, les villes entament généralement au préalable un diagnostic thermique de leur patrimoine. A Bordeaux par exemple, sur les 650 bâtiments de la ville, dont la facture énergétique atteint 12 millions d'euros par an, ce type de bilan est progressivement réalisé par tranche de 50 bâtiments. Ambitieux, l'objectif de réduction de la consommation d'énergie, qui dépasse ceux fixés par le Grenelle de l'environnement, y est de 38% et le potentiel de surface PV de 100.000 m2. A Lille, le coût d'investissement est chiffré cette année à 1,5 million d'euros. Exemple de réalisation : 1.500 m2 de panneaux PV seront déployés d'ici peu sur le toit d'un bâtiment technique. Philippe Tostain, conseiller municipal chargé du plan solaire à Lille, a souligné l'importance de s'investir dans l'animation de la filière PV et d'impulser une dynamique de formation locale, en s'appuyant par exemple sur le ou les lycées techniques de la ville.
A Paris, Lille, Montpellier mais aussi à l'échelle de départements ou de communautés de communes, cet objectif d'équipement des toitures de bâtiments communaux en systèmes PV donne lieu à la création d'outils locaux et d'entreprises dédiées, qui prennent généralement la forme d'une société d'économie mixte (à Paris) ou d'une société coopérative d'intérêt collectif (à Lille). "A Paris, cette Sem coordonnera plus généralement les actions de politique énergétique, dont celles ayant trait au solaire. Un secteur où les acteurs privés investissent peu du fait des rendements plus faibles que dans le sud de la France. Même si son développement à Paris est tout juste rentable, l'appuyer est porteur de sens et permettra de progresser vers plus d'autonomie énergétique", a précisé Denis Baupin, adjoint au développement durable à la mairie de Paris. L'objectif dans la capitale est d'équiper de panneaux PV 200.000 m2 de surface d'ici 2014, dont 40.000 m2 dans la nouvelle ZAC des Batignolles. De l'avis de la plupart des intervenants, équiper les bâtiments neufs pose moins de problème que les anciens. Par ailleurs, un consensus est apparu sur les difficultés techniques posées par l'étanchéité des toitures solaires. Ce problème a notamment fait échouer un projet à Bordeaux et en pénalise un envisagé sur un gymnase nantais.
Enfin, deux autres problématiques ont été pointées du doigt et mériteraient à elles seules un éclairage : celle que pose en termes de "droit au soleil" et d'impact économique l'élévation d'un bâtiment faisant de l'ombre à son voisin doté de panneaux PV ; et celle du tarif de rachat de l'électricité PV, qui est le même partout en France métropolitaine mais qui, selon certains, nécessiterait d'être réévalué en tenant compte des inégalités régionales d'exposition au soleil.

 

Morgan Boëdec / Victoires-Editions

 

(1) Organisée les 15 et 16 mai, cette campagne de promotion de l'énergie solaire coordonnée en France par Enerplan, l'Ademe et Qualit'EnR donne lieu à près d'un millier de manifestations dans l'Hexagone. L'an dernier, elle avait attiré 20.000 visiteurs. Ces journées se tiennent simultanément dans quinze autres pays européens partenaires.