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Très haut débit - SFR attaque Orange en justice pour déployer plus en zone Amii

Cela faisait plusieurs mois que SFR tentait de convaincre Orange de modifier l'accord de répartition de la zone d'initiative privée (ou zone Amii) du déploiement de la fibre optique. Cette zone, qui recouvre bon nombre de petites et moyennes villes, accumule déjà 2,3 millions de prises FttH déployées ; pour l'essentiel par Orange, qui compte pour plus de 90% des raccordements. SFR tente donc la voie judiciaire, pour forcer son concurrent à lâcher du lest et lui permettre de conventionner avec un plus grand nombre de territoires.

"Nous voulons investir 2,4 milliards d'euros par an dans la fibre optique, mais nous avons si peu de conventions de déploiement en zone Amii, que nous aurons fini de fibrer ce qui nous revient en 2018 ou 2019", avançait Lionel Recorbet, directeur général de SFR Collectivités, en mars dernier aux États généraux des RIP. SFR affiche en effet une bonne volonté renouvelée pour investir dans le FttH, tant sur les réseaux d'initiative publique qu'en zone d'initiative privée. Cependant, le carré rouge revient de loin ; en 2011 lors du début du processus de l'appel à manifestation d'intention d'investissement (Amii) lancé par l'Arcep, SFR avait conclu un accord avec Orange, sur bon nombre de communes concernées. Résultat : une prise sur cinq seulement revenait à SFR. Suite au rachat d'Altice, SFR a brutalement délaissé la fibre optique pour rénover le réseau câblé dont il héritait ; une attitude sanctionnée par l'Autorité de la concurrence, et qui mit certains territoires dans le désarroi. La Métropole européenne de Lille a par exemple, fin 2016, ré-alloué les zones à la charge de SFR, au bénéfice de Covage et Orange. L'opérateur historique aura assuré, en cumulé, plus de 90% des déploiements de la zone Amii.

Circonspect, Orange ne cède pas

Dès lors, alors que SFR affirme depuis plusieurs mois discuter avec son meilleur ennemi pour négocier un nouveau partage du gâteau, l'état-major d'Orange fait la sourde oreille. Le scepticisme n'est pas malaisé à justifier : les revirements stratégiques nombreux de SFR, depuis le rachat d'Altice, semblait laisser planer des incertitudes sur le déploiement du FttH, dans les délais prévus par le plan France THD. Pour remonter la pente, SFR a donc multiplié ces derniers mois les conventions de déploiement, dans des territoires non-concernés par l'accord de 2011 avec Orange. On a vu récemment des signatures de conventions dans les métropoles de Nantes et de Toulouse, mais aussi en Charente-Maritime.

SFR opte pour la voie judiciaire

Cette méthode ne satisfait cependant pas totalement SFR, qui voudrait aller plus loin. Aux grands maux, les grands remèdes : pour reprendre des communes à fibrer au concurrent Orange, SFR a décidé de l'attaquer en justice. Une manche de plus entre les deux opérateurs, qui n'en finissent pas d'instiller le doute sur leurs stratégies respectives. Ainsi, dans le même temps, l'état-major d'Orange questionne la viabilité économique des achats de droits sportifs du groupe Altice.
Pour les collectivités, ce nouvel épisode est facteur d'instabilité sur les calendriers prévisionnels de déploiement de la fibre optique. Les deux opérateurs concèdent qu'une saine concurrence, de retour sur le FttH, accélérera sans doute leurs cadences de déploiement, mais modifiera aussi leurs priorités territoriales.