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Logement / Environnement - Seul un quart des travaux de rénovation dans les maisons individuelles a un impact énergétique

Selon les résultats de la dernière enquête "Travaux de rénovation énergétique des maisons individuelles" (Tremi) de l'Ademe, seules 25% des rénovations achevées à la fin 2016 ont eu un impact énergétique significatif, sous la forme d'un changement de classe et 5% ont eu un impact énergétique important avec un saut de deux classes ou plus.

L'Ademe vient de publier les résultats de la campagne 2017 de l'enquête Tremi, pour "travaux de rénovation énergétique des maisons individuelles". Celle-ci a été menée auprès de 29.253 ménages résidant dans des maisons individuelles en France continentale, et ayant achevé en 2016 des travaux de rénovation lancés entre 2014 et 2016. C'est peu dire que ces résultats apparaissent décevants, puisque seules 25% des rénovations ont eu un impact énergétique significatif, sous la forme d'un changement de classe. Et seules 5% ont eu un impact énergétique important avec un saut de deux classes ou plus. Au-delà de ces résultats, l'étude met également en évidence "les motivations, les freins des ménages et les aspects financiers" et révèle un fort écart entre la perception des ménages et la réalité de l'impact énergétique.

Soixante milliards d'euros de travaux pour pas grand-chose ?

Sur les trois années étudiées, 5,1 millions de ménages (un tiers du parc) ont procédé à des travaux de rénovation sur leur maison individuelle pour un montant moyen de 11.750 euros, soit une dépense totale de l'ordre de 60 milliards d'euros. Précision méthodologique importante : l'enquête Tremi ne se cantonne pas aux seules rénovations à vocation de performance énergétique, mais englobe l'ensemble des travaux de rénovation permettant "d'embarquer de la performance énergétique". L'Ademe explique ainsi qu'est prise en compte, par exemple, la réfection d'une toiture, qu'elle ait permis ou non l'amélioration énergétique du logement. A contrario, la rénovation d'une cuisine n'entre pas dans le périmètre de l'enquête (sauf si les fenêtres de cette cuisine ont été remplacées ou si un mur donnant sur l'extérieur a été rénové).

Motivations et manque d'accompagnement

Sous cette précision, l'enquête Tremi retient "sept grands constats". Le premier d'entre eux est qu'améliorer son confort - au sens large - constitue le principal motif de réalisation des travaux (cité par huit ménages sur dix). La réduction de la facture énergétique vient seulement ensuite, avec 50% de citations. L'étude montre aussi que la gestion de pannes et de sinistres est le facteur qui engendre le plus de travaux sur le périmètre de Tremi. L'Ademe en conclut qu'au-delà des acteurs traditionnels de la construction-rénovation, il serait intéressant de sensibiliser aussi d'autres prescripteurs potentiels, comme les assureurs ou les artisans spécialisés dans les travaux de dépannage.
Second constat, qui peut expliquer pour partie les résultats médiocres en termes d'amélioration énergétique : l'accompagnement des ménages n'est pas à la hauteur des besoins exprimés. Ainsi, seuls 15% des ménages concernés ont bénéficié d'informations et d'un accompagnement. L'étude montre aussi que les architectes indépendants jouent un rôle important dans le conseil énergétique aux particuliers.

"La performance des travaux n'est pas au rendez-vous"

Le troisième constat est que, d'un point de vue technique, les ménages ont le réflexe de commencer par l'isolation, mais oublient la ventilation. L'enquête montre ainsi que les ménages privilégient l'isolation du bâti plutôt que le changement de chauffage. Fenêtres, toitures et isolation des murs constituent ainsi le "trio de tête de travaux". Autre constat positif : 65% des ménages réalisent des bouquets de travaux (consistant à agir sur au moins deux postes de travaux à la fois). Pour l'Ademe, "cette logique est la bonne pour gagner en efficacité énergétique".
Mais le problème est que "la performance des travaux effectués n'est pas au rendez-vous". Par exemple, seuls un tiers des travaux sur les toitures et combles sont performants, ratio qui tombe à 16% pour les travaux sur les fenêtres et ouvertures et sur les murs. Enfin, l'enquête montre que "la ventilation est clairement le parent pauvre de la rénovation énergétique alors qu'il s'agit d'un poste clef ayant un impact sur le confort, mais aussi sur la santé des occupants".

Les ménages surestiment l'impact des travaux

Quatrième constat : les rénovations répondent aux motivations des ménages et leur donnent satisfaction. En contradiction avec les résultats effectifs, 83% des ménages ayant réalisé des rénovations estiment que les travaux ont amélioré le confort thermique de leur logement et 61% observent des réductions des dépenses énergétiques dès la fin des travaux. Ces taux montent respectivement à 94% et 74% pour les 260.000 ménages ayant réalisé des rénovations débouchant sur deux sauts de classe énergétique ou davantage.
Le cinquième constat découle directement du précédent : la perception des ménages sur l'état de leur logement ne facilite pas l'atteinte des objectifs politiques. Le décalage entre la réalité et la perception des ménages fait que 27% des ménages ayant réalisé des rénovations pendant la période étudiée estiment que tous les travaux de maîtrise de l'énergie sur leur maison ont été réalisés, alors que, selon les résultats de Tremi, seules 5% des rénovations menées ont eu un impact énergétique important (saut de 2 classes énergétiques ou plus). Comme l'explique l'Ademe, "les objectifs des pouvoirs publics en matière d'économie d'énergie se heurtent donc à une absence de 'besoins' exprimés par la population.

"Les chiffres de Tremi confirment l'ampleur de la tâche à accomplir"

Sixième constat : dans la mesure où les Français sont nombreux à rénover leur logement, l'enjeu réside moins dans la massification des travaux que dans l'embarquement de la performance énergétique. Pour améliorer les résultats, il s'agit donc d'intégrer plus fortement la composante énergétique dans les travaux de rénovation et de les prioriser davantage.
Enfin, le septième et dernier constat n'étonnera personne au vu des résultats de l'étude : "Les chiffres de l'enquête Tremi confirment l'ampleur de la tâche à accomplir", si on veut parvenir à un parc de logements au niveau BBC (bâtiment basse consommation) à l'horizon 2050...

 

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