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Environnement - Semaine européenne de la réduction des déchets : plus de 1800 actions labellisées en France

Lancée le 20 novembre, la Semaine européenne de la réduction des déchets, qui s'achèvera le 28 novembre, donne lieu cette année à 4.000 événements dans 16 pays dont plus de 1.800 initiatives en France émanant de collectivités, d'associations, d'entreprises, d'écoles, d'administrations, etc. Conférences, jeux de pistes pédagogiques, ateliers sur le compostage domestique… figurent au programme de cette deuxième édition qui entend amener les Européens à réfléchir, dès l'acte d'achat, aux déchets qu'ils vont engendrer. Il y a en effet urgence. En 30 ans, la production de déchets municipaux (ordures ménagères et déchets de l'assainissement collectif comme les boues des stations d'épuration) a presque doublé sur le Vieux Continent. En 2008, un Européen produisait en moyenne 524 kg de déchets par an, soit 10 kg par semaine et, en l'absence de mesures sérieuses, ce chiffre pourrait exploser. Selon l'OCDE, l'Europe pourrait ainsi générer en 2020 près de 50% de déchets en plus qu'en 1995. Bien sûr, la production de déchets varie sensiblement d'un pays à l'autre. Quand un Danois produit 802 kg de déchets municipaux par an, devançant l'Irlandais et le Chypriote, le Tchèque en produit 306, soit un peu moins que le Polonais et le Letton, selon les derniers chiffres Eurostat disponibles. Le Français occupe une position intermédiaire, avec 543 kg par an.
La réduction des déchets va aussi de pair avec celle des dépenses d'énergie et de la pollution : en 2008, 40% et 20% des déchets municipaux européens finissaient encore respectivement dans des décharges ou des incinérateurs émetteurs de gaz à effet de serre que l'Union européenne s'est engagée à réduire de 20% d'ici à 2020. Cette même année 2008, le Parlement européen a adopté une directive-cadre déchets révisée établissant une hiérarchie des modes de traitement avec dans l'ordre de priorité : la prévention, la réutilisation, le recyclage, la revalorisation et enfin l'élimination des déchets.

Diminuer la production de déchets par habitant en France 

En France, le Grenelle de l'environnement a fixé des objectifs précis en matière de réduction des déchets : diminuer la production d'ordures ménagères et assimilées de 7% par habitant pendant 5 ans, soit une diminution de plus de 5 kg par an et par habitant jusqu'en 2014. Cette deuxième Semaine européenne de la réduction des déchets entre dans le cadre de la campagne nationale du ministère de l'Ecologie "Réduisons nos déchets, ça déborde". Parmi les initiatives originales, une "Villa déchets" va être édifiée à Nantes à partir des déchets urbains collectés dans la Métropole. Des nuitées au sein de cette villa d'architecte seront mises aux enchères et les fonds recueillis seront intégralement reversés à une association oeuvrant pour le développement durable. La Villa déchets deviendra ensuite la maison du développement durable de Nantes Métropole. A Bapaume, dans le Nord, un jeu de pistes est proposé aux écoles primaires afin d'apprendre à limiter les déchets produits par un établissement scolaire. Le conseil général des Landes organise des visites scolaires et des visites commentées pour le grand public autour d'une exposition itinérante "24h Chrono – En course contre les déchets". Autre exemple : dans l'agglomération parisienne, le Syctom invite le grand public à visiter une cuisine dans laquelle sont dispensés toutes sortes de conseils pour prévenir le gaspillage alimentaire.
Mais cette Semaine européenne de la réduction des déchets et les initiatives qu'elle occasionne ne font pas l'unanimité. Pour le Centre national d'information indépendante sur les déchets (Cnidd), elle n'est pas à la hauteur des enjeux. "On envisage la réduction des déchets comme une action citoyenne au quotidien, à faire par un certain nombre d'éco-gestes comme boire l'eau du robinet, réduire le gaspillage alimentaire ou passer aux couches lavables, a expliqué à l'AFP Flore Berlingen, chargée de mission au Cniid. Mais le problème des déchets trouve principalement sa source dans la conception des produits et dans les modèles de distribution", a-t-elle estimé, dénonçant en particulier "l'obsolescence programmée" des produits électriques et électroniques et prônant une TVA réduite sur les produits peu générateurs de déchets.