Congrès AMF - Selon le baromètre financier des maires, les élus doutent de leur capacité à maintenir les services à la population
"Préserver ou développer les services rendus" : cet objectif est devenu en un an une des premières priorités des élus, selon le 11e baromètre financier des communes et des communautés réalisé pour les caisses d'épargne et l'AMF et dévoilé mardi au premier jour du Congrès des maires de France. 43% des maires mettent en avant cette préoccupation, soit 10% de plus que l'année dernière. 51% des présidents de communautés la jugent prioritaire contre à peine plus de 25% en 2007. "Beaucoup de maires sont préoccupés par la capacité de leur collectivité de maintenir - seulement de maintenir, même pas de développer - le niveau des services au quotidien", déclare sur un ton grave le président de la commission finances de l'Association des maires de France, Philippe Laurent.
L'investissement reste à l'ordre du jour de 47% des présidents de communautés et de 43% des maires - particulièrement dans le secteur scolaire, qui arrive en tête des domaines où devront se porter les investissements. La part des élus locaux qui comptent augmenter la fiscalité pour financer leurs projets avoisine les 30%. 31% des maires et 39% des présidents de communautés considèrent que leur collectivité peut "s'endetter davantage". Mais moins de 40% des communes et des communautés ont une gestion active de leur dette.
"Les collectivités ont un rôle moteur à jouer dans le redémarrage de notre pays", affirme le secrétaire général de l'AMF, André Laignel, qui rappelle qu'elles assurent les trois quarts des investissements publics. Pour lui, cette contribution à la relance économique passe, "si nécessaire", par une augmentation de leurs charges.
Le président de l'AMF, Jacques Pélissard, redoute cependant la lourdeur des procédures, à l'exemple de l'instruction des permis de construire, qui freinent les collectivités dans la mise en oeuvre de leurs investissements.
En un an, l'optimisme des élus locaux sur la situation financière des collectivités a fléchi de 9 points (de 55% en 2007 à 46% cette année) indique le sondage mené fin août et début septembre, avant la crise financière.
Cette crise financière n'est pas en soit un motif d'inquiétude chez les maires, a déclaré Philippe Laurent. "Il n'y a pas de problème de liquidités. L'intervention de la Caisse des Dépôts début novembre a fini de régler cette question." Le directeur du secteur public du groupe Caisses d'épargne, Benoît Catel, confirme : "Il n'y a plus de problème de quantité." Les collectivités pourront donc faire face à leurs besoins de financement qui s'élèveront entre 6 et 7 milliards d'euros pour la fin de l'année. Le maire de Sceaux pointe ce qui constitue selon lui les vraies difficultés : "les relations financières entre l'Etat et les collectivités" et "la fiscalité locale totalement inadaptée".
Thomas Beurey / Projets publics