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Sécurisation des Jeux olympiques : l’AMF et les festivals d'été attendent une concertation

Les récents propos du ministre de l'Intérieur évoquant le report ou l'annulation d'importantes manifestations sportives et culturelles en 2024 pendant la tenue des Jeux olympiques en France suscite de vives réactions. L'Association des maires de France mais aussi les organisateurs des grands festivals estivaux demandent une concertation.

Les maires des communes qui accueillent des événements culturels ou sportifs sont inquiets après les propos de Gérald Darmanin au sujet de la sécurisation des Jeux olympiques de 2024, a fait savoir l'Association des maires de France (AMF) dans un communiqué du 29 octobre.

Devant le Sénat, le 25 octobre dernier (lire notre article du 26 octobre), le ministre de l’Intérieur avait indiqué que la sécurisation des sites olympiques impliquerait "le report ou l’annulation de tous les événements en France qui demandent des unités de force mobile ou qui demandent la présence très forte de nombre de policiers" tels que les festivals ou événements sportifs. Il avait encore annoncé "qu’il n’y aura pas de CRS des plages cette année-là".

Dans son communiqué, l'AMF écrit que "la sécurisation des Jeux olympiques de 2024 à Paris, qui relève de l’État, ne peut se faire au détriment des communes dynamiques qui accueillent des événements culturels, sportifs, festifs ou commerciaux". Des événements que l'association juge "essentiels à la vie culturelle du pays, alimentent l’économie et l’emploi local, et participent au rayonnement de la France".

Menace sur les plages

Dans un contexte de pénurie de surveillants de baignade, l'AMF estime en outre que l'annonce de Gérald Darmanin "menace le maintien de l’ordre public, le dispositif de surveillance et de sauvetage des baigneurs et la protection de l’environnement sur les plages", et ajoute que "la sécurité est une compétence régalienne et [que] les maires n’ont pas les moyens de pallier l’absence de CRS et autres forces mobiles".

Si elle se dit "pleinement consciente du fait que l’organisation des Jeux olympiques nécessite des mesures exceptionnelles de sécurité", l'AMF souhaite que celles-ci soient élaborées de manière concertée. Elle affirme donc avoir saisi la Première ministre pour proposer une concertation à laquelle serait associées l’ensemble des parties prenantes, à commencer par elle-même.

Danger sur les festivals

L'AMF n'est pas seule à s'alarmer. Damien Meslot, maire de Belfort, où se tient chaque année le festival des Eurockéennes, s'est dit "très inquiet et surpris" par l'annonce du ministre de l'Intérieur. Après deux années d'annulation en raison de la crise sanitaire, l'élu craint que l'on "mette en péril nos grands festivals". Jérôme Tréhorel, directeur du festival des Vieilles Charrues, en Bretagne, a pour sa part exprimé sa "stupeur" et son "incompréhension". Quant à Stéphane Krasniewski, vice-président chargé des festivals au Syndicat des musiques actuelles, il a estimé que "des reports ou annulations auront un impact sur l'ensemble de la filière" et que "certains festivals seraient en danger, ne se remettraient pas d'une seconde saison blanche", allusion aux nombreuses annulations d'évènements au plus fort de la crise sanitaire en 2020 et 2021.

Tout comme les maires des communes concernées, la filière musicale réclame une concertation. Une demande soutenue par le président du comité d'organisation des Jeux olympiques Tony Estanguet, qui a affirmé que son "ambition a toujours été de créer des passerelles entre le sport et la culture, via l'Olympiade culturelle".

Le ministère de la Culture déjà sur le pont

De son côté, la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, devait rencontrer ce mercredi 2 novembre en fin d'après-midi les dirigeants des vingt plus importants festivals afin de d'examiner au cas par cas leur situation. Parmi les pistes évoquées, il est question de décaler des évènements de quelques jours ou d'en réviser le format. Cependant, la ministre n'écarterait pas certaines annulations, si des solutions n'étaient pas trouvées.

Selon le ministre de l'Intérieur, la sécurité des Jeux olympiques de 2024 – qui se tiendront du 26 juillet au 11 août – devrait être assurée par 30.000 policiers et gendarmes par jour en moyenne. Pour la seule Île-de-France, 12.000 à 45.000 forces de sécurité intérieure se déploieront selon les jours. À cela, il convient d'ajouter 25.000 agents de sécurité privée.