Sécurité de Paris 2024 : une mobilisation qui pourrait peser sur d'autres événements
Auditionné au Sénat, le ministre de l'Intérieur a fait état des moyens prévus pour assurer la sécurité des Jeux olympiques de 2024, notamment en Île-de-France mais pas seulement. Les sites feront l'objet de "plans zéro délinquance". Les zones de compétences police / gendarmerie seront provisoirement supprimées.
Gérald Darmanin a détaillé le 25 octobre les moyens nécessaires à la sécurité des Jeux olympiques de 2024 avec, entre autres, un défi hors norme : la cérémonie d'ouverture sur la Seine, qui mobilisera "35.000" policiers et gendarmes pour "600.000" spectateurs attendus le 26 juillet 2024.
Globalement, pour la durée des Jeux olympiques, la sécurité sera assurée par "en moyenne 30.000 policiers et gendarmes par jour", a indiqué le ministre de l'Intérieur, qui était auditionné par les commissions de la culture et des lois du Sénat. Des forces de l'ordre auxquelles 25.000 agents de sécurité privée viendront s'ajouter pour compléter le dispositif de sécurisation.
Pour la seule Île-de-France, entre "12.000 à 45.000 forces de sécurité intérieure" seront nécessaires "en fonction des jours", pendant la durée des épreuves du 26 juillet au 11 août. En tout cas, il n'y aura "pas de congés" pour les personnels du ministère de l'Intérieur durant cette période. "Ça vaut à tous les étages", a souligné Gérald Darmanin.
Le ministre a aussi prévenu que de grands événements culturels ou sportifs seront "annulés ou reportés" durant les jeux, comme le Tour de France ou certains festivals. Ou encore la braderie de Lille (programmée durant la période des Jeux paralympiques, 28 août-8 septembre). Mais "on ne va pas annuler tous les événements", a-t-il pondéré. S'agissant du Tour de France, l'épreuve hommes devrait en réalité ne pas être trop impactée : elle débutera fin juin, comme c'est généralement le cas lorsque d'importants événements sportifs ont lieu durant l'été.
Ces quelques propos sur les reports ou annulations de grands événements n'ont pas tardé à faire réagir. "Je suis très inquiet et surpris par l'annonce du ministre de l'Intérieur. Cela signifie donc qu'un pays comme la France n'est plus en capacité d'organiser de grands événements sans mettre à l'arrêt le reste du pays", a par exemple estimé le Damien Meslot, maire de Belfort, potentiellement concerné avec le festival des Eurockéennes de Belfort - un événement musical annulé deux années de suite après une année record en 2018. L'élu craint que l'on "mette en péril nos grands festivals". "A Belfort, nous sommes prêts à mobiliser toutes nos forces de sécurité pour permettre le maintien des grandes manifestations", a-t-il assuré.
Il a aussi fait savoir qu'il n'y aurait "pas de CRS des plages cette année-là". Ce qui risque évidemment de poser problème aux communes concernées. On se souvient qu'à l'approche de l'Euro 2016 de football déjà, une note du ministère de l'Intérieur avait prévenu que les nageurs-sauveteurs issus des CRS seraient affectés à l'événement (voir notre article de décembre 2015).
Le ministre a en outre annoncé que les zones de compétences entre la police et la gendarmerie seront supprimées le temps des JO.
La lutte antidrones sera placée sous la responsabilité du ministère des Armées, le ministère de l'Intérieur devant pour sa part "analyser la vulnérabilité des sites et des compétitions vis-à-vis de cette menace et identifier les besoins en moyens de protection". La direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ainsi que tous les services de renseignements seront évidemment pleinement mobilisés, les menaces étant "très, très élevées" pour des JO.
Alors qu'au Stade de France en juin, des spectateurs s'étaient fait dépouiller, Gérald Darmanin a annoncé avoir demandé aux préfets concernés de préparer des "plans zéro délinquance" sur les sites accueillant les JO. Un an avant, "5.500 opérations anti-délinquance dont 3.500 en Île-de-France" seront menées. Ces plans seront également mis en oeuvre pendant la Coupe du monde de rugby, à l'automne 2023. Une coupe du monde qui constituera, selon le locataire de la place Beauvau, "une répétition générale" des Jeux. Elle nécessitera quant à elle la mobilisation de "7.000 policiers et gendarmes par jour".
S'agissant spécifiquement de la cérémonie d'ouverture, le ministre a précisé le schéma prévu : les quais bas de la Seine seront accessibles à "100.000" spectateurs payants, les quais hauts le seront gratuitement à "500.000 personnes" (avec une "billetterie gratuite obligatoire" pour contrôler le nombre de spectateurs et les répartir le long de la Seine). L'organisateur, a-t-il indiqué, "doit également garantir 3.000 agents privés de sécurité" pour la cérémonie et la ville de Paris a un objectif de "3.000 recrutements" à l'horizon 2024.