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Sécurité civile - Secours et réforme territoriale : les enjeux du congrès des sapeurs-pompiers

Les secours d'urgence seront au coeur du prochain congrès des sapeurs-pompiers, au moment où le dialogue avec le Samu est enfin renoué. La place du Sdis dans la réforme de l'organisation territoriale fera également l'objet d'un débat.

Le secours d'urgence aux personnes sera au cœur du prochain congrès national des sapeurs-pompiers qui se tiendra du 1er au 4 octobre dans la Cité des papes. Et ce, alors que la situation semble enfin se débloquer suite à la présentation en début d'été du volumineux rapport de l'IGA et de l'Igas sur la mise en œuvre du référentiel de 2008 (voir ci-contre notre article du 8 septembre 2014). Ce référentiel était censé huiler les rouages grippés des relations entre les Samu et les pompiers. Or de la qualité de ces relations dépend en grande partie l'objectif fixé par le président de la République d'assurer un accès aux soins urgents à chacun en moins de trente minutes, sachant que 71% des interventions des pompiers concernent aujourd'hui le secours à personnes.

Epines irritatives

Et pourtant, jusqu'ici, le ministère de la Santé n'avait pas jugé utile d'associer les sapeurs-pompiers à la réorganisation des urgences, amenant la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) à geler ses relations avec le Samu en juin dernier (voir notre article du 16 juin 2014). La parution du rapport des inspections, attendu depuis un an, a donc permis de renouer le dialogue. Les deux inspections y préconisent notamment de redynamiser le comité national de suivi du référentiel ; ce qui a été fait séance tenante. Ce comité, qui réunit les représentants des urgentistes et des sapeurs-pompiers, s'est réuni une première fois le 2 juillet, puis à deux reprises, les 9 et 18 septembre. Une prochaine réunion aura lieu le 8 octobre.
Les urgentistes sont "complètement d'accord pour se mettre à table pour discuter", s'est félicité le président de la FNSPF, le colonel Eric Faure, mercredi 24 septembre, lors d'un point presse organisé en prévision du congrès. Selon lui, nombre des 45 recommandations du rapport d'inspection sont de "bon sens".
Si les premières réunions du comité ont déjà permis d'avancer sur plusieurs points, il reste des "épines irritatives". "Nous avons décidé d'agir très vite sur ces points durs", a déclaré Eric Faure. Il en va notamment de la question des infirmiers de sapeurs-pompiers. Le rapport propose qu'ils soient placés sous l'autorité fonctionnelle du médecin régulateur du Samu, ce que refuse la FNSPF. La fédération est également réticente à l'idée de communiquer la liste des médecins et infirmiers sapeurs-pompiers volontaires à l'ARS, comme le propose le rapport. Le comité ne devrait pas se pencher sur la place des ambulanciers, car "le transport sanitaire ne relève pas de l'urgence", estime Eric Faure.
Une autre question, non mentionnée par le rapport, taraude la FNSPF : la gestion des hélicoptères. Alors que la gendarmerie et la sécurité civile disposent de 90 appareils, la Santé préfère, pour les besoins des Smur, en louer à des compagnies privées. "Il est essentiel de cesser cette course à l'armement, alors que notre pays a besoin de faire des économies pour être plus efficace", s'est insurgé Eric Faure, qui devrait interpeller à ce sujet le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui viendra clôturer ce congrès, samedi 4 octobre.

"Le modèle unique qui existait est en train d'être bouleversé"

A Avignon, les sapeurs-pompiers aborderont aussi la réforme de l'organisation territoriale (Etat et collectivités) alors que la place du Sdis a jusqu'ici été éludée. Un débat y sera consacré le vendredi. "Le modèle unique qui existait est en train d'être bouleversé", a déclaré le président de la FNSPF, en écho à l'organisation à géométrie variable privilégiée par Manuel Valls. Eric Faure, qui n'a rien laissé filtrer de son entretien avec le ministre de l'Intérieur le 23 septembre, se montre attaché à l'échelle d'intervention du département, mais moins à la tutelle financière du département. "Nous pensons que dans la question de la proximité, le cadre départemental des Sdis, en établissement public, reste une valeur sûre, parce que ça marche." Mais "il est temps aujourd'hui que l'Etat retrouve une présence à la fois auprès du Sdis, mais également au niveau du pilotage national, a-t-il ajouté. Il faut plus d'Etat auprès des élus de Sdis mais aussi plus d'élus de Sdis auprès des services de l'Etat".
Le congrès sera enfin l'occasion de présenter un point d'étape de l'engagement sur le volontariat signé lors de la précédente édition entre l'Etat, les collectivités et les sapeurs-pompiers, dont l'objectif est de repasser au-dessus de la barre des 200.000 volontaires en 2017. "Nous sommes au milieu du gué. Certaines mesures sont effectives, d'autres sont en cours", indique le colonel Eric Faure, qui demande de favoriser l'accès des sapeurs-pompiers volontaires aux logements sociaux situés à proximité des casernes. Une grande campagne de communication sur le volontariat, en grande partie financée par l'Etat, vient d'être lancée.

Michel Tendil

Lancement d'une campagne contre les incendies domestiques

Les incendies domestiques sont responsables de 800 morts chaque année en France, pour environ 15.000 blessés, selon la FNSPF qui lance, le 1er octobre, une campagne de prévention. "70% des victimes le sont parce qu'elles sont intoxiquées. Les fumées sont ce qu'il y a de plus dangereux", souligne le capitaine Céline Guilbert, responsable de la diffusion de la culture de la sécurité civile au sein de la FNSPF. Le but de la campagne est d'aider les habitants à acquérir les bons réflexes et à s'équiper de détecteurs, sachant que seuls 20% des foyers le sont aujourd'hui. Or, ces détecteurs seront obligatoires à compter du 8 mars 2015. De telles mesures ont permis de réduire la mortalité des deux tiers en trente ans au Québec et de 30% en neuf ans en Angleterre, selon la fédération.
M.T.