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Education prioritaire - Scolarisation précoce : le bilan mitigé de l'Igen

Dans un rapport publié cet été, l'Inspection générale de l'Education nationale invite Etat et collectivités à s'engager conjointement pour la qualité de la scolarisation des enfants de moins de 3 ans. La recommandation tombe à pic, Jean-Michel Blanquer s'étant déclaré favorable à la scolarisation précoce, "notamment à destination des publics défavorisés".

Convaincu que "les premières années de scolarité sont déterminantes pour préparer la réussite des enfants et les aider à prendre confiance en eux", le nouveau ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, s'est déclaré favorable au principe de la scolarisation précoce, "notamment à destination des publics défavorisés", mardi 29 août, lors de sa conférence de presse de rentrée. Il estime que "la scolarisation maternelle peut contribuer, dès le plus jeune âge, à la réduction des inégalités, notamment celles qui résultent des écarts dans les acquis langagiers", lesquels sont selon lui cruciaux pour préparer à l'apprentissage de la lecture et de l'écriture.
Un rapport de l'Inspection générale de l'Education nationale (Igen), publié en août, fait justement le point sur "La scolarisation en petite section de maternelle" et dresse un bilan mitigé de ce dispositif relancé il y a quatre ans par la loi dite de refondation pour l'Ecole de la République. Il donne surtout des pistes pour améliorer le dispositif, en partenariat avec les collectivités.

Des disparités nationales

A la rentrée 2015, 93.600 enfants âgés de deux à trois ans étaient scolarisés, soit 11,5% de l'ensemble de la classe d'âge – 19,3% dans les réseaux d'éducation prioritaire et 9,8% en dehors de ces réseaux (voir notre article du 23 juin 2016).
Les inspecteurs mettent en particulier l'accent sur les disparités nationales. Près de la moitié des départements ont ainsi dépassé l'objectif fixé en 2015 de 30% d'enfants de moins de trois ans scolarisés en réseau d'éducation prioritaire (REP). A l'inverse, "neuf départements ont un taux encore inférieur à 10%, majoritairement en Île-de-France, où les départements connaissent à la fois une poussée démographique et des difficultés d’accueil liées au manque de locaux disponibles". Ce taux est également inférieur à la moyenne nationale dans les territoires ruraux.

Etat indécis, maires prudents

En cause : la démographie scolaire propre à chaque académie, le manque de locaux disponibles ou encore "l’épineuse question des déplacements". L'Igen soulève aussi des problèmes de gouvernance : "Les objectifs assignés par les recteurs à cette scolarisation ne sont pas strictement arrêtés, traduisant des difficultés objectives des académies en la matière." Et ajoute : "La scolarisation de ces enfants implique un travail partenarial important avec les communes, des objectifs partagés, des investissements conjoints. Les fluctuations des politiques publiques sur cette question sensible ont conduit les maires à une forme de prudence."
Le partenariat avec les communes s'avère particulièrement nécessaire pour la mise en place de conditions matérielles adaptées, ou encore pour le recrutement d'Atsem volontaires et désireuses de se former.
Autre facteur susceptible de freiner les élus dans le développement de la scolarisation de tout petits : la crainte de fragiliser le réseau des assistantes maternelles.

Adosser des "pôles de scolarisation des deux-quatre ans" aux conventions ruralités ou aux intercommunalités

Du côté des points positifs relevés : "indubitablement, des progrès ont été accomplis en matière d’organisation de l’espace et du temps scolaire, dans l’accueil des enfants, dans la relation aux parents".
Les auteurs du rapport soulignent toutefois des lacunes en termes d'évaluation d'impact et, plus encore, de formation.
Ils formulent plusieurs préconisations, notamment de mettre en place des "pôles de scolarisation des deux-quatre ans, au sein de classes maternelles rénovées" dans les territoires ruraux et de prendre pour cela appui sur les conventions ruralités et les établissements publics de coopération intercommunale.
Les inspecteurs appellent en outre collectivités et Education nationale à se mettre d'accord sur "quelques principes structurants" - "des moyens spécifiques", "le développement d'une vrai professionnalité" - afin de favoriser la qualité de la prise en charge des très jeunes enfants.