Education - La politique de scolarisation des enfants de moins de 3 ans a besoin d'un coup de booster
En matière de scolarisation précoce, "la qualité de la prise en charge éducative s'appuie sur la collaboration avec les collectivités territoriales, les CAF et les services en charge de la petite enfance (PMI, établissements d'accueil du jeune enfant...)". Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Education nationale, et Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes, ont lancé le 4 avril une mobilisation "de tous les acteurs et des familles pour réussir le développement de la scolarisation des enfants de moins de 3 ans, afin d'augmenter le nombre d'enfants inscrits à la rentrée 2016".
Pour l'heure, le gouvernement rappelle que l'accueil des tout-petits est "progressivement assuré" dans les écoles maternelles des 1.089 réseaux d'éducation prioritaire, avec pour objectif de scolariser 30% des enfants de moins de 3 ans "dans les zones défavorisées d'ici 2017". Objectif porté à 50% en REP+ (réseaux d'éducation prioritaire renforcés) lors du comité interministériel "égalité et citoyenneté" du 6 mars 2015. L'argument n'a pas changé : "en stimulant précocement les capacités linguistiques, physiques et intellectuelles des enfants, et en les initiant à la vie en commun, la scolarisation précoce constitue un levier important pour restaurer l'égalité des chances, et permet aux parents de concilier plus facilement vie professionnelle et vie familiale".
25.000 places ont été créées mais toutes ne sont pas utilisées
Le taux de préscolarisation avait été divisé par trois entre 2001 et 2012, passant de 35% à 11%, puis était remonté en 2013, année de relance de cette politique. La progression s'est confirmée en 2014 et 2015 en éducation prioritaire, et le taux global s'élève désormais à 11,7% : 9,8% hors éducation prioritaire et 20,6% en éducation prioritaire (avec 19,3% en REP et 22,2% en REP+). Au total, en 2015, 93.600 enfants de 2 ans fréquentent l'école, dont 80% dans le secteur public.
Seulement 11% des élèves de 2 ans sont dans une des 1.100 classes à un seul niveau ouvertes entre la rentrée 2012 et la rentrée 2015. Les autres sont accueillis dans des classes multi-niveaux. Au final, 25.000 places ont été créées mais toutes ne sont pas utilisées. Alors, pour booster la mobilisation, Najat Vallaud-Belkacem et Laurence Rossignol promettent notamment davantage d'interministériel "en améliorant la coordination entre l'Education nationale et les acteurs des politiques sociales et familiales sur les territoires" (*). Cela se traduit par trois points.
D'abord, les directeurs académiques des services de l'Éducation nationale (Dasen) doivent communiquer aux directeurs de CAF de leur département, sur la base de la carte scolaire arrêtée pour 2016-2017, l'estimation du nombre de places disponibles pour la scolarisation des très jeunes enfants à la rentrée 2016 dans les secteurs prioritairement visés par cette politique, et cela avant la fin du mois d'avril.
Sensibiliser à l'opportunité et à l'intérêt de la scolarisation précoce
Ensuite, la CAF identifiera les familles ayant un enfant de moins de 3 ans et les informera par mail de l'opportunité proposée à leur jeune enfant et les incitera à se rapprocher de leur mairie pour une démarche d'inscription. En fonction du contexte local, la CAF organisera des réunions de sensibilisation des acteurs de la politique sociale et familiale, auxquelles les services de l'Éducation nationale participeront "autant que de besoin". Enfin, les ministres comptent sur "les partenaires en lien direct avec les familles concernées" pour les sensibiliser à l'opportunité et à l'intérêt de la scolarisation précoce. Elles pensent, "en fonction du contexte local", aux : services de Protection maternelle et infantile (PMI), centres communaux d'action sociale (CCAS), lieux d'accueil enfant-parent, centres sociaux, ludothèques, bibliothèques, associations familiales, associations du champ de l'enfance ou de la politique de la ville.
Au passage, elles rappellent que cette scolarisation "requiert une organisation des activités et du lieu de vie qui se distinguent nettement de ce qui existe dans les autres classes de l'école maternelle". D'abord, l'accueil est différé au-delà de la rentrée scolaire en fonction de la date anniversaire de l'enfant. Ensuite, l'Education nationale doit définir "avec la collectivité compétente" une "adaptation des locaux et un équipement en matériel spécifique" et les horaires d'entrée et de sortie le matin et l'après-midi peuvent être assouplis par rapport à ceux des autres classes, et les rythmes scolaires "adaptés".
Il est également rappelé que "la structure mise en place accueille prioritairement des enfants du secteur de l'école où elle est implantée". Et surtout, que dans les zones définies par la circulaire du 18 décembre 2012, c'est-à-dire celles présentant un "environnement social défavorisé, zones urbaines, rurales et de montagne, ainsi que dans les départements et régions d'outremer", les enfants de moins de 3 ans sont comptabilisés dans les prévisions d'effectifs de rentrée, dans les écoles qui les scolarisent.
Valérie Liquet
(*) La mobilisation prévoit deux autres axes qui concernent les collectivités : le renforcement de la coopération avec les parents et la formation des maîtres et maîtresses.