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Culture - Satisfecit pour la numérisation des cinémas, avec l'aide des collectivités

Un rapport très positif de deux inspections montre que le basculement vers le numérique a été très rapide pour l'équipement en matériel de projection des salles de cinéma. Et cela, grâce notamment à des aides publiques de 71 millions d'euros, dont 21 millions apportés par les collectivités.

L'Inspection générale des finances (IGF) et l'Inspection générale des affaires culturelles (Igac) publient un rapport sur le financement de l'équipement en matériel de projection numérique des salles de cinéma. Celui-ci dresse le bilan d'un disposition de soutien à l'équipement numérique - sensiblement plus coûteux que le matériel traditionnel en 35 mm -, mis en place par la loi du 30 septembre 2010 relative à l'équipement numérique des établissements de spectacles cinématographiques et largement soutenu par les collectivités territoriales (voir nos articles ci-dessous de 2010).

Un basculement achevé dès 2014, mais dont le financement court toujours

Sur un plan technique, la démarche est un succès incontestable. Le rapport considère en effet que "la transition numérique a été rapide en France, sans difficulté de financement grâce aux dispositifs organisés par l'Etat". En pratique, l'équipement numérique du parc français est achevé depuis 2014, pour un coût total que la mission évalue à 370 millions d'euros. Le rapport précise par ailleurs que "plus d'une centaine de salles ont déjà arrêté de collecter des contributions numériques et ce sera le cas de la grande majorité du parc à la fin de l'année 2018".
Cet effort d'investissement a été financé par une double source. D'une part, un financement professionnel obligatoire sur le principe des "Virtual Print Fees" (VPF) ou contributions numériques, versés par les distributeurs pour les copies livrées aux exploitants, pendant les premières semaines d'exploitation d'un film. D'autre part, des financements publics apportés principalement par le CNC (Centre national du cinéma et de l'image animée) - sous la forme du programme "Cinénum", pour les cinémas ne recevant pas suffisamment de contributions du fait de leur programmation - et par les collectivités. Ces financements publics se sont élevés à environ 70 millions d'euros, dont 21 millions d'euros pour les collectivités.

Tous les acteurs - et les spectateurs - y ont gagné

Sur un plan qualitatif, le bilan dressé par l'IGF et l'Igac montre que l'équipement numérique "a été bénéfique aux exploitants et distributeurs, leur permettant d'optimiser leur programmation et de réaliser des économies de gestion". Ces économies portent à la fois sur les coûts de tirage des copies (pour les distributeurs) et sur les charges de personnel et de transport (pour les exploitants). De leur côté, l'activité cinématographique - et les spectateurs - ont également bénéficié de cette transformation du secteur, "qui améliore la qualité de la projection et accroît la souplesse de la programmation des œuvres".
Reste la question des dépenses d'entretien et de renouvellement. Certes, les coûts des équipements numériques sont plus élevés que ceux des précédents matériels en 35 mm. Mais, selon l'IGF et l'Igac, "ces coûts doivent être relativisés et n'apparaissent pas hors de portée de financement pour la majorité des exploitants". Pas question donc pour les rapporteurs de créer un nouvel instrument pour faire face aux dépenses de renouvellement des équipements.

Pas de nouvelle aide, mais trois propositions

En revanche, le rapport formule trois propositions. Tout d'abord, renforcer l'information et la formation des exploitants sur les équipements, afin d'accompagner la mutation de leur métier. Ensuite, charger le CNC de veiller sur leur situation économique, "notamment pour la petite exploitation, dont une frange est structurellement fragile, et de mobiliser, le cas échéant, les dispositifs dont il dispose pour accompagner le renouvellement de l'équipement". Les collectivités - qui "ont d'ores et déjà une responsabilité déterminante dans le maintien de nombreuses salles peu rentables et en déficit structurel sur le territoire" - pourraient utilement être associées à ce dispositif. Enfin, pérenniser et adapter les dispositifs de suivi et de concertation mis en place pour la transition numérique - en particulier le comité de concertation numérique et l'observatoire de la diffusion -, en les réorientant vers les questions de programmation.

 

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