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Sandrine Aboubadra-Pauly de l'UNML : "Les missions locales vont amplifier leur activité en 2021 dans le cadre du plan '1 jeune, 1 solution'"

Sandrine Aboubadra-Pauly, déléguée générale de l’Union nationale des missions locales (UNML), revient pour Localtis sur les moyens amplifiés dont disposent les missions locales dans le cadre du plan gouvernemental "1 jeune, 1 solution", surtout en 2021, leur rôle, et la proposition de l'UNML d'assouplissement des règles d'entrée dans la "Garantie jeunes". 

Sandrine Aboubadra-Pauly : Que pensez-vous de la plateforme "1 jeune, 1 solution" – du même nom que le volet "jeunes" du plan de relance –, mise en ligne le 19 novembre et qui recense près de 20.000 offres d’emploi ?  
Localtis : Le lancement de la plateforme est l'un des outils proposés par le gouvernement. Nous étions très intéressés pour y être associés ; les missions locales étant l’un des acteurs majeurs de la mise en œuvre du plan “1 jeune, 1 solution”. La plateforme est un des points d’entrée pour permettre aux jeunes d'accéder à la palette de l’offre de service du plan, dont l’accompagnement proposé par les missions locales. 
 
Quelles sont les mesures du plan "1 jeune, 1 solution" qui concernent plus particulièrement les missions locales ? 
Ce plan s’organise en trois grands volets complémentaires. Un volet en direction des entreprises pour promouvoir le recrutement des jeunes, un volet qui concerne l'accompagnement et un troisième qui concerne la formation. Les missions locales sont directement concernées par le deuxième volet – l’accompagnement – qui est leur mission première : elles mettent en œuvrent le droit à l’accompagnement des jeunes à travers un parcours contractualisé d'accompagnement vers l’emploi et l'autonomie, le "Pacea", qui se traduit par un accompagnement pour l’accès aux droits concernant le logement, la santé, la citoyenneté, la culture, le sport, l’appui au projet professionnel, et l’aide à la recherche d’emplois, de formation ou d’entreprises pour l’apprentissage. La boîte à outils contenue dans le plan "1 jeune, 1 solution" permet de construire des parcours individualisés répondant aux besoins des jeunes. Les moyens sont amplifiés, en particulier en 2021, pour l’accompagnement et pour le dispositif spécifique d’accompagnement intensif, assorti d’une allocation : la "Garantie jeunes".
 
Pensez-vous qu’il faille faire évoluer la "Garantie jeunes" ? 
Les critères d’entrée en "Garantie jeunes" sont assez stricts et se réfèrent notamment aux conditions de ressources, au nom du rattachement au foyer fiscal des parents, etc. L’UNML propose un assouplissement de certaines règles, pour élargir la cible des jeunes pouvant y entrer. Le public cible de la "Garantie jeunes" est estimé à environ 110.000 jeunes. Aujourd’hui les 100.000 "Garantie jeunes" couvriraient à peu près le public concerné. Cette mesure a été fortement dotée dans le cadre du plan gouvernemental avec 50.000 "Garantie jeunes" supplémentaires l’année prochaine. Donc pouvoir l’élargir, compte tenu du contexte,  en jouant sur certains critères, pourrait être pertinent.  Nous proposons d’expérimenter certaines adaptations de la "Garantie jeunes" qui permettraient de répondre à des besoins de jeunes qui aujourd’hui ne sont pas éligibles. 
 
Le gouvernement estime que le nombre de contrats d’apprentis devrait dépasser le record de 2019, est-ce que l’UNML confirme cette tendance ? 
Je n’ai pas les chiffres nationaux mais il est vrai que pour les missions locales c’est assez significatif. Elles se sont déjà fortement investies dans l’accompagnement des jeunes et des entreprises dans le cadre des mesures du plan concernant l’apprentissage qui étaient déjà engagées depuis le printemps 2020 ( lire notre article du 14 mai 2020). 
Malgré cette période de confinement, les orientations de jeunes en apprentissage par les missions locales sont plus importantes en 2020 qu’elles ne l’étaient en 2019. D’ailleurs la plateforme lancée par le gouvernement (lire notre article du 19 novembre) est essentiellement tournée vers les enjeux de l’apprentissage. La plus-value des missions locales sur ce champ, c’est qu’elles proposent un accompagnement dans la recherche du CFA, de l’entreprise... mais aussi un accompagnement du jeune et de l’employeur pour éviter les ruptures de contrat. On sait que c’est la difficulté. Et c’est tout bénéfice pour le trio "CFA-entreprises-jeunes". 
 
L’activité des missions locales dans le contexte de la crise sanitaire est-elle soutenable ? 
L’activité est très intense pour les missions locales en ce moment et dans le même temps l’activité économique est…. complexe. Des solutions qui pouvaient exister pour les jeunes avant la crise sanitaire, des petits boulots qui permettaient d’avoir un minimum de revenus - notamment pour les étudiants - ont disparu, d’où l’intérêt d’avoir les alternatives du Plan "1 jeune, 1 solution".  Du fait de cette activité intense, il faut renforcer les missions locales. Le projet de loi de finances 2021 prévoit d’ores et déjà des moyens supplémentaires pour accompagner plus de jeunes dans leur parcours. Mais il est essentiel d’anticiper au maximum les moyens et le recrutement de nouveaux conseillers afin de gérer cet afflux de jeunes et la montée en puissance du "plan jeunes". Si les missions locales reçoivent leurs financements en juillet 2021, il sera trop tard. …
 
Concrètement, comment s’organisent les missions locales pour l’accueil des jeunes dans le contexte sanitaire ? 
Les missions locales assurent des missions de service public donc elles sont ouvertes au public. Néanmoins, dès la fin octobre, une organisation spécifique a été mise en place, privilégiant le télétravail – comme le recommande la ministre du Travail – et une adaptation aux besoins des jeunes. Les missions locales alternent entre de l’accueil et de l’accompagnement en physique et en distanciel. Lors du premier confinement, les missions locales ont su s’adapter très vite pour organiser des accompagnements collectifs à distance. Tout ça a été réactivé. 
 
Formation et qualification restent l’un des chevaux de bataille des missions locales ? 
Certaines solutions d’emploi portent leurs fruits. Mais malgré tout, le marché du travail est très largement sinistré aujourd’hui. L’un des objectifs du réseau est de faire en sorte que la formation et la qualification soient un enjeu très fort pour les jeunes.  Afin qu’ils aient toutes les chances d’entrer sur le marché du travail à l’issue de la crise. 
 
La nouvelle obligation de formation est finalement entrée en vigueur en septembre dernier pour les 16-18 ans...
La nouvelle obligation de formation est effectivement entrée en vigueur en septembre dernier (notre article du 29 mai 2020). Les textes d’application ne sont sortis que très récemment, au mois de novembre. Cela n’a pas empêché les missions locales de bien s’engager dans cette mesure. L’évolution souhaitée est d’engager le plus vite possible un accompagnement avec les jeunes en situation de décrochage, et de ne pas les perdre pendant plusieurs mois... pour les récupérer ensuite. L’idée c’est qu’il y ait un travail très étroit entre les services qui s’occupent du décrochage scolaire à l’Education nationale et les missions locales. Ce travail se met en place à travers des plateformes qui existaient déjà dont on renforce le contenu et le copilotage : les Psad pour "Plateformes de suivi et d'appui aux décrocheurs". Nous travaillons également avec l’Afpa (1) qui propose un programme spécifique de 4 mois, la "Promo16.18", et tous les acteurs qui proposent des solutions pour ces jeunes. 

(1) Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes : organisme de formation professionnelle au service des régions, de l'État, des branches professionnelles et des entreprises.