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Aménagement numérique - Ruralitic 2012 : les RIP montent en puissance et s'organisent

"Seul le modèle prôné par les réseaux d'initiative publique (RIP) peut relever le défi de proposer d'ici à 2022 un accès au très haut débit pour tous les Français"... Cette déclaration des auteurs de "l'appel de Valence" qui tenaient hier une conférence de presse, en marge des 7es rencontres de Ruralitic à Aurillac, résume assez bien l'état d'esprit de mobilisation du moment et surtout le retour en force des acteurs publics dans le programme de déploiement du très haut débit.
Philippe Leroy (UMP), sénateur et co-rédacteur de la proposition de loi sur l'aménagement du territoire, Hervé Rasclard (PS), président du syndicat mixte Ardèche Drôme Numérique (ADN), et Alain Lagarde (PS), maire adjoint de Tulle et président du syndicat mixte Dorsal, avaient décidé de rappeler leurs propositions pour "réussir la révision du programme national très haut débit" avant l'intervention de Fleur Pellerin, la ministre en charge de l'économie numérique, attendue en clôture de Ruralitic.
L'état d'esprit est constructif et le consensus assez général entre les élus locaux de gauche et de droite sur les priorités et les correctifs à apporter au plan national : la fibre "pour tous et sur tous les territoires", un pilotage public national fort auquel seraient, néanmoins, étroitement associées les collectivités territoriales, et l'établissement de financements pérennes.  "La proposition de loi Leroy-Maurey comblait les principales insuffisances du plan national, elle doit donc être reprise et aussi élargie", indique Hervé Rasclard, qui prône avec ses collègues un renforcement du poids des RIP dans la révision du plan. Ce principe semble déjà avoir été acté par la ministre qui, à plusieurs reprises au cours de cet été, a confirmé sa volonté d'inciter les opérateurs à utiliser plus systématiquement les RIP existants.

Un nouvel éco-système pour les RIP

"Tout n'est pas réglé loin de là", observe Sylvain Valayer, directeur du syndicat mixte ADN. Mais sans attendre les initiatives de l'Etat, tout un éco-système semble en cours de constitution. Il y a tout d'abord "le collectif référentiel fibre commun" initié par l'Institut des Mines Télécom et l'Arcep, chargé de mettre au point un référentiel national destiné à uniformiser les ingénieries de déploiement de la fibre, l'exploitation et la maintenance des réseaux. "Nous adhérons tous à ce projet destiné à effacer les principaux freins à l'utilisation de nos réseaux par les opérateurs", confirme Sylvain Valayer. D'autres initiatives de regroupement, destinées à renforcer le poids des RIP, ont été annoncées. La région Rhône-Alpes va proposer à Fleur Pellerin une expérimentation "pilote" de syndication de tous les RIP sur son territoire pour commercialiser les offres de services. "Le dispositif serait ouvert à tous les acteurs, opérateurs de services, éditeurs de contenus ou fournisseurs d'applications et représenterait un million de clients potentiels", a indiqué André Friedenberg, le conseiller régional chargé des TIC. L'idée d'un regroupement de tous les départements porteurs de RIP fait également son chemin, bien que les modalités de regroupement soient encore en chantier. "Plutôt que d'agir en ordre dispersé, cela donnerait aux collectivités locales une puissance de frappe qu'elles n'ont pas aujourd'hui", observe Sylvain Valayer.

Les industriels partenaires des RIP se fédèrent

Dans le même esprit, la création, d'ici la fin de l'année, d'un syndicat ou d'une fédération rassemblant les industriels partenaires des RIP a été annoncée par Etienne Dugas, président du Groupe Marais, spécialisé dans les travaux publics. "Nous souhaitons mieux accompagner les élus et les collectivités territoriales dans leurs projets, favoriser ainsi la création d'emplois pérennes et le développement d'une filière capable d'exporter ses savoir-faire", a-t-il précisé. La première réunion de préparation est prévue pour la fin octobre. Ainsi, les projets ont mûri et la tendance aux regroupements, à la coopération, aux mutualisations, confirme la volonté des élus locaux de contribuer à la réussite du nouveau plan, "dans l'intérêt bien compris de leur territoire". C'est l'une des tendances à retenir de cette rentrée 2012. Elle ne peut que conforter la ministre dans la préparation d'une feuille de route ambitieuse et d'un agenda raccourci.