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Insertion - RSA : le travail, c'est la santé

La direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie une étude sur "Etat de santé et renoncement aux soins des bénéficiaires du RSA". Le résultat peut difficilement passer pour surprenant, dans la mesure où le phénomène du renoncement aux soins apparaît très lié au niveau de revenu des personnes en insertion. Mais, au-delà de ce constat, l'étude apporte néanmoins un certain nombre d'enseignements intéressants.

Moins de 60% des bénéficiaires en bonne ou très bonne santé

Moins de 60% des bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) se déclarent en "bonne" ou "très bonne" santé, contre 77% dans l'ensemble de la population de 18 à 59 ans. Les allocataires du RSA déclarent également davantage de limitations fonctionnelles : 28% des bénéficiaires déclarent être limités depuis au moins six mois dans les activités du quotidien, contre 17% en population générale. En revanche, ils ne déclarent pas davantage de maladies chroniques que le reste de la population.
L'étude de la Drees met également en évidence un certain nombre de corrélations. Ainsi, il apparaît que les femmes bénéficiaires du RSA sont plus nombreuses que les hommes à déclarer un état de santé altéré. De même, le niveau de diplôme est un autre déterminant significatif de l'état de santé perçu, les titulaires d'un bac ou d'un diplôme d'études supérieures ayant moins de risques de déclarer un état de santé altéré. Le fait d'être propriétaire de son logement joue également de la même façon. Paradoxalement, le fait de disposer d'une couverture complémentaire santé semble jouer de façon plus faible. Il est vrai toutefois que la CMU complémentaire assure une large couverture, puisque seuls 8% des allocataires du RSA ne disposent pas d'une complémentaire santé. Cependant, ceci n'empêche pas que 18% des allocataires ont renoncé à une consultation chez un médecin et 27% à des soins dentaires au cours des douze derniers mois.

Un net écart entre RSA socle et RSA activité

L'étude met en évidence une forte corrélation entre le type de RSA perçu et l'état de santé perçu. Les bénéficiaires du RSA socle non majoré sont ainsi les plus nombreux à déclarer un état de santé "mauvais" ou "très mauvais" (19%) et/ou de fortes limitations fonctionnelles (15%), contrairement aux bénéficiaires du RSA activité seul (respectivement 10% et 8%). Ces deux taux sont de 5% et de 4% dans l'ensemble de la population de 18 à 59 ans.
A ces difficultés physiques s'ajoute une plus grande fragilité psychologique. A partir de cinq questions sur la fréquence selon laquelle les répondants se sont sentis "nerveux", "découragés", "calmes et détendus", "tristes et abattus" et "heureux" au cours du dernier mois, l'étude établit un score de détresse psychologique noté de 0 à 100 (cette dernière étant d'autant plus importante que le score obtenu est faible). Le résultat est que 36% des allocataires du RSA obtiennent un score inférieur à 50 (seuil caractérisant un état de détresse psychologique), contre moins de 15% parmi l'ensemble de la population de 18 à 59 ans.

Le renoncement aux soins : une question plus générale

Cette étude de la Drees est à restituer dans un cadre plus général : celui du renoncement aux soins. L'Irdes (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) a ainsi publié, le 27 juin, une étude sur le sujet. Celle-ci montre notamment que 25,7% des Français disent avoir renoncé à un soin au cours des douze derniers mois. Il apparaît aussi que les personnes sans couverture santé sont les plus touchées par le renoncement aux soins : 24% d'entre elles ont, par exemple, renoncé à des soins d'optique, contre 15% parmi les bénéficiaires de la CMU-C et 9% chez les titulaires d'une complémentaire santé classique.
De même, le lien avec le niveau de revenu apparaît clairement : le taux de renoncement aux soins est de 15% chez les 20% de ménages les plus pauvres contre 3,6% chez les 20% de ménages les plus riches. Le phénomène du renoncement aux soins n'épargne pas les assurés sociaux, puisque 18% d'entre eux disent avoir renoncé à des soins d'optique au cours des douze derniers mois pour raisons financières, 10% à des soins d'optique, 5% à des consultations médicales et 4% à d'autres types de soins.