Réserves d'eau du marais Poitevin : le comité de bassin Loire Bretagne veut renouer le "dialogue"

Le comité de bassin Loire Bretagne, considéré comme un parlement de l'eau local, a annoncé dans un communiqué ce 6 juillet le lancement d'une feuille de route pour "favoriser la reprise du dialogue" sur le "dossier tendu" des "bassines" dans le Marais poitevin. Ce projet de 16 réserves d'eau dédiées à l'irrigation agricole suscite des mobilisations depuis des années dans les Deux-Sèvres, jusqu'aux violents affrontements de Sainte-Soline en octobre et mars derniers.

Pour sortir de la crise, l'instance qui regroupe usagers, élus et représentants de l'Etat a voté à la quasi-unanimité (137 voix pour, une abstention) une motion présentée le 4 juillet pour notamment "favoriser la reprise du dialogue" et aboutir à un "pacte de gouvernance territorial, pour une gestion publique transparente". Dans sa motion, le comité de bassin propose des pistes pour compléter l'accord de 2018. Il demande que les engagements pris par les irrigants soient désormais "individuels et collectifs", mais aussi que "les connaissances au sujet des conséquences du dérèglement climatique (évaporation de l'eau dans les retenues, besoin des milieux, régime des eaux...) soient complétées et approfondies".

"Je veux croire à un chemin pour la Sèvre Niortaise, le comité de bassin ne peut pas tout mais nous avons des choses à faire pour retrouver du sens commun, nous avons entendu le souhait des acteurs de retourner autour de la table des négociations", a expliqué Thierry Burlot, le président du comité de Bassin Loire-Bretagne cité dans le communiqué. De son côté Thierry Boudaud, agriculteur et président de la Coop' de l'eau, qui porte le projet de réserves, a salué auprès de l'AFP "une piste d'apaisement, une motion qui propose des points de discussions importants sur la gouvernance, le partage de l'eau. On jouera le jeu". Bassines Non Merci et la Confédération paysanne, opposants historiques aux projets de réserves d'eau dans les Deux-Sèvres, ont salué la volonté du comité de bassin de renouer le dialogue, mais posé comme préalable un moratoire sur les travaux en cours.

Une délégation du comité de bassin prévoit de rencontrer l'ensemble des acteurs du dossier et un bureau d'étude indépendant doit évaluer "les engagements pris" par les porteurs du projet dans l'accord signé en 2018. Les bénéficiaires des "bassines" s'y étaient engagés en contrepartie à adopter des pratiques tournées vers l'agro-écologie. Leurs détracteurs y voient à l'inverse une "fuite en avant" du modèle "productiviste". La délégation a prévu de "revenir d’ici le 7 décembre 2023 avec des propositions précises, qui seront portées par la commission locale de l’eau des Deux-Sèvres", précise le communiqué.