Innovation - Réseaux et contenus du futur : vers un institut de recherche technologique en Bretagne
Appelez-le "B-com" : "become" pour un programme qui vise des techniques encore en devenir ; mais aussi "B" comme Bretagne et "com" pour télécommunications ! Le tout pour un projet d'institut de recherche technologique (IRT) qui entend intégrer, sur un même territoire, tous les acteurs de l'écosystème numérique.
Ce projet a mûri autour du pôle de compétitivité mondial Images et Réseaux et de grands noms de l'industrie et de la recherche. Son objectif : "intégrer technologies et usages, contenus et applications pour prendre part à la diffusion massive de l'internet du futur". Une cinquantaine de partenaires sont déjà réunis à ce jour, parmi lesquels : France Télécom-Orange (porteur du projet), Alcatel-Lucent, Technicolor, TDF, l'INRIA, Supélec, Télécom Bretagne, l'université de Rennes 1 et des PME innovantes. La région Bretagne mais aussi les agglomérations de Rennes Métropole, Lannion Trégor Agglomération et Brest Métropole Océane soutiennent l'initiative.
"Le terreau est favorable aux technologies de l'information et de la communication dans cette région d'histoire des télécoms", a lancé ce 23 mars à la Maison de la Bretagne (Paris) Jean-Yves Le Drian, le président du conseil régional, venu soutenir le projet. Deuxième région derrière l'Ile-de-France, la terre bretonne concentre en effet sur ce secteur des TIC 44.000 emplois, 650 entreprises, 15.000 chercheurs et un réseau universitaire européen, reconnu au niveau international.
Le président et le préfet de région devraient d'ailleurs présenter le schéma de cohérence régionale sur l'aménagement numérique (SCoRAN) le 4 avril prochain. "Le vote devrait avoir lieu en mai et la Bretagne pourrait être, probablement avec l'Auvergne, la première collectivité régionale à adopter son schéma", a confié à Localtis Jean-Yves Le Drian. 50 millions d'euros ont d'ailleurs déjà été fléchés sur des infrastructures de fibre optique en 2011 avec pour objectif "le 100 Mbit/s pour tous à l'horizon 2025".
Hyperconnexion, immersion dans l'image et efficacité des réseaux
L'ambition du futur IRT suppose d'ailleurs une expertise dans les domaines des réseaux fixes et mobiles très haut-débit et des images du futur (ultrahaute définition, 3D, réalité augmentée et virtuelle). "Fournir 100 fois plus de débit en consommant 10 fois moins d'énergie", est l'une des retombées visées par B-com à l'horizon 2020, a insisté Michel Cosnard, le président directeur général de l'institut national de recherche en informatique et automatique (Inria). En sachant que l'Inria est le mandataire de la fondation de coopération scientifique constituée pour l'occasion.
Concrètement, l'IRT aura son site principal à Rennes et des sites secondaires à Lannion et Brest. Dans la capitale bretonne seront construits 6 000 m2 de bâtiments dédiés, à proximité immédiate du campus universitaire de Beaulieu. L'implication des collectivités se traduira par un engagement financier de 3 millions d'euros par an sur dix ans : 1,6 million pour la région, 1 million pour Rennes, 300.000 euros pour Brest et 100.000 pour Lannion.
Déposé le 18 février dernier, B-com devrait également recevoir des financements de l'Etat (Investissements d'avenir) dans le cadre de l'appel à projets IRT de l'Agence nationale de la recherche (ANR). Selon Vincent Marcatté, directeurs des partenariats Orange, l'IRT pourrait espérer "100 millions sur dix ans sur le financement des plateformes technologiques sur trois domaines et des postes de chercheurs en plus". Outre le projet Rice (réseaux et infrastructures avec plus d'efficacité et moins d'énergie), deux autres programmes sont en effet prévus : ICube (I3) sur l'immersion et l'interaction autour des images, ainsi que "TIC et société numérique" sur la convergence entre usages et technologies (notamment dans le secteur de la santé).
"Nous le savons bien, les services et les usages innovants sont aujourd'hui essentiellement américains. Les terminaux, les écrans et les processeurs sont produits en Asie. L'Europe apparaît surtout comme le continent vieillissant où se conquièrent les consommateurs de ces nouveaux marchés. Il nous faut donc imaginer des instruments forts pour l'innovation et la recherche, avec des rapprochements public/privé, entre PME et grands groupes, entre opérateurs et intégrateurs...", a conclu Stéphane Richard, le président directeur général de France Télécom-Orange.