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Innovation - Assises des données publiques ouvertes : l'Aquitaine suit la Bretagne

Libérer les données publiques numérisées, l'Etat en parle, les collectivités le font. L'agence régionale des initiatives numériques Aquitaine Europe communication (AEC) a réuni sur ce thème plus de 150 personnes, ce 6 novembre à l'hôtel de région, en partenariat avec le conseil régional, la communauté urbaine de Bordeaux (CUB), le département de la Gironde et la Fondation internet nouvelle génération (Fing). Pourquoi ouvrir les données publiques ? Qu’est-ce que cette ouverture permet pour les administrés ? Comment faut-il partager ces informations avec les acteurs privés ? Le président de région, Alain Rousset, Vincent Feltesse, président de la CUB et maire de Blanquefort, Anne-Marie Keiser, vice-présidente du conseil général, des responsables d'administrations, de collectivités ou d'associations comme des entrepreneurs du web ou du mobile ont partagé la conviction que "l’information publique est une source majeure de nouveaux services, de création de valeur, de production de connaissance et de participation citoyenne".
Xavier Crouan, directeur de l’information et de l’innovation numérique de Rennes métropole, a notamment témoigné de l'initiative en cours dans la capitale bretonne. La métropole et la ville de Rennes viennent en effet de rendre accessible à tous et gratuitement des données par le biais d’un site internet dédié. Elles lancent en parallèle un concours "Rennes métropole en accès libre" pour susciter la création de services innovants issus de la libération de ces données publiques. Pour la première fois en France, la collectivité a décidé de libérer des données issues notamment de son réseau de transports, en collaboration avec Keolis. Résultat : onze applications mobiles ont vu le jour en deux mois. Mais les données géographiques ainsi que les informations pratiques géolocalisées de 1.500 organismes publics et associatifs locaux sont également concernées. Ces données ont en commun d'être non nominatives et d'avoir une dimension territoriale. Ouvert jusqu'au 1er février prochain et doté de 50.000 euros de subventions, le concours rennais vise à récompenser des services innovants élaborés sur tous types de supports numériques (web, smartphone, téléphone mobile, autres supports).

Dynamique internationale et européenne

Ailleurs en Bretagne, comme à Plouarzel (Finistère, 2.500 habitants), des initiatives se mettent aussi en place autour de l'information géographique avec Open Street Map. Ce projet collaboratif est destiné à créer des cartes numériques du monde entier. A partir de GPS, les habitants sont sollicités pour collecter sur le terrain des données géographiques librement réutilisables. Autour de Plouarzel, d'autres communes s'engagent dans un mouvement de libération de leurs données, comme en a témoigné Michel Briand, vice-président à l'aménagement numérique de Brest métropole océane. Le département du Bas-Rhin, de grandes villes comme Marseille, Montpellier ou Toulon se sont également lancés, des réflexions seraient aussi en cours à Paris et Nantes. Au-delà, le mouvement est également visible à l'échelle du Vieux Continent. Après Madrid, Rennes métropole a d'ailleurs accueilli, le 29 novembre dernier, le forum sur l'ouverture des données publiques en Europe. La Fing, la plateforme européenne du secteur de l’information publique ePSI, le Groupement français des industries de l’information (GFII), le syndicat mixte e-Megalis et PSI alliance ont participé à son organisation. L'occasion de partager les bonnes pratiques du Royaume-Uni (Openlylocal), de Finlande (Apps for democracy, Forum virium in Helsinki), d'Espagne (ville de Gérone) ou de Pologne (Sloweski national park). Le déploiement d’une plateforme de partage de données ouvertes peut en effet être d'initiative nationale (comme il en existe aux Etats-Unis, au Kenya, en Nouvelle-Zélande, en Australie), d’initiative territoriale (comme en Catalogne), d’initiative citoyenne (Montréal ouvert, par exemple) ou privée (Google public data explorer ou le projet français DataPublica orienté sur les services sur smartphones). Il reste qu'en France, malgré la création de l'Agence du patrimoine immatériel de l'Etat (Apie) dès septembre 2007, puis le rapport sur l'administration électronique de Franck Riester, remis en février dernier, le portail des données publiques libres Etalab se fait désirer. Sans parler de l'Institut géographique national (établissement public de l’Etat à caractère administratif) qui avec son Géoportail, pourtant lancé début 2006, semble tout juste découvrir les vertus du partage de l'information géographique... En France, l'innovation numérique est bien du côté des collectivités, tandis que les paroles restent du côté de l'Etat.