Rénovation urbaine : Olivier Klein présente la démarche "Quartiers résilients"
Devant les acteurs de la rénovation urbaine réunis par l’Anru le 12 septembre 2022, Olivier Klein, ministre de la Ville, a présenté les contours de la démarche "Quartiers résilients" visant à amplifier l’"ambition environnementale" des 453 projets NPNRU. Avec un budget de 100 millions d’euros, l’Anru soutiendra de manière "renforcée" une cinquantaine de quartiers pilotes. Cette démarche, qui devrait irriguer également la préparation des futurs contrats de ville, serait la première étape du projet "Quartiers 2030" porté par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle.
"Le NPNRU [nouveau programme national de rénovation urbaine] est un outil pour la transition écologique, un outil pour que nos quartiers s’inscrivent dans une dynamique d’excellence environnementale." En clôture de la première journée des rencontres organisées par l’Agence nationale de la rénovation urbaine (Anru), le 12 septembre 2022, Olivier Klein, ministre de la Ville et du Logement et ancien président de l’Anru, a annoncé le lancement de la démarche "Quartiers résilients" destinée à "décupler" l’"ambition environnementale de la rénovation urbaine" et à faire en sorte que les projets qui seront livrés dans plusieurs années "ne soient pas obsolètes face à l’urgence climatique".
Une revue des 453 projets NPNRU par les préfets
Portée par l’Anru, cette démarche comportera trois volets. Un volet d’outillage (formation, valorisation des bonnes pratiques, mise en réseau…), dans la continuité des actions de l’agence en la matière. Le deuxième volet consistera en "une revue de tous les projets existants en 2023, sous l’égide des préfets". Les préfets, "délégués territoriaux de l’Anru", devront "réexaminer" tous les projets sous le prisme de la résilience, "se poser les bonnes questions" – par exemple, "est-ce que la cour de l'école que l'on rénove peut être moins bitumée ?" – et "identifier les actions à conduire", détaille le ministre.
Une revue de projets qui devra s’inscrire dans le processus NPNRU - "nous avons collectivement un rythme à tenir", insiste Catherine Vautrin, présidente de l’Anru. "La quasi-totalité des 453 projets est aujourd’hui validée" et "les chantiers ont démarré dans près de 400 quartiers", avec "plus de 800 opérations d’ores et déjà achevées", précise le ministre.
Enfin, troisième volet de "Quartiers résilients", une cinquantaine de "territoires pilotes" bénéficieront d’une "action renforcée" de l’Anru – ingénierie, animation locale, investissements complémentaires... –, financée par "une enveloppe de 100 millions d’euros de l’Anru". Pris sur les 12 milliards déjà affectés au NPNRU, ces crédits "permettront d'orienter une partie des crédits restants (...) pour innover et expérimenter", précise l'entourage du ministre à l’AFP.
"Les projets Anru étaient déjà vertueux", met en avant l’ancien président de l’Anru, citant une étude du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) selon laquelle les ménages des quartiers concernés pourraient économiser 100 millions d’euros par an grâce aux réhabilitations et aux constructions de logements neufs. "La résilience, la sobriété énergétique, ce n’est pas une découverte à l’Anru", souligne également Catherine Vautrin, qui rappelle que des objectifs de développement durable avaient été assignés à l’agence dès sa création.
A l’heure où la sobriété énergétique mobilise le gouvernement, Olivier Klein estime qu’il est possible d’"aller plus loin" pour "que l’on trouve dans ces quartiers les meilleures innovations en matière de végétalisation, de récupération des eaux usées, de chauffage performant…" Le projet "Quartiers résilients" concernera aussi les aspects de santé, de lutte contre la pollution et de promotion de l’activité physique pour chacun. L’ancien maire de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) appelle tous les acteurs – "élus, bailleurs sociaux, entreprises, opérateurs…" – à s’engager dans cette démarche.
D’autres "étapes" à venir dans le cadre de "Quartiers 2030" ?
Mobilisation qui pourra se faire également dans le cadre de la préparation des nouveaux contrats de ville. Au passage, le ministre a promis un assouplissement du cadre des contrats de ville et de celui de la participation citoyenne, conformément aux demandes qui s’étaient exprimées (voir notre article). La démarche "Quartiers résilients" pourrait être la "première étape d’un projet plus vaste et plus ambitieux", le projet "Quartiers 2030" que le président-candidat appelait de ses vœux. Quatre grandes priorités avaient été citées par Emmanuel Macron pendant la campagne : la jeunesse, la rénovation urbaine et l’habitat, la sécurité et l’économie (voir notre article).
Si l’articulation entre transition écologique, cohésion sociale et développement local était au cœur de cette première journée d’échanges organisée par l’Anru, quelques voix se sont fait entendre pour rappeler que l’attractivité de ces quartiers dépendait peut-être avant tout de quelques grands sujets que sont la sécurité, la lutte contre le trafic de drogue – "ce sont des économies réelles" faisant vivre "des centaines et des centaines de familles", met en avant Stéphane Beaudet, maire d’Évry-Courcouronnes et président de l’Amif (Association des maires d’Ile-de-France), qui mentionne également "le sujet résurgent de la prostitution dans les quartiers" –, mais aussi l’éducation et l’emploi. Stéphane Beaudet comme Bruno Arcadipane, président de Action Logement Groupe, estiment que la création d’activités et le soutien à l’entrepreneuriat dans les quartiers sont décisifs. A ce sujet, la Banque des Territoires soutient les "Quartiers fertiles" (voir notre article) et finance dans les quartiers le développement de projets "réplicables", par exemple avec le programme "100 foncières" (voir notre article) qui vise à "recycler en pied d’immeuble jusqu’à 6.000 commerces" notamment dans les QPV, explique Kosta Kastrinidis, directeur des prêts de la Banque des Territoires.
Autre sujet incontournable pour le ministre de la Ville comme pour l’ensemble du gouvernement : l’inflation. "L’État doit se saisir des surcoûts des opérations Anru", juge Johanna Rolland, maire de Nantes. Estimant que "les nouvelles réglementations thermiques vont venir aggraver la facture", la présidente de France urbaine a appelé à un "new deal" et à un renforcement des moyens d’Action Logement. "Je crois qu’il y a un peu pérennité devant nous", répond Bruno Arcadipane, qui rappelle que, dans la rallonge de 2 milliards d’euros annoncée par l’ancien Premier ministre Jean Castex en janvier 2021, "1,4 milliard d’euros venaient d’Action Logement".
Les habitants des quartiers populaires "ont droit au beau, au juste et au durable", a répété le ministre de la Ville ce 12 septembre 2022. Diffusé à l’occasion des rencontres de l’Anru, un sondage d’Harris Interactive confirme que les habitants des QPV attendent majoritairement des améliorations dans leur quartier, en particulier sur le logement (84% des habitants de QPV sondés, contre 72% parmi l’ensemble des Français) et les espaces publics (83% contre 75%). Après une crise sanitaire et ses conséquences – confinement, télétravail… – qui ont été moins bien vécues dans les quartiers, les épisodes de chaleur de cet été ont été également plus durement ressentis puisque 70% des habitants des QPV interrogés ont indiqué que les températures intérieures étaient parfois trop élevées dans leur logement (contre 56% parmi les Français dans leur ensemble). Et, sans surprise, les habitants des quartiers populaires "redoutent également davantage l’impact de la hausse des prix de l’énergie sur leur capacité à se chauffer (72% dans les QPV contre 65% dans la population générale) et à se déplacer (64% contre 56%)". |