Records de fréquentation pour le train en 2023 malgré le prix et une ponctualité dégradée, selon l'ART
La fréquentation des trains a encore augmenté de 5% en 2023 par rapport à 2022, confirmant l'appétit grandissant des Français pour ce moyen de transport, malgré une ponctualité qui se dégrade et des prix qui augmentent, selon un rapport de l'Autorité de régulation des transports (ART) publié ce 17 décembre.
Dans un nouveau rapport sur le marché français du transport ferroviaire publié ce 17 décembre, l'Autorité de régulation des transports (ART) a confirmé l'attrait grandissant pour le train, présenté dans un bilan provisoire en juin dernier (lire notre article). "Le train est le seul mode de transport ayant dépassé dès 2023 son niveau de fréquentation d'avant-crise (du Covid-19) en France", affirme ainsi l'ART, précisant que la part de voyages réalisés en train augmente (10,4%) au détriment de la voiture et de l'avion sur les liaisons domestiques.
Succès des TER
La fréquentation des trains a augmenté de 5% l'an dernier. Par rapport à 2019, celle des trains régionaux (TER) et Intercités a bondi de 21%. Toutes les régions ont connu une hausse de la fréquentation des TER en 2023, allant jusqu'à plus de 10% en Bretagne, dans les Pays de la Loire et en Occitanie. Ce surcroît de voyageurs s’est accompagné d’une hausse des taux d’occupation des trains (de plus de 5 points en Occitanie et en Normandie). "La fréquentation des abonnés explique notablement la forte hausse pour ces régions, même si le poids des non abonnés y reste prépondérant et atteint plus de 70 % pour plusieurs régions", indique l'ART.
Les revenus des activités TER ont suivi la hausse de fréquentation. "Cela résulte de l’augmentation de 6% à 14% de recettes par train.km (en euros constants) pour la plupart des régions", relève le rapport. Les charges d’exploitation des activités TER ont, elles, fortement augmenté (+7%) en dépit de la baisse de l'offre effective, du fait de la hausse à la fois des dépenses d’énergie (+38 % par train.km en moyenne) et des autres charges d'exploitation. "Ces dernières montrent toujours de fortes disparités entre régions", souligne au passage l'ART. Les taux de régularité et de ponctualité des services TER se sont par contre dégradés dans 10 régions sur 11, en particulier en Nouvelle-Aquitaine.
Ile-de-France : les services Transilien-RER à la peine
La fréquentation des services Transilien-RER en Île-de-France a, elle, chuté de 6% depuis 2019, parallèlement à la forte baisse de l’offre (-7%) constatée sur la même période. En 2023, l’offre et la fréquentation des transports ferroviaires franciliens sont restées inférieures à leur niveau de 2019 pour la quasi-totalité des lignes à l’exception, côté fréquentation, du transilien R, qui enregistre une hausse de 3 % des passagers.km, et côté offre, du RER A (avec une hausse de 2 % en trains.km et sièges.km).
L'an dernier, le taux de réalisation* de l'offre des services Transilien et RER a reculé de deux points par rapport à 2022, conséquence d’une hausse des déprogrammations. Le taux de ponctualité s’est également dégradé d’un point. La majorité des lignes sont touchées par ces deux baisses.
TGV : plus de voyageurs mais moins de trains
La fréquentation du TGV s'est appréciée de 6%. Il y a pourtant moins de trains qu'il y a cinq ans puisque la SNCF s'est délestée de près de 40 TGV entre-temps, même si les trains actuels offrent plus de places que les anciens. Les TGV sont donc de plus en plus pleins, avec un taux d'occupation record atteignant 77% en 2023. Pourtant, le prix du voyage à grande vitesse ne cesse d'augmenter, notamment les services à bas coût comme le Ouigo.
L'année dernière, les prix ont augmenté de 10% sur ce type de service, tandis que le prix du TGV classique s'est apprécié de 6%. Ces hausses de prix, combinées à un meilleur remplissage des rames, ont permis à la SNCF d'augmenter ses revenus "qui retrouvent leur niveau de 2019", constate le rapport.
"La qualité de service de l'offre ferroviaire s'est de nouveau dégradée en 2023", pointe également l'ART. Non seulement il y a eu moins de trains programmés, mais les grèves contre la réforme des retraites et les intempéries - qui touchent surtout les TER -, ont fait chuter la ponctualité. "Le nombre de trains ayant effectivement circulé et arrivant à l'heure à leur terminus par rapport au nombre de trains prévus" est ainsi passé de 81% en 2022 à 78% l'année dernière. En cinq ans, l'offre de trains à grande vitesse a également diminué de 15% en raison de la mise au rebut de plusieurs rames.
L'état du réseau, éternel point noir
A l'inverse du transport de voyageurs, le fret ferroviaire a lui connu une année noire en 2023 avec une chute de 17% des marchandises transportées. La part du ferroviaire dans le transport de marchandises s'est donc encore dégradée, passant sous les 9%, loin de la moyenne européenne.
Enfin, l'ART alerte sur l'état du réseau. Si les investissements d'entretien ont augmenté en 2023, ils restent inférieurs aux niveaux de 2019 et permettent simplement de stabiliser l'âge de l'infrastructure (28,4 ans), sans la renouveler.
*Ratio du nombre de circulations effectives (différentiel circulations programmées – déprogrammations – annulations) par rapport aux circulations programmées.